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Afrique du Sud: Le chômage, ce phénomène qui tient en otage la nation arc-en-ciel

.-Par Abdelghani AOUIFIA-.

Johannesburg – Officiellement estimé à 27,2 pc de la population active du pays, le chômage ne cesse de s’aggraver en Afrique du Sud, remettant en question les politiques mises en œuvre dans cette jeune nation d’Afrique australe depuis son émancipation de l’emprise de l’apartheid il y a plus de deux décennies.
Les autorités sud-africaines sont de plus en plus conscientes de l’ampleur du problème qui menace, de l’avis même du gouvernement conduit par l’African National Congress (ANC), la stabilité du pays.
Le président Cyril Ramaphosa, porté à la chefferie de l’ANC en décembre 2017 et à la magistrature suprême en février dernier, a convoqué une conférence nationale, qui aura lieu jeudi et vendredi, pour débattre de cette question.
Le chef de l’Etat veut faire de ce conclave une occasion pour les différents acteurs politiques et économiques de s’accorder sur une stratégie capable de rendre l’espoir à des millions de jeunes Sud-Africains, qui vivent toujours dans l’exclusion et la précarité contrairement aux promesses des pères fondateurs de l’Afrique du Sud libre.
Dans son premier discours à la Nation, Ramaphosa a souligné que ce sommet, qui fait partie d’un package de mesures visant la redynamisation de l’économie et la promotion des investissements, sera l’occasion de mettre en synergie les efforts de tous les secteurs, vers «l’impératif commun de créer des emplois».
La conférence sur l’emploi intervient, en effet, dans une conjoncture économique et politique très sensible aussi bien pour le pays que pour l’ANC.
Le cadre économique global du pays ne cesse de se détériorer avec une entrée en récession au deuxième trimestre de 2018. Cette récession, la deuxième depuis celle de 2008, paraît grave car elle intervient dans un contexte de ralentissement qui dure depuis plus d’une décennie.
Depuis 2008, l’économie sud-africaine n’a pu croitre de plus de 2 pc, en dépit de plusieurs plans de relance et d’un programme national de développement, annoncée en 2012, comme une feuille de route qui devait ramener le chômage à moins de 6 pc à l’horizon 2030.
La commission chargée du pilotage de ce plan a indiqué cette semaine que l’objectif de 6 pc de chômage n’est plus réaliste au regard des difficultés que le pays connaît.
Sur le plan politique, l’ANC se trouve dans une situation peu confortable, marquée par un affaiblissement de sa popularité à l’approche des élections générales de 2019.
Un sondage, publié la semaine dernière, a montré que la popularité de l’ANC a subi de sérieux revers durant les derniers mois, en raison notamment de l’incapacité du gouvernement de régler les problèmes socio-économiques dont souffre l’Afrique du Sud.
D’après l’étude réalisée par l’Institut pour les relations entre les races (IRR), seulement 52 pc des adultes Sud-Africains soutiennent l’ANC.
Il s’agit d’une forte baisse pour une formation habituée à des victoires faciles dans toutes les opérations électorales qui se sont déroulées dans le pays depuis la fin de l’apartheid.
La désaffection est de plus en plus palpable parmi les jeunes sud-africains qui n’ont pas connu d’autres partis au pouvoir.
L’étude de l’IRR montre, dans ce contexte, que l’actuel environnement social en Afrique du Sud offre le terrain fertile pour la montée en puissance de la rhétorique populiste représentée par le parti de l’Economic Freedom Fighters, une formation d’extrême gauche conduite par Julius Malema, ancien chef de la jeunesse de l’ANC.
Par ailleurs, dans les rangs de la communauté économique on estime que le pays se trouve à la croisée des chemins. L’actuelle situation économique et sociale menace d’exploser et porter atteinte à la stabilité déjà fragile dans le pays.
Le centre pour le développement et l’entreprise (CDE) souligne, dans ce contexte, que «l’heure de vérité a sonné» pour l’ANC, qui doit tout mettre en œuvre pour régler les déficits sociaux dont souffre le pays.
La conférence sur l’emploi «est un rendez-vous à ne pas rater», a dit le centre, appelant le gouvernement à s’attaquer aux véritables obstacles qui entravent la reprise économique génératrice d’emplois.
«Plusieurs stratégies, approches et conférences n’ont pas réussi à régler ce problème», a déploré Anne Bernstein, directrice exécutive du centre, citant notamment l’échec du programme national de développement.
L’aggravation du chômage est la source de tous les risques, a dit la chercheuse, soulignant que le chômage aggrave les autres déficits dont souffrent le pays, en particulier la pauvreté et les disparités sociales, autant de problèmes toujours aussi criards dans le pays depuis la fin du régime de la ségrégation raciale.
Les analystes et les agences internationales de notation estiment que seules des réformes structurelles bien ciblées sont à même de permettre de réduire le chômage dans les rangs d’une main d’œuvre en majorité non-qualifiée.
Ce fléau ne sera réduit que si les dirigeants politiques reconnaissent la gravité de la crise, indique Mme Bernstein, soulignant que les actuelles approches «n’ont aucune chance de réussite dans le contexte actuel de marasme économique et politique enraciné».

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