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Agriculture : 3 questions à l’universitaire M.Chater

Casablanca – Dans son discours prononcé vendredi dernier en ouverture de la session parlementaire, SM le Roi Mohammed VI a relevé l’importance qui doit être accordée à l’agriculture et au développement rural dans la dynamique de relance économique.

Le secteur fait ainsi son grand retour au centre du discours politique et du débat public sur la relance de l’économie nationale. C’est dans ce cadre que le professeur de l’enseignement supérieur à l’Institut national de statistique et d’économie appliquée (INSEA), Mohamed Chater, analyse, lors d’une interview accordée à la MAP, les enjeux du développement de l’agriculture, un secteur clé pour la relance de l’économie.

1. Dans le contexte de la crise actuelle, est-ce que nous assistons à un retour aux fondamentaux historiques de l’économie marocaine comme pays essentiellement agricole?

Nous sommes dans une voie de progrès et de développement. Celui-ci a besoin de plusieurs leviers. L’agriculture est un levier important que ce soit pour pourvoir les marchés alimentaires ou fournir à l’industrie agro-alimentaire les intrants de qualité pour élargir l’espace productif et améliorer la compétitivité du secteur.

Les fondamentaux actuels de l’économie marocaine doivent tenir compte des évolutions actuels du commerce mondial qui a montré justement certaines crispations sur les marchés des produits agricoles. Avoir une agriculture performante est un gage de d’autonomie nutritive et de performance commerciale.

Évidemment, le développement agricole est soumis aujourd’hui à la pression des facteurs de changement qui sont le réchauffement climatique et la révolution digitale. Cela signifie que la performance agricole passe nécessairement par la résolution de la problématique du stress hydrique et l’incorporation des nouvelles technologies. N’oublions pas de rappeler que le développement agricole est une nécessité impérieuse dans la mesure où le revenu agricole fait vivre de manière directe ou indirecte les deux tiers de la population.

2. Cela risque-t-il d’affecter les autres stratégies industrielles sectorielles, qui sont montées en puissance au cours de ces dernières années?

Nullement. La stratégie agricole ne présente aucune incompatibilité avec le développement industriel. L’agriculture bénéficie systématiquement de la productivité industrielle (intrants chimique, outillage et mécanisation…) et l’industrie trouve dans l’agriculture des sources de production diversifiées et des sources de revenu (logistique).

Il y a donc complémentarité du secteur agricole avec les branches industrielles. Encore mieux, le développement des nouvelles technologies fait usage de plus en plus des produits de la nature pour concevoir de nouveaux produits.

3. Quelles pourraient être les nouvelles filières de valorisation de la production agricole?

Évidemment, les nouvelles filières agricoles à développer doivent tenir compte des ressources en eau du pays. Il faut donc encourager les filières qui ont une empreinte d’eau réduite, le cas échéant introduire de nouvelles germes ou variété dans ce but. Les biens pour lesquels nous avons un avantage naturel dû au climat et à la géographie, à titre d’exemple, l’argan, le cactus ou la rose qui doivent être développés dans le but d’alimenter de nouvelles filières du secteur alimentaire.

L’élevage est aussi soumis aux mêmes contraintes. Une stratégie conséquente en la matière participera à la croissance de la production de ce secteur et surtout contribuera à la création et au développement de nouvelles filières agroalimentaires notamment les laitages et fromages.

Voir aussi:

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Youness AKRIM

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Hassnaa EL AKKANI

Revue de la presse économique hebdomadaire

Salma EL BADAOUI