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Agriculture : la success-story d’un secteur en marche

Casablanca, Reconnue comme étant un secteur-clé pour la relance de l’économie marocaine, l’agriculture a joué un rôle central dans la sécurité alimentaire et la vitalité économique du territoire dans le contexte de la crise liée à la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19).

Tout au long de cette crise inédite et dévastatrice de par ses lourdes conséquences économiques et sociales, ce secteur, également pénalisé par le déficit pluviométrique, a démontré sa résilience et sa capacité à assurer un approvisionnement continu et régulier du marché national en produits agroalimentaires.

Ainsi, l’agriculture est visée de manière particulière pour être la locomotive de la relance de l’économie nationale eu égard son impact direct sur le développement du monde rural qui représente plus de 48% de la population totale.

“La priorité donnée à l’agriculture dans le discours royal représente les prémisses d’un modèle de développement équilibré dans lequel le rural et l’urbain forment un tout cohérent”, a relevé le vice-Doyen chargé de la Recherche & Coopération à l’Université Hassan II de Casablanca, Salah Koubaa, dans une déclaration à la MAP.

Pour renforcer les acquis et capitaliser sur l’expérience du Plan Maroc Vert (PMV) qui a permis de métamorphoser l’agriculture marocaine, la nouvelle stratégie “Génération Green 2020-2030” a été lancée, a souligné M.Koubaa.

Il s’agit d’une stratégie de consolidation avec un focus particulier sur “la création de nouvelles activités génératrices d’emplois et de revenus notamment en faveur des jeunes en milieu rural”, note l’économiste, estimant que la finalité ultime est de permettre l’émergence d’une classe moyenne agricole qui constituera à terme le fer de lance de développement rural du Maroc.

Ladite stratégie traduit un changement de paradigme qui désormais se base sur la vision globale et la cohérence de ses composantes, avec focus sur l’agriculture moderne et celle solidaire.

“Les orientations du Souverain visent à promouvoir la petite entreprise agricole en permettant aux jeunes du monde rural d’entreprendre dans un écosystème agricole non-inhibiteur”, relève M.Koubaa, appelant à la nécessité de mobiliser les ressources disponibles notamment les terres collectives qui doivent sortir de leur léthargie.

Certes, il s’agit d’un chantier complexe, par l’histoire et les interactions des différents intervenants, mais prometteur en termes de ressources, a fait remarquer le vice-doyen, estimant que le gouvernement doit légiférer et jouer son rôle de mobilisateur de toutes les ressources en léthargie notamment les millions d’hectares des terres collectives.

“Permettre aux ménages du rural d’accéder à la propriété foncière va certainement entrainer des effets de prospérité partagés”, a-t-il noté, relevant la nécessité de réfléchir sur de nouvelles formes organisationnelles des exploitations agricoles au Maroc qui tiennent compte des particularités des terres collectives.

Et de conclure que le Fonds Mohammed VI pour l’investissement créé par le Souverain est un modèle de par son mode de bonne gouvernance, de gestion, d’efficience et de transparence.

Doté de 15 milliards de DH, le Fonds va permettre de booster les principaux domaines de l’économie nationale, dont l’agriculture.

Entre 2008 et 2018, l’investissement privé dans le secteur agricole a atteint 67 milliards de dirhams (MMDH). Le PIB de la branche agricole a évolué de 77 MMDH pour atteindre 125 MMDH. Les exportations sont passées de 15,2 MMDH à environ 22 MMDH. 38% du total des emplois sont dans l’agriculture et 73% de l’emploi rural.

Ambitionnant l’essor d’une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs agricoles, “Génération Green 2020-2030” a pour objectifs de baisser le taux de chômage avec la création de 350.000 postes d’emplois en milieu rural au profit des jeunes, la mobilisation et la valorisation d’un million d’hectares de terres collectives, outre la mise à disposition du secteur de moyens modernes.

Œuvrant à l’émergence d’une nouvelle génération de classe moyenne agricole (350.000 à 400.000 ménages), ce successeur du PMV vise l’amélioration des revenus des agriculteurs, la généralisation de l’assurance agricole et la mise en place d’un cadre spécial pour l’agriculteur lui permettant de bénéficier des services de protection sociale.

Il prévoit également la consolidation des filières agricoles avec la multiplication de la valeur des exportations marocaines pour atteindre 50 à 60 MMDH et le PIB agricole pour atteindre 200 à 250 MMDH à l’horizon 2030 ainsi que l’amélioration des process de distribution des produits à travers la modernisation de 12 marchés de gros et des marchés traditionnels.

De même, cette nouvelle stratégie, qui s’étale jusqu’en 2030, vise le renforcement de la résilience et la durabilité du développement agricole, ainsi que l’amélioration de la qualité et de la capacité d’innovation, prévoyant dans ce cadre l’octroi d’autorisation à 120 abattoirs modernes et le renforcement du contrôle sanitaire.

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