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Assemblées annuelles de la BAD : Trois questions au DG de la Banque pour l’Afrique du Nord, Mohamed El Azizi

Propos recueillis par Malika Mojahid.

Le Maroc s’est positionné comme leader mondial en matière des énergies renouvelables, grâce à une vision claire et déterminée et une stratégie énergétique ambitieuse. Le directeur général de la Banque pour l’Afrique du Nord, Mohamed El Azizi, revient, dans un entretien accordé à la MAP en marge des assemblées annuelles de la BAD qui se tiennent à Charm El Cheikh, sur ce leadership du Maroc, la mobilisation des investissements privés en faveur du climat et les perspectives de croissance.

1. Le Maroc est devenu un exemple en Afrique et un acteur régional et mondial incontournable en matière notamment des énergies renouvelables. Quelle est votre lecture de ce leadership ?

Le Maroc possède une politique de transition énergétique ambitieuse et investit massivement dans le domaine des énergies renouvelables. Pour répondre à des besoins énergétiques croissants, les pays africains renforcent leurs capacités de production et diversifient leur mix énergétique.

Dans ce contexte, le Maroc ambitionne de porter à 52% la part du renouvelable dans son mix énergétique en 2030 en optant pour une transition centrée sur le renouvelable. L’objectif du Royaume est d’installer des capacités additionnelles de production d’électricité de 6.000 mégawatts de sources éolienne, hydraulique et solaire.

Avec le complexe Noor, le Maroc possède l’un des plus grands parcs solaires au monde. Dès 2009, la Banque africaine de développement était le tout premier contributeur financier du projet, structuré selon une approche de partenariat public-privé.

Noor Ouarzazate a impulsé une dynamique de création d’emplois et a profité aux entreprises locales. Modèle de développement durable, le complexe contribue à la transition énergétique de l’Afrique.

Un partenariat est mis en place pour faciliter le partage de l’expérience du Maroc avec les autres pays africains, notamment dans le cadre de la stratégie “Desert to Power” qui est déployée pour les pays du Sahel.

2. Au niveau régional, comment mobiliser les financements privés pour accélérer une croissance verte ?

Les gouvernements africains ayant une faible marge de manœuvre budgétaire – en raison de ce qu’on qualifie des 3C : Crise géopolitique, Climat et impact de la pandémie de Covid-19–, il est donc nécessaire de trouver des moyens innovants pour attirer les investissements du secteur privé, à l’instar du partenariat entre la Banque africaine de développement, Africa50 et le Forum africain des investisseurs souverains conclu en juin 2022 à Rabat pour développer des projets d’infrastructures vertes et résilientes au changement climatique dans toute l’Afrique.

C’est une étape importante pour accroître l’effet de levier des investissements et pour rassurer les investisseurs internationaux désireux d’investir en Afrique. Les actifs gérés par les investisseurs institutionnels africains, notamment les fonds souverains, les fonds de pension et les compagnies d’assurance, sont estimés à plus de 2.000 milliards de dollars.

Afin de progresser vers la croissance verte, les gouvernements nord-africains, les investisseurs privés étrangers et nationaux, les banques multilatérales de développement et les institutions de financement du développement doivent travailler ensemble.

L’utilisation d’instruments et de mécanismes de financement innovants sera nécessaire pour mobiliser des financements du secteur privé tels que l’émission d’obligations sociales, vertes ou liées à la soutenabilité, l’implémentation de marchés du carbone ou les annulations de dette en échange d’actions en faveur du climat.

3. Quelles sont les perspectives économiques pour l’Afrique du Nord, et en particulier au Maroc ?

En 2022, les économies nord-africaines ont connu une croissance économique modérée de 4,1%, contre 5,4% en 2021. Après les importantes perturbations socio-économiques liées à la pandémie de COVID-19 en 2020, les retombées du conflit russo-ukrainien sur les prix de l’énergie et des produits alimentaires en 2022, les situations de stress hydrique et le resserrement de la situation financière mondiale ont entraîné des défis supplémentaires.

Cependant, les perspectives macroéconomiques restent positives et supérieures à la moyenne africaine. La région devrait connaître une croissance de 4,6% en 2023 et de 4,4% en 2024, avec des disparités entre les pays.

L’amélioration de l’environnement économique mondial, y compris la structure des échanges, le tourisme et les flux d’investissement direct étranger, devrait influencer positivement la position extérieure de la région.

Pour le Maroc, les perspectives économiques à moyen terme sont positives après la grave sécheresse de 2021-2022 et la flambée des prix des matières premières à l’échelle mondiale. En effet, la croissance du PIB devrait s’accélérer pour atteindre 3,3% en 2023-2024, tirée par une reprise de la valeur ajoutée agricole.

Les pressions inflationnistes devraient s’atténuer à 5,4% en 2023, grâce à une meilleure production agricole et à la politique adéquate mise en place dans le pays pour limiter l’impact de la hausse des prix, notamment pour les populations les plus vulnérables.

Le déficit budgétaire devrait ralentir, mais à un rythme lent (projeté à 5,3% du PIB en 2023), compte tenu des réformes en cours de la sécurité sociale qui visent à fournir une couverture médicale à près de 22 millions de Marocains d’ici 2025.

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