À LA UNE

Asset management: quel rôle dans la relance post-Covid?

Casablanca – Avec un encours global dépassant actuellement les 500 milliards de dirhams (MMDH), géré par 17 sociétés de gestion, l’industrie de l’Asset management au Maroc, ou la gestion d’actifs, s’est imposée, en l’espace de deux décennies d’existence, en tant qu’acteur majeur dans le financement de l’économie nationale. Dans ce contexte de crise et afin d’accompagner la relance économique, ce rôle est, logiquement, appelé à se renforcer davantage.

D’après les données de l’Association des sociétés de gestion et Fonds d’investissement marocains (ASFIM), les actifs sous gestion représentent 41% du produit intérieur brut (PIB) et plus de 150% de l’épargne nationale brute l’année dernière, contre 120% en 2014. En 2019, d’après toujours la même source, les Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) constituent les premiers détenteurs des bons du Trésor émis par l’Etat avec plus du tiers des encours.

Ils ont également détenu, durant la même année, 60% de la dette émise par les entreprises privées. En effet, l’investissement des OPCVM dans les obligations privées a connu une croissance de plus de 46% sur les 5 dernières années, pour atteindre près de 138 MMDH à fin 2019.

Au niveau du marché boursier, l’investissement dans les valeurs cotées a connu une croissance de 87% sur les 5 dernières années pour atteindre plus de 44 MMDH. En 2019, les OPCVM détenaient 29% de la capitalisation flottante. De plus, 44% du volume des achats et 28% du volume des ventes enregistrés sur le marché central en 2019 était le fait des OPCVM.

“L’industrie de la gestion d’actifs est une source vitale de la croissance économique”, a indiqué à la MAP, Mohammed Belkasseh, consultant financier chez Arithmetica Advisory, relevant que cette industrie offre à ses clients l’accès à un assortiment d’instruments financiers et de marchés leur permettant de diversifier leurs portefeuilles tout en réalisant leurs objectifs de fructification du capital.

“Il s’agit d’une vraie stratégie de financement dont pourrait tirer parti notre pays au sortir de la crise du Covid-19”, affirme M. Belkasseh, également professeur à l’Ecole nationale de commerce et de gestion (ENCG) de Settat.

Et d’ajouter que cela renvoie d’une part à la nécessité, pour les gestionnaires d’actifs, d’accompagner le développement continu des secteurs à fort potentiel de croissance au niveau national, et d’autre part, au financement du déficit budgétaire supplémentaire causé par la crise sanitaire et la conjoncture économique globale y afférente.

Ainsi, de l’avis de M. Belkasseh, cela remet au grand jour la question de la mobilisation du cash disponible chez les épargnants en vue de raviver les échanges économiques dans un climat de confiance retrouvée. L’objectif serait de collecter un maximum d’épargne additionnel dans un contexte de baisse des taux d’intérêts où le marché de la dette privée classique n’est plus attractif.

Par ailleurs, l’expert a souligné que la nature de levier de la croissance économique que revêt l’industrie de la gestion d’actif explique sa propre résilience face aux crises économiques par le biais notamment de la diversification des classes d’actifs d’une part et d’autre part en référence au comportement des épargnants qui sont, par définition, averses au risque.

“Ledit rôle pourrait être mieux mis en relief dans le cadre des stratégies de financement/investissement à long terme permettant de mieux gérer les risques et optimiser les rendements subséquents”, a-t-il conclu.

Quels relais de croissance pour le secteur ?

Dans sa vision stratégique 2020-2030 qu’elle vient de rendre publique, l’ASFIM a préconisé un ensemble de mesures afin d’accompagner la montée en puissance de la place financière casablancaise et d’asseoir le caractère dynamique et novateur de l’industrie marocaine de la gestion d’actifs.

D’après l’organisation professionnelle représentant les gérants d’OPCVM, deux axes majeurs de développement sont apparus essentiels pour redynamiser le marché de l’Asset Management au Maroc. Le premier axe, à l’intérieur du pays, porte sur la collecte de l’épargne des particuliers qui représente un fort potentiel.

En effet, le patrimoine financier des ménages marocains s’est élevé, à fin 2019, à 826 MMDH, en progression de 4,2% par rapport à 2018. Ce patrimoine, dont la structure n’a pas changé depuis plus de dix ans, est composé à 83% de dépôts bancaires, alors que l’assurance vie ne représente que 10% et les titres financiers 7%. Les arbitrages des ménages pour parer à la baisse du rendement des produits bancaires classiques et à la rareté des opportunités dans l’immobilier semblent profiter à l’assurance-vie, dont l’encours a augmenté, en deux ans, de 10 MMDH pour s’établir à 83 MMDH à fin 2019.

Le deuxième axe, à l’extérieur du pays, concerne l’exploitation du gisement des opportunités de la gestion d’actifs au-delà des frontières qui passe par le positionnement du Maroc comme hub régional, plateforme d’export de l’offre marocaine de gestion d’actifs et tremplin pour les investisseurs étrangers qui souhaitent intégrer le marché africain ainsi que par la captation de l’épargne des investisseurs institutionnels étrangers et des particuliers non-résidents.

Voir aussi:

Hausse des investissements publics entre 2011 et 2019  

Naji

Le dirham se déprécie de 0,39% face au dollar

BCP: le 1er “Cercle Patrimonial” consacré aux évolutions réglementaires

Youness AKRIM