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Bancarisation: une baisse qui interpelle !

Par Youness Akrim

Casablanca – Quand la crise sanitaire s’est déclenchée début 2020 sans la moindre alerte, le système bancaire s’est vu confier un rôle central en matière d’accompagnement de ses usagers, Particuliers et Corporate. Or un léger recul du taux de bancarisation à 78% à fin juin 2020 interpelle sur la dynamique du recrutement de nouveaux clients auprès des banques de la place, d’autant plus que l’approche multicanale rend plus que jamais accessible l’ouverture d’un compte bancaire.

Il est révolu le temps où l’accès aux services bancaires a été pour le moins difficile. Les guichets bancaires ont fleuri partout au Royaume, permettant une hausse soutenable du taux de bancarisation au cours des dernières années, grâce à un recrutement de masse orchestré par des banques à vocation universelle.

Ce taux qui est passé de 76% à fin 2018 à 79% à fin 2019 avant de reculer à 78% en juin 2020 est un indicateur à surveiller minutieusement, dans la mesure où un accès universel au compte est considéré le premier pas vers une inclusion financière plus large, un objectif que s’est fixé la stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF).

Sans doute, le client marocain a l’embarras du choix en matière de packs bancaires qui s’adressent à tous les budgets et les catégories socio-professionnelles avec des options sur mesure et un accent accru sur le digital. Les formalités d’ouverture d’un compte ont été largement vulgarisées au point où le client peut désormais accéder à des formules riches en produits et services bancaires gratuits, rien qu’en ligne.

Une bonne densité (5600 habitants par guichet) combinée à une transformation digitale réussie devrait en principe maintenir le taux de bancarisation sur sa trajectoire haussière d’habitude, sauf que la crise sanitaire a bouleversé tous les paradigmes, où la fluctuation et l’incertitude sont les maître-mots de la situation.

Alors que 59,8% des ménages déclarent une dégradation de leur niveau de vie au cours de l’année 2020, selon le HCP, le besoin à des produits d’épargne devrait naturellement baisser, avec tout l’impact escompté sur le nombre de comptes bancaires ouverts. A cela s’ajoute une situation critique du marché de travail qui a connu en 2020 la perte de 432.000 postes d’emplois, sachant que l’exigence d’une attestation de RIB (relevé d’identité bancaire) par les employeurs booste indéniablement les entrées en relation bancaire.

Détenir un compte bancaire n’est plus à considérer comme un luxe ou un service accessoire, d’autant plus que la crise sanitaire a été révélatrice de l’importance de l’inclusion financière pour acheminer les aides vers les populations impactées avec toute la célérité qui s’impose en des temps si exceptionnels.

La mise en place de la SNIF bien avant l’ère Covid a permis indéniablement d’amortir le choc avec un système assez rodé pour cette épreuve, cependant l’heure est la mobilisation des acteurs publics et privés pour concrétiser pleinement la vision de la SNIF, celle d’assurer un accès équitable pour l’ensemble des individus et entreprises à des produits et services financiers formels) pour une utilisation adaptée à leurs besoins et à leurs moyens, afin de favoriser l’inclusion économique et sociale.

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Youness AKRIM