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Bourse: Small caps, grosses performances !

Casablanca- Depuis le début de cette année, plusieurs small caps (petites capitalisations) du marché Boursier marocain ont le vent en poupe, affichant des performances spectaculaires qui éclipsent celles des grandes capitalisations.

Au premier rang de ces valeurs, Fenie Brossette qui a vu son cours passer de 40,1 dirhams à fin 2020 à 140 dirhams à la clôture de la séance de lundi, soit un bond de 249,13%. La société spécialisée dans la commercialisation et la vente de fourniture, d’équipements, de produits et de services pour l’industrie, le bâtiment et les travaux publics a signé un plus haut à 186 dirhams le 4 novembre dernier.

Pour sa part, le cours de Stroc Industrie, spécialisé dans la conception, la construction et la maintenance d’équipements et d’installations industrielles et métalliques, a progressé de 83,41% en 2021.

Delattre Levivier Maroc, qui opère dans le domaine de la construction lourde, de la chaudronnerie et de la tuyauterie, affiche, quant à lui, une hausse de 74,14%. De même, Med Paper s’envole de 63,71%, Balima de 34,47%, Afric Industrie de 23,83% … Comment s’expliquent alors ces performances ?

“Habituellement, lors des périodes haussières du Masi, certaines petites capitalisations sont prisées par les petits porteurs notamment grâce à la possibilité d’être un market player avec de faibles volumes d’investissement. Ainsi, certains boursicoteurs spéculent sur ces valeurs, en misant sur un newsflow positif et/ou un redressement spectaculaire des bénéfices”, nous explique Farid Mezouar, le directeur exécutif de FL Markets (FLM).

Toutefois, dans l’échantillon présenté, a poursuivi M. Mezouar dans une déclaration à la MAP, “nous pouvons scinder entre les émetteurs dont les fondamentaux sont plutôt sains avec des perspectives raisonnables de redressement de ceux qui sont en difficulté avec des procédures judiciaires en cours”.

Ainsi, dans le premier cas, l’expert a cité Fenie Brossette dont le Résultat net part du Groupe (RNPG) au premier semestre de cette année est ressorti à 1,2 million de dirhams (MDH) contre un déficit de -19,1 MDH à la même période de 2020. De même, l’endettement consolidé au 30 juin s’est établi à 62 MDH contre 110 MDH, un an auparavant.

“Dans l’autre camp, nous retrouvons Delattre Levivier Maroc qui a été placé en 2021 en redressement judiciaire en lieu et place de la procédure de sauvegarde. Ainsi, certains boursicoteurs sont plutôt dans un état d’esprit de spéculation sur DLM, en misant sur une sortie de crise”, a relevé M. Mezouar

Et de noter que le cas de Balima peut être différent car “c’est une foncière en bonne santé et qui est très prisée. Ainsi, la hausse de son cours peut être justifiée au niveau fondamental”.

Pour l’expert financier, Kamal Zine, les small caps sont des titres volatiles. “Certes, certaines valeurs ont connu une hausse spectaculaire depuis le début de cette année, à l’exemple de Fenie Brossette, Med Paper, Stroc Industrie … Nous pouvons aussi comparer leurs cours aux niveaux affichés début 2018. Nous nous apercevrons alors que ces valeurs ont reculé de 16% à 28% selon le cas”.

Il s’agit donc d’un rattrapage, surtout dans un contexte où les principaux secteurs du Masi tels que les banques, les assurances, l’agroalimentaire, le pétrole et le gaz ont connu une hausse significative en 2021, a expliqué M. Zine.

De l’avis de l’expert, les investisseurs, surtout les particuliers, se sont repliés sur les small caps pour saisir un “potentiel inexploité”. Cependant, a-t-il noté, cette hausse vient aussi saluer certains efforts relatifs à la réduction de l’endettement et à l’amélioration des ventes de certaines valeurs comme Fenie Brossette.

Quid des perspectives ?

“L’heure de vérité est celle de l’annonce des résultats annuels de 2021 qui seront annoncés en mars 2022. Ainsi, les valeurs qui vont confirmer le rebond d’activité comme Fenie Brossette, sauf accident de parcours, vont certainement justifier la confiance des investisseurs. A l’inverse pour certaines valeurs et comme pour toute spéculation, le retour de manivelle peut être aussi violent que l’explosion des cours”, estime M. Mezouar.

Pour sa part, M. Zine juge qu’avec le contexte sanitaire local, régional et mondial, il est difficile de se projeter “avec certitude” sur les perspectives des small caps en 2022, d’autant plus que la communication de ces entreprises et leur couverture par les départements de recherche des banques “restent à renforcer”.

“Néanmoins, nous pouvons dire que ces valeurs sont amenées à consolider les bonnes performances affichées en 2021. Concrètement, une projection haussière du chiffre d’affaires sur le moyen terme, un désendettement structuré et une amélioration des résultats nets structurellement négatifs depuis plusieurs années permettraient aux small caps de s’inscrire dans une trajectoire de rentabilité et de rémunération stable et pérenne des actionnaires”, a-t-il précisé.

En outre, les small caps opèrent dans des secteurs qui bénéficieront d’investissements publics importants dans la loi de finance 2022, a soutenu M. Zine, rappelant que le montant des investissements publics prévus en 2022 est de 230 milliards de dirhams.

“Si ces entreprises arrivent à tirer profit des efforts de relance économique du gouvernement, elles pourraient renforcer leur développement sur le plan national et accroître graduellement leur taille afin de s’ouvrir sur des marchés à l’international”, a-t-il conclu.

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