À LA UNE

Chimie/Parachimie: 5 Questions au Pdt de la FCP

Casablanca – Le président de la Fédération de la chimie et de la parachimie (FCP), Abed Chagar, a accordé un entretien à la MAP dans lequel il analyse la situation du secteur des industries chimiques et parachimiques.

Également directeur général de Colorado, M. Chagar s’exprime sur la récente interdiction de la pratique de jetons de peinture, tout en rassurant que la capacité industrielle installée dans la peinture permet de répondre largement au besoin national et d’exporter.

1- Comment se porte le secteur de l’industrie chimique et parachimique au Maroc ? Quels en sont les différents compartiments ?

Le secteur de la chimie et de la parachimie compte plusieurs filières dont la peinture, les colorants et pigments, la pharma, la cosmétique, les engrais, les détergents, le phytosanitaire, le gaz industriel et médical, le verre et cristal, etc.

Le chiffre d’affaires global en 2018 (dernier chiffre consolidé) dépassait sensiblement les 90 milliards de dirhams (MMDH) avec plus de 80% de production industrielle, ce qui est en fait un des secteurs les plus importants à l’échelle de l’économie nationale. Hors OCP, le chiffre d’affaires total avoisine les 50 MMDH, réalisé par plusieurs filiales de multinationales, de grands groupes marocains ainsi que des centaines de PME et PMI.

C’est un secteur en développement constant malgré les contraintes réglementaires auxquelles il se trouve souvent confronté. L’investissement cumulé réalisé en 2018 était autour de 6,6 MMDH, permettant au Maroc d’être de plus en plus indépendant vis-à-vis des importations dans toutes les filières mentionnées précédemment.

2- L’économie marocaine a été impactée à des degrés différents par la crise sanitaire du Covid. Comment les entreprises du secteur ont-elles réagi face à cette situation si délicate?

A l’image de l’économie marocaine, toutes les entreprises du secteur ont été impactées de manière différente et à des degrés différents selon les filières. On trouve des entreprises qui ont été impactées négativement plus particulièrement dans la peinture et la pharma, pendant que d’autres s’en sont mieux sorties comme la détergence, le gaz, ..Toujours est-il, globalement, la majorité des entreprises ont montré une bonne résilience face à la crise et ont pu finir l’année 2020 avec de légères baisses, voire des hausses selon les filières. Phénomène qui s’est poursuivi en début 2021, sauf que la hausse généralisée du fret, des prix de matières premières et la pénurie dans certains cas est venue compromettre cette reprise, tant sur le chiffre d’affaires que sur les marges.

3- La R&D est un levier important pour l’industrie chimique et parachimique, comment voyez-vous l’implication des sociétés du secteur dans l’adoption et le développement de ce pilier dans leurs stratégies ?

Nous sommes un des secteurs industriels où la recherche appliquée a une place centrale. Souvent nos entreprises disposent de laboratoires internes de R&D, leurs processus opérationnels vont de la conception jusqu’à la commercialisation. Nous avons d’ailleurs dans ce cadre signé dernièrement une convention avec l’université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) pour développer, entre autres, une synergie sur la R&D, la création d’un cluster de la chimie, et nous sommes en train de finaliser une autre convention avec l’université Hassan II de Casablanca.

4- Quelles opportunités d’investissement dans le secteur de chimie et parachimie dans la phase post-covid ?

Les opportunités d’investissement existent et le potentiel de développement de toutes les filières est énorme. Nous restons malheureusement confrontés à trois contraintes majeures. La première est la réglementation : nos activités sont souvent régies par une réglementation peu souple, voire caduque et à une relation assez délicate avec l’administration responsable de la régulation de chaque filière. Nous avons entrepris ces dernières semaines pas mal de rencontres avec elle dans l’objectif d’installer un climat de confiance, de transparence et de responsabilité servant l’intérêt général et la création des richesses et de l’emploi.

Nous essayons aussi d’être une vraie force de proposition pour améliorer les choses. La Fédération, par exemple, prépare, en collaboration avec le ministère de l’industrie, une refonte globale de la réglementation des établissements classés qui devra rendre service pas seulement aux industriels et à l’investissement dans la chimie mais à tous les secteurs industriels.

Nous sommes aussi confrontés, pour plusieurs filières, à l’informel industriel ; de vraies unités industrielles illégales établies dans la banlieue des villes ou dans la campagne sans aucun respect des règles d’hygiène, de sécurité et avec de l’emploi précaire, de la contrefaçon,… Ces unités font de la concurrence déloyale par rapport à des structures organisées et les empêchent de se développer convenablement.

D’un autre côté, notre industrie manque de normes obligatoires garantissant la sécurité des consommateurs, la protection du marché national et des industriels locaux contre des importations anarchiques.

5- Le Maroc a procédé récemment à l’interdiction de la pratique de jetons de peinture. Comment ce chantier profitera-t-il aux industriels de peintures ?

Il s’agit d’une pratique qui, à la base, constituait une fidélisation des applicateurs, mais face à une concurrence rude dans le secteur, une enchère de la contrevaleur des jetons est venue dévier cette pratique. Le ministère de l’industrie a amené les industriels ainsi que les importateurs à arrêter cette pratique ainsi que toute autre pratique similaire. Cela permet certes d’assainir partiellement et à terme le secteur de la peinture, mais ne permet pas d’instaurer un climat de concurrence transparente tant que d’autres pratiques sévissent, comme l’absence de normes, l’importation sauvage, l’informel industriel, l’accompagnement des parties prenantes (applicateurs, revendeurs).

Je précise que la capacité industrielle installée dans la peinture permet de répondre largement au besoin national et d’exporter. Je rappelle aussi que la qualité des produits, en général, au Maroc est largement supérieure à celle de toute la région MENA. De même, le niveau d’expertise des peintres est reconnu au-delà des frontières et sont de vrais artistes et décorateurs, grâce à leur expérience et l’accompagnement que leur apportent les grandes entreprises depuis plusieurs années.

Voir aussi:

BKGR prévoit un maintien du taux directeur à 1,50%

Hassnaa EL AKKANI

Samsung lance son nouveau smartphone Galaxy A80

Conseil de la concurrence: mémorandum d’entente avec la Turquie

Salma EL BADAOUI