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Chômage: Le spectre de la crise est toujours là!

Par Maria Mouatadid.

Après avoir grimpé à deux chiffres au titre de l’année écoulée suite à la crise liée au nouveau coronavirus (covid-19), le chômage au Maroc poursuit sa “malheureuse” augmentation en ce début de 2021, dans l’attente d’une reprise tant espérée pour renverser la situation.

Cette augmentation est d’ailleurs confirmée par les récents chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP) qui font état d’une hausse du taux chômage de deux points à 12,5% entre les premiers trimestres de 2020 et 2021. Un taux qui grimpe significativement en milieu rural (5,3%) et urbain (17,1%).

Le déficit pluviométrique et la crise pandémique sont bel et bien les principaux facteurs ayant contribué à cette situation. C’est ce qu’a affirmé, dans une déclaration à la MAP, l’universitaire Smail Kabbaj, directeur de l’Ecole nationale de commerce et de gestion (ENCG) de Casablanca.

De l’avis de M. Kabbaj, cette crise a frappé de plein fouet plusieurs éléments qui influencent directement l’emploi.

Il s’agit principalement de la contraction économique ayant pour conséquence la croissance nettement plus faible du produit intérieur brut (PIB) et du rôle de l’Etat dans l’atténuation du poids de chômage, notamment celui des diplômés, via la création annuelle de postes dans les différents départements ministériels, a expliqué M. Kabbaj.

Il est aussi question du coût élevé subi par le commerce international (exportations et importations), suite aux fermetures répétées des frontières et au ralentissement des transactions internationales de façon générale, a-t-il ajouté.

Le directeur de l’ENCG-Casablanca a, parallèlement, soulevé l’effet, “certes habituel, mais non négligeable”, des “tueuses d’emplois”, en l’occurrence les nouvelles technologies qui créent aussi des emplois mais à une proportion plus faible qu’elles en détruisent.

“A toutes ces causes, il faut ajouter des raisons structurelles qui supposent un grand remaniement, comme la rigidité du Code du Travail, l’inadéquation entre l’offre et la demande et la réduction du temps de travail”, a relevé M. Kabbaj.

 

Les diplômés peinent davantage à décrocher un job …

Avec 19,8% au T1-2021, les diplômés figurent parmi les catégories de la population qui enregistrent les taux les plus élevés du chômage.

Un chiffre qui révèle les difficultés que rencontrent ces diplômés pour intégrer le monde professionnel. A l’heure actuelle, ces difficultés augmentent avec l’hésitation des entreprises à lancer des opérations de recrutement de taille en raison de l’incertitude de l’avenir.

Tel est le cas de Hind qui vient de décrocher son diplôme en économie et ambitionne entamer très prochainement l’aventure professionnelle. Désemparée, cette jeune femme de 25 ans vadrouille dans les sites de recherches d’emplois, comme plusieurs jeunes diplômés à travers le monde, dont l’avenir se heurte aux séquelles de la crise sanitaire déclenchée fin 2019.

“Trouver un travail aujourd’hui, avec de bonnes conditions, reste quasi-impossible. Il est devenu nécessaire de reconsidérer ses prétentions, y compris celles salariales”, a-t-elle déploré, faisant savoir qu’elle mise sur des entreprises qui opèrent dans des secteurs porteurs en ces temps de pandémie.

Les recherches de Hind pour l’heure restent infructueuses. En attendant, elle dépend financièrement de ses parents et doit ainsi retarder ses projets d’indépendance.

Dans ce sens, M. Kabbaj préconise d’agir sur la croissance économique pour réduire le chômage et atténuer ses conséquences, surtout sociales.

Cette croissance est possible aujourd’hui par le développement de l’entreprise et l’entrepreneuriat auprès des jeunes diplômés en leur assurant un cadre réglementaire, bancaire, de formation, d’assistance et en encourageant et stimulant l’aventure vers la création d’entreprise et la persévérance pour sa pérennité, a-t-il détaillé.

Pour se positionner sur le marché de l’emploi, l’adaptabilité et la réactivité professionnelles s’avèrent être des qualités prisées dans ce monde en pleine mutation. Il s’agit ainsi de développer les “soft skills” nécessaires à même de rester compétitif et se prémunir contre les incertitudes de l’avenir.

Parallèlement, bien que ce début d’année reste marqué par une forte présence de l’impact du covid-19, les prémisses d’un redressement de la tendance et ce, compte tenu des différentes mesures mises en place pour amorcer la relance, ainsi que des récentes pluies observées, laissent présager une très bonne campagne agricole.

Une embellie qui devrait également se confirmer et se renforcer davantage avec l’adoption de la politique nationale de l’environnement des affaires 2021-2025 qui vise, entre autres, à qualifier le capital humain, renforcer les mécanismes d’accompagnement des entreprises et intégrer le secteur informel.

Des objectifs qui ne pourront que contribuer considérablement à la création d’emplois durables et de qualité à même de résorber le chômage.

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