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– Par Zin El Abidine TAIMOURI –
Casablanca – La déconstruction des biais de genre dans le milieu professionnel, tel est le sacerdoce de Lamia Merzouki. Peu connue du grand public au regard de sa nature discrète, la Directrice générale adjointe de Casablanca Finance City (CFC) est pourtant une référence dans le milieu des affaires. Surtout lorsqu’il est question de monter au créneau pour défendre l’égalité de genre et le développement durable.
Tenue à bonne distance des débats clivants et stériles, l’engagement de cette diplômée de Harvard Business School n’a d’égal que son pragmatisme. Pour elle, la question de la femme ne peut être soluble sans l’implication effective des hommes. Et les hommes l’ont bien compris, puisque la fondatrice du Réseau We4She fédère aujourd’hui autour d’elle tout un écosystème de chefs d’entreprises.
Son sens de la diplomatie lui vaut également de porter haut la voix des femmes, marocaines et africaines, au-delà des frontières en siégeant au sein de plusieurs instances internationales. Panafricaniste engagée, Mme Merzouki jongle avec plusieurs casquettes sur le même cheval de bataille : briser le plafond de verre ! Son brio l’amène ainsi à endosser les missions d’ambassadrice de l’Initiative “Women Working For Change” et du prestigieux Africa CEO Forum.
Mais pour en arriver là, Mme Merzouki a dû gravir tous les échelons du monde de la finance. Lauréate de l’ESSEC Business School, la jeune étudiante s’installe aux États-Unis où elle décroche ses premiers galons au sein de la “Ivy League”. Elle débute ensuite sa carrière au cabinet Arthur Andersen à Paris avant de rentrer au bercail pour occuper le poste de Directeur stratégie et organisation à AKWA Group, dont elle devient membre du comité exécutif et administrateur d’une société cotée en Bourse.
C’est au cours de cette carrière riche de deux décennies qu’elle s’imprègne du fonctionnement de la structure corporative qui ne laisse que peu de chance aux femmes, aussi brillantes soient-elles. Aujourd’hui leader dans son domaine, Mme Merzouki a décidé d’agir pour les femmes marocaines via son Réseau We4She – littéralement “Nous pour elle” – dont elle est présidente-fondatrice.
We4She est une émanation du Africa CEO Forum, qui est un espace d’échange dédié aux dirigeants africains, et qui regroupe aujourd’hui les plus grandes entreprises du continent, explique-t-elle dans un entretien accordé à la MAP, à l’occasion de la Journée internationale des femmes.
Créé il y a un peu plus de trois ans, l’association intervient à point nommé pour contribuer à atténuer les séquelles de la “crise sanitaire qui n’a fait qu’aggraver les inégalités entre les hommes et les femmes déjà existantes”.
“Plusieurs paradoxes subsistent dans notre société qui allie, d’un côté, des réussites éclatantes de femmes brillantes, devenues emblématiques, et d’un autre, les laissées-pour-compte, des femmes marocaines en situation d’échec pratiquement chronique”, a relevé Mme Merzouki, qui est également co-Présidente du Réseau des Centres Financiers Verts (FC4S : Financial Center for Sustainability Network).
“On rencontre des femmes extraordinaires qui ont quelques fois juste besoin d’une impulsion, qui ont besoin de se faire confiance, qui ont besoin d’être ‘en capacité’ de réaliser leur projet, pour pouvoir s’accomplir sur un plan personnel et professionnel”, a-t-elle dit, affirmant que c’est à ce niveau que le Réseau souhaite intervenir.
Pour ce faire, Mme Merzouki a expliqué que We4She est pourvu d’une double vocation : l’amélioration de la représentativité des femmes à tous les niveaux de l’entreprise et la contribution au développement national à travers “l’empowerment” des femmes (l’autonomisation économique des femmes) conformément aux recommandations du Nouveau modèle de développement.
Ainsi, l’association a mis en place la 1ère charte entreprise du genre en Afrique comportant 4 principaux axes qui s’articulent autour de la mixité dans le recrutement, l’équité de rémunération, la mixité du management et du comité exécutif ainsi que la mixité du Conseil d’Administration. Cette Charte signée récemment par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) séduit d’ores et déjà un certain nombre de décideurs.
L’objectif étant d’encourager un engagement volontaire des patrons dans le sillage de la dynamique enclenchée par l’amendement, en juillet 2021, de la loi n°19-20 sur les Sociétés anonymes (SA) relative à l’application du principe de parité au niveau des Conseils d’administration (CA), poursuit Mme Merzouki, notant que la mise en œuvre de ces initiatives provoquerait un effet de ruissellement sur l’ensemble des strates de l’organisation.
Sur le plan opérationnel, Mme Merzouki compte sur la mobilisation de ses membres d’ici et d’ailleurs, prêtes à partager leurs compétences, et des entreprises marocaines, animées par cette fibre responsable, pour fédérer leur collaborateur et collaboratrice autour de cette cause au profit des différentes associations féminines marocaines qui auront exprimé leurs besoins.
“Notre ambition est d’aider le plus grand nombre de femmes marocaines (issues du monde des affaires urbain et rural) en leur proposant notre expertise, notre réseau, ainsi que d’accompagner les nouvelles générations de femmes en les aidant à intégrer/réintégrer le marché du travail et/ou d’améliorer leurs opportunités d’évolution professionnelle, notamment auprès des populations moins privilégiées”, a-t-elle assuré.
Plus que jamais déterminée à s’atteler à sa cause de prédilection, dont elle estime “qu’il reste beaucoup à faire”, Mme Merzouki espère, à la fois à travers We4She et le FC4S, “apporter une contribution juste et durable dans ce monde en pleine mutation”. A suivre …