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Economie/Industrie: Une résilience de taille !

Par: Samia Boufous.

Casablanca– L’industrie nationale, portée par ses différents secteurs, lesquels axés sur une panoplie d’écosystèmes, a réussi, durant cette période de crise liée à la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19), à démontrer plus que jamais sa capacité à résister aux chocs et s’en relever encore plus fort.

Le raz-de-marée lié à cette crise inédite aurait impacté le tissu économique dans son ensemble certes, mais si on essayait pour une fois de sortir de cette vision de “rouleau compresseur”, peut-on dire que le Maroc a été suffisamment résilient ? Tour d’horizon.

L’économie nationale a parfaitement fait preuve de réponse industrielle en termes de réactivité lors de la pandémie. Il y a une année de là, moult usines de textile se sont comme par magie reconvertis pour la confection de masques et de visières, le temps où plusieurs compétences marocaines en aéronautique se sont lancées dans la production de cinq cents respirateurs artificiels “100% made in Morocco”. Une première au pays !

D’ailleurs, le ministre de l’Industrie, du commerce, de l’économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy l’avait si bien déclamé en début de crise. ” Si nous réalisons des respirateurs, des lits de réanimation, des kits de test et de prélèvement en quelques semaines, imaginez ce que nous pourrions faire sur la durée ?”.

Il faut aussi dire qu’en pleine crise, les perspectives ont été extrêmement intéressantes pour le secteur de l’aéronautique qui a enregistré une extension de l’activité, notamment à travers la présence industrielle du groupe le Piston Français (LPF) au Maroc ou encore la reprise de l’activité de Bombardier au Maroc par Spirit Aerosystems, le leader mondial de la fabrication des aérostructures pour l’aviation civile et militaire, ce qui n’est pas du tout négligeable.

Il en va de même pour les industries agricoles et alimentaires (IAA) qui n’ont cessé de prouver leur forte résilience en matière de production, de valorisation et d’approvisionnement des marchés en produits agricoles et alimentaires, notamment avec une campagne agricole 2019-2020 qui a connu un rebond de 8% des exportations des produits agro-alimentaires pour se chiffrer à 39,5 milliards de dirhams (MMDH).

Et c’est au crédit d’une stratégie sectorielle effective et perfectionnée au fil du temps que l’on doit une telle résilience, même au pic de la crise qui a remis sur le devant de la scène, les enjeux de la sécurité alimentaire dans un contexte de regain de protectionnisme et de souveraineté économique.

L’industrie automobile, laquelle forte d’un taux d’intégration de 60%, n’est pas en reste, puisqu’elle a permis au Royaume de conforter plus que tout son positionnement en tant que plateforme compétitive de production et d’exportation d’équipements et de véhicules automobiles à l’échelle mondiale.

Là encore, ce n’est pas pour rien que l’économiste Henri-Louis Vedie, a affirmé que “le succès que connaît le secteur automobile marocain (…) l’après Covid-19 n’y changera rien”!

“Pour ce qui est de la traversée du désert qu’a connu le Maroc à l’instar de la plupart des pays du monde lors de cette pandémie, contrairement à tous ces voisins régionaux, notre pays a prouvé qu’il dispose d’amortisseurs solides économiques, sociaux et régionaux” a fait valoir, dans une déclaration à la MAP, Abdelghani Youmni, économiste et spécialiste des politiques publiques.

Ces amortisseurs, a-t-il poursuivi, ont permis au Royaume de maîtriser sa dette publique incluant le service de la dette à moins de 75% de son PIB, de disposer malgré la crise de plus de 7 mois de réserves en devises pour ces importations et une dette extérieure soutenable de 374 MMDH, soit environ 22% du PIB.

Et de noter que pour ce qui est des prévisions de croissance économique du Fonds monétaire international (FMI) et du Haut-Commissariat au Plan (HCP) les deux convergent vers un rebond de -7,2% en 2020 à 4,6%.

M. Youmni a, parallèlement, relevé qu’en 2021, “cette reprise en U” ne fait que confirmer la spécificité résiliente de l’économie, en dépit du gel de plusieurs secteurs économiques vitaux et la perte de plus de 460.000 emplois.

“Cela pourrait sembler paradoxal, mais ce sont les activités économiques de l’économie informelle qui sont le plus touchées par le covid-19 et qui déclencheront la reprise, suivies par les activités économiques formelles et structurées”, a-t-il précisé.

Interrogé quant à sa vision par rapport à cette résilience économique surprenante, M. Youmni a expliqué cela par la structure sociale solidaire du pays, l’effet inclusif du fonds spécial pour la gestion du covid-19, mais également par la relative souveraineté alimentaire, la forte résistance du dirham, outre l’étroite corrélation entre le modèle de croissance économique et la demande intérieure.

Si l’on revient au secteur industriel, M. Youmni a noté que la résilience de celui-ci est de taille et “ne passera pas simplement par une négation ou une confirmation”.

“Le Maroc a pris une décision de jouer la carte de l’import-substitution qui permet de donner naissance à une industrie locale tout en assimilant les processus d’industrialisation et réduisant la fracture régionale en créant des emplois basés sur l’expertise et le savoir-faire”, a-t-il souligné, ajoutant qu’avec ce volontarisme, le Maroc va réduire sa facture d’importation en biens et service de 83 MMDH et créera par conséquent, entre 50.000 et 10.000 emplois directs.

Le Maroc, véritable plateforme des chaînes des valeurs globales et des partenariats publics-privés (PPP) ?

“Ce qui pourrait aussi être un tournant et un point de rupture dans l’histoire économique du Royaume et pour que le Maroc post-Covid soit aussi celui du nouveau modèle de développement de demande extérieure, le Maroc hub entre l’Afrique, l’Europe et la Méditerranée pourrait devenir une plateforme des chaînes des valeurs globales et des PPP productifs spécialisée dans les industries pharmaceutique, automobile électrique, numérique, aéronautique, textile et agroalimentaire”, a préconisé M. Youmni.

C’est dans ce sens même, qu’il a estimé que l’objectif sera double: d’une part, inciter les capitaux marocains et étrangers à investir dans les secteurs productifs et à réelle valeur ajoutée et d’une autre, absorber les excès du dividende démographique, résultat de notre extrême transition de la fécondité amorcée en moins de 22 ans, ce que la France et l’Europe ont réalisé en 160 ans.

Il est à ce jour impossible de prédire avec exactitude les impacts de cette crise économique, dont nous ne ressentons que les prémices, mais une chose est sûre, au-delà des indispensables réponses scientifiques et techniques à apporter, la sortie de cette pandémie passe avant tout par l’exigence d’une confiance retrouvée par tous : acteurs, citoyens et consommateurs.

Il en ira ainsi et en particulier, de la résilience économique, facteur clé de l’assurance sociale, au sens plein du terme dans toute son acception !

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