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Face à la crise, l’artisanat se réinvente

Par Safaa Bennour.

Casablanca – Après une éprouvante crise pandémique, l’artisanat, ce patrimoine somptueux se transmettant de père en fils, est bien parti pour faire sa refonte. Les nouvelles attentes des opérateurs et les mutations de l’activité exigent une vision rénovée de développement du secteur, tout en capitalisant sur les acquis.

Ce secteur, qui constitue pour le moins dire un véritable potentiel pour l’économie nationale, recèle des opportunités en or notamment pour le développement du Maroc à l’international. La crise a changé un peu la donne en bouleversant les activités et en faisant disparaitre plusieurs métiers et emplois.

Devant ce constat, un nouveau canevas pour le développement du secteur vient de voir le jour. Il s’agit de la nouvelle stratégie de développement du secteur de l’artisanat pour la période 2021-2030, méticuleusement préparée pour ancrer le secteur dans une nouvelle ère pour les années à venir.

Élaborée conformément à une démarché participative, qui tient compte des différents soucis des opérateurs et ceux des artisans, cette nouvelle feuille de route ambitionne de faire de l’artisanat, un secteur plus résilient et rénové.

Des problématiques aggravées par la crise …

A l’occasion de la présentation récemment de la dernière mouture de cette stratégie de développement du secteur de l’artisanat, un ensemble de problématiques a été dressé pour le secteur, lesquelles ont été aggravées par la crise liée au nouveau coronavirus (covid-19).

Prépondérance de l’informel, manque d’agrégation des acteurs (2,4 millions d’artisans contre seulement 800 PME et 7.800 coopératives dans le secteur), problèmes au niveau de l’approvisionnement et recours insuffisant aux canaux de commercialisation modernes sont, entres autres, facteurs qui pénalisent, d’une manière ou une autre, l’épanouissement du secteur.

S’en ajoutent à cela des niveaux limités de l’activité export avec un volume de 800 millions de dirhams (MDH) par an, en déphasage par rapport au fort potentiel de croissance à l’international du secteur.

Vers une approche plus exhaustive

Pour répondre à ces différentes problématiques et bien d’autres, la nouvelle stratégie de l’artisanat à l’horizon 2030 a choisi une approche différenciée ancrée dans l’exhaustivité, le pragmatisme et l’agilité.

Elle inclue non seulement l’artisanat à fort contenu culturel mais également l’artisanat utilitaire et l’artisanat de service, le tout avec une mise en œuvre progressive via des projets pilotes qui devront se généraliser à d’autres régions et filières.

L’exécution, elle, se fait aussi à travers trois grandes phases d’ici 2030, en l’occurrence la relance (2021-2022), la transformation (2023-2025) et puis l’accélération (2026-2030). Ces grandes phases seront jalonnées par des étapes d’évaluation afin d’adapter l’action sectorielle en continu aux évolutions de la conjoncture à la fois nationale et internationale.

La nouvelle stratégie est articulée autour de 4 axes stratégiques: “structuration et accompagnement des acteurs”, “modernisation des filières artisanales”, “valorisation de l’humain” et enfin “l’amélioration du cadre sectoriel”.

Filières artisanales, s’offrir un nouveau lifting

Parmi les projets phares sur lesquels mise la nouvelle feuille de route figure une mise en place de mesures ciblées et innovantes pour transformer les chaines de valeur des filières artisanales, à travers notamment l’amélioration de l’accès aux matières premières de qualité et l’appui à la semi-industrialisation et à l’excellence opérationnelle.

La concrétisation de ce projet stratégique requiert également le soutien à la commercialisation dont le e-commerce ou encore la labellisation orientée marché, ainsi que l’accompagnement à l’export et le ciblage de la promotion au niveau nationale et international.

In fine, cette nouvelle stratégie qui s’inscrit dans le cadre de l’exécution des hautes orientations royales et des recommandations du nouveau modèle de développement ambitionne de sauvegarder et mettre en valeur le savoir faire culturel immatériel et de renforcer l’inclusion féminine, outre la mise en œuvre du programme de la couverture sociale au profit des artisans et des professionnels.

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