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Finance Participative:5questions à la DG de Bank Al Yousr

Mouna Lebnioury, Directrice générale de Bank Al Yousr, la banque participative du groupe BCP, décrypte, dans une interview à la MAP, les caractéristiques et les principes régissant le nouveau produit participatif “Salam”, approuvé en mars 2020 par le Conseil Supérieur des Oulèmas et commercialisé, à date d’aujourd’hui, uniquement par Bank Al Yousr.

Mme Lebnioury nous explique également l’intérêt de la Banque à lancer cette nouvelle formule de financement, ainsi que ses orientations en matière de gestion des risques.

1- En quoi consiste réellement le “Salam” ?

Le Salam est un produit participatif conforme aux avis édictés par le Conseil Supérieur des Oulémas (CSO), c’est un contrat de vente par lequel la banque achète une marchandise déterminée tant en qualité qu’en quantité avec un paiement immédiat et une livraison à terme.

Il est destiné à financer le besoin en fonds de roulement des entreprises. Il leur permet en effet de disposer de la liquidité nécessaire à leur production.

Au terme du contrat Salam, la Banque peut mandater le client pour réceptionner la marchandise objet du contrat Salam et assurer sa vente en son lieu et place.

 

2- Quels sont les principes régissant le contrat Salam? Qu’en est-il du coût ?

A travers le contrat Salam, le client vend à la banque une marchandise bien définie, livrée à une date ultérieure fixée contre un paiement anticipé. Les caractéristiques, les critères et les termes sont bien déterminés dans le contrat Salam.

– Le bien objet du “Salam” doit être licite sur le plan shariatique

– Le contrat “Salam” doit porter sur des biens fongibles et disponibles sur le marché

– Le vendeur ne doit pas être redevable à la banque pour ne pas considérer sa dette en tant que prix de la marchandise.

Pour ce qui est du coût du produit de financement “Salam”, comme les autres produits de financements participatifs, il reste compétitif par rapport au marché bancaire.

 

3- Bank Al Yousr est, à date d’aujourd’hui, la seule banque participative au Maroc, qui commercialise le “Salam”. Quel intérêt pour votre banque à lancer ce produit, notamment avec la crise du Coronavirus ?

Effectivement, nous sommes la première banque participative au Maroc à lancer le produit Salam. L’objectif étant de se donner les moyens de répondre aux besoins des entreprises, dont la trésorerie a été mise à mal par cette crise. Par le Salam, nous mettons à leur disposition de la liquidité immédiate pour maintenir leur activité.

La mise en place de ce produit se justifie par la volonté de Bank Al Yousr de répondre aux principaux besoins de notre cible par l’élargissement de son offre.

En effet, avec la Mourabaha nous pouvons couvrir les besoins d’investissement des entreprises, un peu aussi les besoins d’exploitation comme l’acquisition de matières premières. Aujourd’hui avec Salam, nous pouvons mobiliser des fonds en faveur de l’entreprise qui va à sa convenance en décider de l’utilisation (Acquisition des matières premières, Paiement des salaires et paiement des différentes charges…).

 

4- Pour les entreprises intéressées par ce financement, quelles sont les conditions d’éligibilité pour en bénéficier ?

Toute entreprise structurée, dont l’activité est conforme aux normes de la Charia et ayant la capacité juridique pour effectuer des transactions financières et commerciales, peut souscrire à ce produit.

Concernant la marchandise sous-jacente, les principales exigences sont d’abord le caractère fongible du bien et la disponibilité de produits similaires sur le marché, sans écarts significatifs pour les parties prenantes.

 

5- Qu’en est-il des orientations de Bank Al Your en matière de gestion des risques ?

Il existe bien un risque marché dû à la fluctuation du prix de la marchandise à la baisse, que la banque essaie de contrecarrer par les mesures suivantes :

• Caractéristiques de la marchandise financée : Une marchandise qui ne subit pas de grandes fluctuations de prix.

• La période de livraison par le client est très courte, car l’objectif du financement Salam est de financer les charges courantes liées au cycle d’exploitation.

Pour le cas de la fluctuation du prix à la hausse : Bank Al Yousr ne profite pas de cette augmentation du prix du marché, la banque peut mandater le client à revendre au prix qu’il fixe en totale liberté en contrepartie d’une marge convenue à l’avance, rétrocédée au client sous forme de commission.

Pour le risque de contrepartie, qui consiste en la non-livraison par le client : la banque se couvre à travers d’abord l’analyse en amont des indicateurs et de l’état de santé de l’entreprise et enfin par la prise des garanties qu’elle juge nécessaires.

Les exigences de garanties demandées par Bank Al Yousr sont identiques à celles demandées dans les autres formules de financement.

A souligner aussi que le Salam est un financement qui peut être assorti des garanties de la Caisse Centrale de Garantie, à travers sa fenêtre participative Sanad Tamwil. Les frais associés à la garantie sont réglés par la banque sur sa marge et non par le client.

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