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Gouvernement: Le financement du NMD, un défi de taille

Par: Samia Boufous.

Casablanca, 09/10/2021 (MAP) – Au lendemain de la formation du nouveau gouvernement, la question du financement du nouveau modèle de développement (NMD), dont la mise en œuvre est tant attendue par les Marocains, les forces vives nationales et la société civile demeure cruciale, notamment pour un chantier aux multiples ramifications.

L’enjeu est de taille ! Le succès de cette réforme d’envergure passera, d’ailleurs, par la mise en œuvre d’une stratégie de financement volontariste et adéquate, d’autant plus que les objectifs de développement, déjà tracés, exigeront des dépenses publiques conséquentes et récurrentes, en particulier ceux associés aux chantiers du capital humain et de l’inclusion.

Ainsi, sur ce même volet, qui se veut un véritable axe stratégique pour concrétiser les différentes ambitions, les propositions de projets et de réformes émises par la Commission spéciale sur le modèle de développement ( CSMD) nécessiteront une part non négligeable du produit intérieur brut (PIB) pour atteindre les objectifs arrêtés.

Le président de ladite commission, Chakib Benmoussa, l’avait bien affirmé. Il s’agit de financements publics additionnels de 4% du PIB par an en phase d’amorçage (2022-2025) et de 10% du PIB en rythme de croisière à l’horizon 2030, en plus d’une forte mobilisation de l’investissement privé.

Ceci dit, il importe de souligner que cette question qui se situe à l’intersection des questions de financement et de croissance économique, en ce qu’elle constitue une condition sine qua none pour une véritable transformation de l’économie, ouvre l’échange sur les différents instruments à lever pour diversifier les financements.

C’est dans ce sens que Abdelghani Youmni, économiste et spécialiste des politiques publiques, a relevé que la stratégie de financement ne constitue pas uniquement une question de principe mais surtout de survie, autrement le NMD sera “un œuf étouffé dans sa coquille”, alors que pour l’ensemble des Marocains, ce projet et celui de la protection sociale constituent des projets majeurs du règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Ce financement, a-t-il soutenu, devrait s’appuyer sur l’équivalent d’une enveloppe publique de 4% du PIB par an, soit 6 milliards de dirhams (MMDH) entre 2022 et 2025, puis 10% du PIB jusqu’à 2030 environ 15 MMDH/an en moyenne.

M. Youmni a, par ailleurs, affirmé que cette contribution demeure pourtant en dessous des défis à relever, dans la mesure où changer de modèle de développement économique avec une transition d’un PIB de demande intérieure à un PIB de demande extérieure nécessitera 5 à 10 fois de plus de financements privés, des banques marocaines plus agiles et moins frileuses et une diplomatie économique plus agressive et étendue aux présidents des régions et des élus, pour aller convaincre des intérêts et des bénéfices de construire des joint-ventures avec des entreprises marocaines.

Il a, en outre, mis en avant l’impératif pour la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) de s’impliquer dans le développement des ingénieries de financement privées, mais surtout dans l’insémination de la culture de l’entrepreneuriat par le biais du Crowdfunding, de l’actionnariat salarial, etc.

Mise en œuvre efficace et efficiente du NMD: Quelles priorités ?

D’après l’économiste, ces chiffres ne sont pas que des données arithmétiques, dans le sens où ils permettent d’évaluer dans 15 ans si le Maroc a émergé ou s’il reste submergé par certains maux liés notamment aux inégalités.

“Nous espérons atteindre un PIB par habitant de 7.826 dollars en 2019 à 16.000 dollars à l’horizon 2035, créer une croissance économique annuelle de plus de 6%, augmenter l’indice de participation aux valeurs mondiales de 17% et la valeur ajoutée industrielle de 22 points, doubler l’emploi formel de 41% à 80% baisser le chômage à 7% et couvrir socialement 100% de la population marocaine”, a-t-il fait valoir.

C’est à cet effet que M. Youmni a souligné que plusieurs pays, comme la Chine, la Corée du Sud et la Malaisie, ont réussi ce défi en se basant sur trois béquilles majeurs, en l’occurrence, le capitalisme d’Etat, l’égalité devant l’opportunité de créer et de profiter de la richesse et la duplicité du modèle économique à travers des substituts aux importations, pour ériger une courbe d’apprentissage efficiente et une montée en gamme des exportations basée sur la production industrielle, les nouvelles technologies et les innovations du digital.

Parallèlement, il a fait observer que la justice fiscale devrait être construite non sur la dette et les déficits budgétaires mais sur la fiscalité de la valeur ajoutée et du travail.

“Le Maroc ne doit pas révolutionner son économie et son modèle social avec des amnisties, mais avec un choix parfaitement volontariste d’assainissement, une guerre contre l’économie de la rente, la fraude fiscale et contre les emplois publics fictifs”, a poursuivi M. Youmni.

Et de rappeler qu’un nouveau modèle de développement économique est avant tout un modèle de révolution économique, un modèle de productivité et d’innovations, un modèle de responsabilité sociale, d’égalité des chances et un modèle d’émergence économique, écologique et sociale.

Inscrit dans une logique de rupture avec le passé, le NMD constituera, sans nul doute, un nouveau jalon dans l’édifice institutionnel du Royaume, en ce sens qu’il contribuera à enraciner l’équité et la justice sociale et politique et marquera de son empreinte un nouveau départ pour l’économie marocaine. Vivement sa mise en œuvre !

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