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Immobilier: Interview avec Taoufiq Kamil, président de la FNPI

Casablanca, Faisant partie des branches d’activités économiques les plus touchées par la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus (Covid-19), l’immobilier a besoin d’initiatives nouvelles de relance aussi bien de la part de l’Etat que des différents acteurs du secteur pour favoriser son redressement. C’est pourquoi la Loi de Finances rectificative (LFR) 2020 prévoit une panoplie de mesures qui visent à imprimer une nouvelle dynamique à ce secteur.

Dans un entretien à la MAP, le président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), Taoufiq Kamil, nous livre son propre diagnostic du secteur à l’heure actuelle, évalue les dispositions contenues dans la LFR, et propose de nouvelles pistes de relance.

1- Quel diagnostic faites-vous du secteur de l’immobilier à l’heure actuelle ?

Le secteur connaissait des difficultés bien avant la pandémie du Covid-19 qui a porté des dommages supplémentaires et considérables au secteur et à toute l’économie nationale. La crise a provoqué un arrêt brutal de toute l’activité dans tout son écosystème, allant de la production à la commercialisation.

Les charges des structures entrepreneuriales (charges fixes, salaires, factures, traites…) de tout le secteur du bâtiment ont cependant dues être honorées même pendant cet arrêt brutal et l’assèchement des rentrées financières des entreprises.

Beaucoup de structures de diverses activités en rapport avec le bâtiment sont en difficultés financières et vivent des moments très difficiles. Il est à craindre beaucoup de défaillances d’entreprises qui risquent de provoquer des licenciements massifs accentuant plus encore le chômage de plus en plus inquiétant et considérable des travailleurs du bâtiment avec tous les effets systémiques y afférents.

2 – Quelle est votre vision personnelle pour promouvoir le secteur, notamment après la crise ?

La FNPI a réalisé plusieurs analyses et études en y associant un nombre important de propositions concrètes à mettre en place afin de tenter de relancer l’activité. Il s’agit notamment d’encourager les acquéreurs, dont la majorité a un pouvoir d’achat assez réduit, à réaliser leurs acquisitions immobilières, et de réduire les prix des biens à vendre.

Il faut également agir sur la réduction du coût du foncier par la mise en place d’une politique d’urbanisation judicieuse et éclairée sur le long terme, des taux des crédits bancaires, et des délais des procédures administratives qui sont devenus chronophages et lourdes.

L’ensemble de ces mesures ne coûtent strictement rien au budget de l’État et permettent une réelle relance de l’activité dans son ensemble et portent une réponse adaptée à la demande exprimée en logements. La mise en place urgente d’alternative aux logements sociaux à 250.000 DH HT qui prend fin incessamment est nécessaire, de même qu’une réponse adaptée à la classe moyenne en logements est indispensable.

3- Jugez-vous nécessaire une réforme structurelle du secteur ?

Il est clairement établi qu’une vision urbanistique novatrice aboutissant à des réponses adaptées à la demande est aujourd’hui indispensable. Aucun développement concret de tout le secteur de l’habitat ne pourra se faire sans cette nouvelle stratégie que la FNPI réclame depuis des années.

Se contenter des schémas directeurs actuels et des plans d’aménagements sortis dans la douleur et l’urgence sans répondre véritablement aux besoins exprimés de notre population relèvent de l’aveuglement volontaire des autorités et du déni des besoins et des demandes, que des réponses pourtant très simples peuvent satisfaire.

Pour ce faire des efforts intellectuels et conceptuels sont nécessaires. A-t-on cette capacité, ce désir et cette volonté inébranlable de répondre favorablement aux aspirations légitimes de nos concitoyens ? Cette orientation permettra aussi une relance sensible de l’activité !

4- Comment évaluez-vous les mesures de soutien au secteur prévues dans la LFR ?

Ces mesures sont certes encourageantes mais limitées dans le temps. A elles seules, elles ne pourront certainement pas relancer l’activité dans son ensemble. Elles doivent s’accompagner de l’ensemble des mesures citées auparavant.

Il y a lieu de s’adapter à tout moment aux développements en cours et d’ajuster les orientations et les choix effectués. D’où un effort constant et sans relâche et une intense réflexion toujours novatrice et planificatrice et surtout anticipative. Le recours à des solutions dictées par l’urgence de conditions, pourtant, bien prévisibles, ne sont pas pérennes.

5- La DGI vient de suspendre le référentiel des prix de l’immobilier. Qu’est ce que vous en pensez ?

Depuis un moment la FNPI réclame la suspension voire le retrait de ce référentiel qui est devenu un outil bloquant pour la réalisation des transactions plutôt qu’un outil encourageant.

Les prix affichés par ce référentiel dépassent de loin la réalité du terrain. Surtout maintenant dans un marché baissier et en crise.

La conservation foncière doit également s’inscrire dans ce même cadre et abolir également son référentiel dont les valeurs estimatives des biens ont été toujours différentes de ceux de la DGI aujourd’hui suspendus.

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