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Industrie: Interview avec le président de l’AFATUBE, Said Machrah

Propos recueillis par Hicham Louraoui.

Casablanca – Le président de l’Association des fabricants de tubes (AFATUBE), Said Machrah, livre dans, une interview accordée à la MAP, sa lecture de la situation du secteur de fabrication de tubes métalliques et analyse l’importance du “made in Morocco” dans cette industrie.

1. Quel bilan faites-vous de l’impact de la crise liée au covid-19 sur le secteur de fabrication de tubes métalliques ?

A l’instar des autres pays dans le monde, le Maroc a été profondément touché par la crise du covid-19. Notre secteur est passé par des moments difficiles lors de la première phase du confinement général vu que la demande du tubes métalliques, tirée principalement par le secteur de la construction, a considérablement baissé au cours des trois premiers mois et les producteurs ont dû réduire, voire arrêter, leur production pour suivre la chute de la demande.

Nous avons vu également une perturbation considérable de la chaine d’approvisionnement en matières premières, des retards considérables de paiement couplés avec des problèmes de trésorerie. A cela s’ajoute la pression de maintenir le niveau d’emploi des entreprises du secteur à leurs niveaux d’avant la crise.

En bref, cette crise sanitaire est une épreuve qui a causé beaucoup de dégâts, mais qui nous a aussi permis de développer notre résilience et de concevoir différemment la manière dont nous devons développer notre écosystème.

2- Quelles sont les pistes de relance du secteur ?

La relance du secteur de production du tubes métalliques est liée naturellement à la relance de la Construction et de l’économie nationale d’une manière générale. Les mesures d’ordre sanitaire prises par les autorités pour limiter les dégâts de la crise accompagnées des mesures d’ordre financier et fiscal destinées aux entreprises industrielles ont été d’une grande importance pour maintenir nos entreprises en activité. La campagne de vaccination qui est déjà lancée promet une sortie très proche de cette crise.

Néanmoins, nous explorons des leviers de relance qui permettent de renforcer le positionnement de notre secteur à savoir la préférence nationale et la protection du marché.

En effet, la circulaire du chef de gouvernement sur la préférence nationale doit être accompagnée des mesures concrètes des établissements et entreprises publics pour s’assurer que l’approvisionnement en tubes métalliques soit assuré par les producteurs nationaux.

Par ailleurs, nous sommes convaincus au sein de l’Association que la vraie relance de notre secteur passe par le développement d’un “écosystème tube” qui implique les acteurs concernés de la chaine de valeur, depuis le fabricant des bobines d’acier jusqu’au transformateur de tube. Cet écosystème doit être développé davantage en intégrant de nouveaux métiers industriels à base de tube.

3- Quelles sont les mesures et actions menées par l’AFATUBE pour accompagner et soutenir les professionnels afin d’amorcer cette relance ?

L’AFATUBE a mis en place un plan d’action ambitieux pour accompagner la relance du secteur de production du tube métallique. Au cœur de ce plan d’action, le développement d’un “écosystème tube” qui a pour principal objet la promotion de l’utilisation du tube métallique dans divers secteurs d’activité et l’augmentation de la taille du marché du tube.

En effet, plusieurs solutions adoptées aujourd’hui dans le secteur de la construction sont à base de produits importés et qui peuvent être facilement substitués par le tube métallique qui a des caractéristiques mécaniques intrinsèques très avantageuses et qui peut se transformer et s’adapter à plusieurs solutions de construction.

Aussi, nous préparons un programme d’accompagnement des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) qui ont des projets ou des produits innovants à base de tube métallique. Ce programme mettra en place un appui financier et technique en faveur des TMPE souhaitant se développer dans “l’écosystème tube”.

4- Comment la promotion du “made in Morocco” pourrait-elle bénéficier aux producteurs nationaux de tubes métalliques ?

Nous sommes fiers aujourd’hui au sein de l’AFATUBE d’un secteur de production du tube qui présente une offre diversifiée en matière de qualité, de gamme de produits et de prix, ainsi qu’une répartition géographique des unités de production qui assure l’approvisionnement en tube pour l’ensemble du territoire national.

Nous fabriquons le tube à base des bobines en acier qui sont fabriquées localement par notre partenaire qui lui aussi fabrique l’acier à partir de la ferraille collectée localement. Cette chaine de valeur locale est régie par des normes et des réglementations nationales qui imposent le respect des exigences en matière de qualité et de sécurité pour ne mettre sur le marché qu’un tube métallique conforme et de bonne qualité.

La promotion du tube “made in Morocco” permettra de renforcer davantage la confiance dans le tube métallique fabriqué localement et de préserver la valeur ajoutée locale. Le tube “made in Morocco” est symbole de qualité, de sécurité et de confiance.

5- Quels sont les prérequis pour que le secteur puisse se projeter à l’international et produire une offre exportable ?

Le secteur de production du tube métallique présente une offre exportable compétitive en matière de prix et de qualité. Certains de nos confrères exportent sur le marché africain, européen et même en Amérique latine.

Par ailleurs, nous souhaitons développer davantage notre offre exportable pour tirer la croissance de notre secteur par l’export et cela passe par l’amélioration des facteurs de compétitivité qui en grande partie ne dépendent pas des industriels du secteur. Le prix de revient d’un kilogramme de tube métallique contient 80% de matières premières qui coûte cher par rapport au prix de la matière première à l’international.

C’est pour cette raison que nous sommes convaincus que le développement d’une offre exportable compétitive passe par le développement d’un “écosystème tube” qui inclut toutes les parties prenantes de la chaine de valeur. Une offre exportable compétitive dépend d’un écosystème compétitif.

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