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Infrastructures portuaires: Interview avec l’expert Ahmed Loukili

L’universitaire et expert dans les domaines portuaire et logistique, Ahmed Loukili, s’exprime, en trois questions, sur la stratégie portuaire marocaine, réalisée, selon lui, dans une démarche “exemplaire”.

Le chercheur dans le domaine de l’optimisation et des performances logistiques passe, également, en revue les défis auxquels feront face les ports marocains dans les années à venir afin de permettre au Royaume de gagner encore en compétitivité et optimiser les paramètres de sa gestion portuaire.

1- Le Maroc a procédé à une réforme profonde de son domaine portuaire. Quelles sont, selon vous, les réalisations phares du Royaume ainsi que ses efforts dans l’objectif d’améliorer ses infrastructures portuaires dans toutes les régions ?

Il est plus concret de comparer les réalisations avec les prévisions. Dans le domaine portuaire, la référence reste la Stratégie nationale portuaire 2030 (SPN2030), qui a été réalisée dans une démarche exemplaire d’échange et de partage entre plusieurs parties prenantes, ce qui a permis d’avoir une stratégie globale traitant de plusieurs aspects en les connectant les uns aux autres.

Cette stratégie, établie après la réforme portuaire de décembre 2005, vise à augmenter les capacités des ports marocains, afin de permettre au système portuaire de saisir les opportunités géostratégiques qui se présentent. Elle doit répondre à des objectifs fondamentaux liés à la compétitivité et aux ressources de la chaîne logistique, à la sécurité des approvisionnements stratégiques et aux mutations économiques et à l’adaptation aux changements régionaux et internationaux.

Tout au long de la période de mise en œuvre des programmes d’investissement, une gestion efficace de l’évolution est nécessaire. L’évolution des stratégies sectorielles nationales et internationales doit être prise en considération, de même que les stratégies des opérateurs nationaux et internationaux et l’évolution de la demande portuaire effective.

Quant aux résultats, le trafic portuaire durant l’année 2020 montre que la politique portuaire est en marche. En effet, pour les ports gérés par l’Agence nationale des ports (ANP), nous constatons une augmentation du trafic durant les cinq dernières années de 29,4%, passant de 71,5 MTM (Millions de Tonnes Métriques) à 92,5 MTM.

Pour le port Tanger-Med, qui traite 47% du tonnage portuaire total du Royaume, le tonnage global traité au cours de l’année 2020 est de 81 millions de tonnes, soit une progression de 23% par rapport à 2019, avec un trafic de 5,7 millions de conteneurs EVP (Équivalent Vingt Pieds) manutentionné en 2020, soit une progression significative de 20% par rapport à 2019.

2 – Quels sont les défis auxquels devront faire face les ports marocains dans les années à venir ?

Une bonne planification nécessite la mise en place d’un outil de veille efficace des décisions d’investissement et d’aménagement pour chaque port dans le cadre de la vision à long terme du système portuaire. Cet outil est basé sur des initiatives d’investissement qui couvrent les différentes options possibles pour satisfaire la demande portuaire. Il permet également d’améliorer la gouvernance portuaire et d’anticiper toutes les évolutions bien à l’avance.

La mondialisation présente certes de nombreuses opportunités pour les économies mais ses aléas sont de plus en plus importants. Chaque stratégie devrait disposer d’intelligence afin de pouvoir corriger en permanence les tactiques et les actions qui sont déjà menées ou planifiées.

Le renforcement de la chaîne logistique portuaire passe par une gestion rentable du port et des terminaux portuaires. Pour ce faire, il est nécessaire de contrôler les coûts et les stratégies de gestion de tous les processus liés à la manutention.

3- Quels enjeux pour une meilleure compétitivité du paysage portuaire au Maroc ?

Pour être compétitifs, les ordonnateurs doivent d’abord bien comprendre les difficultés liées à l’économie maritime et à la mondialisation, et opter pour une vision dynamique avec la transparence et le professionnalisme comme éléments clés de la compétitivité. L’objectif est de remplacer le cadre conflictuel issu des intérêts spécifiques et de la complexité des acteurs portuaires par un cadre de coopération.

Investir n’est plus seulement une question de trouver les moyens pour avoir des outils, mais investir aujourd’hui répond aussi à des règles de base, qui donnent pour chaque investissement l’écart entre le coût et la valeur ajoutée. L’analyse de ces écarts est nécessaire pour définir les priorités dans les investissements et par conséquent assurer l’optimisation et la durabilité.

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