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Interview avec le directeur exécutif de FL Markets

Casablanca – Le directeur exécutif de FL Markets (FLM), Farid Mezouar, livre, dans une interview accordée à la MAP, son analyse des perspectives de la Bourse de Casablanca en 2021 et des secteurs les plus porteurs ainsi que des mesures jugées nécessaires à même de dynamiser le marché casablancais.

1- Après une chute de 27% en seulement 24 séances, soit la correction la plus rapide de son histoire, le Masi a pu éponger une grande partie de ses pertes. Son YTD se trouve placé actuellement à -7,89%. Pour l’année prochaine, le Masi va-t-il continuer sur le même trend ? En d’autres termes, vous êtes plutôt optimiste ou pessimiste pour 2021?

Effectivement, je suis optimiste pour 2021 car le MASI qui évoluait entre juin et septembre 2020 dans un canal horizontal, a rebondi sur son support de 10.000 points lors du 25 septembre. Depuis cette date, le MASI a entamé un trend haussier et a gagné 13% malgré la correction de la semaine dernière. Aussi, depuis le 18 mars, les gains du MASI ont atteint plus de 25%.

Ce trend paraît solide et devrait se prolonger en 2021 malgré les épisodes habituels de prises de bénéfices. Mon optimisme est renforcé au niveau fondamental par la levée de 3 Mrds $ à l’international qui a arrosé le marché monétaire de liquidités, laissant entrevoir un environnement bas pour les taux d’intérêt surtout que Bank Al-Maghrib (BAM) a insisté après sa dernière réunion sur la nécessité de diffusion du taux directeur de 1,5% dans toute l’économie.

Aussi, 2021 devrait connaître un rebond de la croissance du PIB à 4,7%, selon BAM. Un tel rebond devrait être facilité par un retour progressif à la normale grâce aux différentes campagnes de vaccination anti-Covid. De même, l’année prochaine va connaître le démarrage de l’activité du Fonds Mohammed VI pour l’investissement qui sera la colonne vertébrale de la relance publique de l’économie nationale. Cette relance peut aussi être stimulée par les annonces américaines récentes de financements importants au Maroc.

2- L’année 2020 a fait des gagnants, mais surtout des perdants. En effet, si à l’évidence le tourisme, le BTP ont été durement impactés par la crise sanitaire, d’autres en ont été épargnés, et ont même percé durant cette année (cas des TIC). Selon vous, quelles seront les tendances sectorielles pour l’année 2021? Quels sont les secteurs les plus porteurs ?

Au niveau théorique, la reprise du MASI repose notamment sur l’hypothèse d’un retour progressif à la normale au fur et à mesure du déroulement de la campagne de vaccination anti-Covid. Ainsi, certains investisseurs souhaitent prendre leurs bénéfices au niveau des secteurs résilients et investir dans les valeurs qui ont souffert de la conjoncture du Covid comme le BTP, le tourisme ou le transport.

Toutefois, en dehors de la spéculation, un tri s’impose autant au niveau des gagnants que des perdants de 2020 pour la sélection des entreprises dont les fondamentaux sont solides, indépendamment de la crise. Aussi, dans l’absolu, le secteur bancaire est susceptible d’être plébiscité car contrairement à la crise de 2008, les banques sont bien capitalisées. Enfin, la transformation digitale s’impose désormais à tout le monde, ce qui est positif pour les valeurs technologiques.

3- L’IPO de Aradei Capital a rompu avec une absence de près de 2 ans de nouvelles introductions au marché Casablancais. Doit-on s’attendre à des IPO additionnelles en 2021? Y a-t-il des candidats potentiels qui pourraient animer 2021?

Normalement, 2021 est propice à de nouvelles IPO grâce à l’amélioration des ratios de valorisation et au retour progressif de l’optimisme en Bourse. D’ailleurs, Aradei a réussi son OPV malgré l’impact de la crise du Covid sur ses comptes de 2020.

De plus, certains groupes peuvent souhaiter lever des fonds pour saisir des opportunités de croissance alors que d’autres pourraient en avoir besoin pour se restructurer. Par ailleurs, la Bourse dispose d’un pipe des 94 des entreprises labellisés Elite dont certainement finiront par franchir le pas de la cotation. Enfin, dans le cadre de la restructuration des entreprises publiques, l’option de la Bourse peut s’imposer dans certains cas

4- L’année 2020 a connu la mise en place d’un certain nombre de mesures afin de dynamiser le marché casablancais (la nouvelle réglementation, la création d’un nouveau compartiment et d’un nouvel indice entre autres). Seront-elles suffisantes? et quelles seront, d’après vous, leurs retombées?

Je dirais que ce sont des actions nécessaires mais pas forcément suffisantes. Autrement dit, l’Autorité marocaine du Marché des capitaux (AMMC) et la Bourse ont fait le job avec plusieurs réformes intéressantes ainsi qu’un cadre réglementaire adéquat.

Toutefois, l’écosystème compte aussi les banques d’affaires et les émetteurs. Ainsi, les banques d’affaires doivent faire un effort supplémentaire dans le marketing de la place financière de Casablanca, notamment en la vendant mieux à l’international.

Les émetteurs doivent saisir l’opportunité de la fréquence trimestrielle de communication financière pour oser davantage, notamment au niveau d’explication de certains éléments du business plan. Enfin, un meilleur dynamisme de la Bourse passe par un retour à la catégorie du MSCI Emerging Markets ce qui permettra de stimuler le volume des investissements étrangers.

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