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Interview avec Nezha Hayat, présidente de l’AMMC

– Propos recueillis par Zin El Abidine TAIMOURI –

La présidente de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), Nezha Hayat, a accordé une interview à la MAP à l’occasion de la Conférence internationale organisée par l’Autorité de régulation en marge de la 47ème réunion annuelle de l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) tenue pour la première fois au Maroc les 17, 18 et 19 octobre 2022.

Dans cet échange, Mme Hayat fait le point sur le positionnement à l’international de l’AMMC, parmi les autorités de régulations mondiales, ainsi que les attributions qui lui sont dévolues en tant que membre éminent de l’OICV. Avant de livrer la nature de la coopération entre l’AMMC et les régulateurs africains, la présidente dresse le bilan des actions prioritaires de l’OICV destinées à promouvoir le plein rôle des marchés des capitaux dans le financement des économies pour pallier la succession de crises que connaît le monde actuellement.

1. A l’initiative de l’AMMC, le Royaume a accueilli, pour la première fois, la réunion annuelle de l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV). Quel est l’historique des relations Maroc-OICV ?

Je voudrais en premier lieu rappeler que l’AMMC est un membre historique de l’OICV et participe activement à ses travaux. Ses membres régulent plus de 95 % des marchés mondiaux des valeurs mobilières dans plus de 130 juridictions.

L’OICV est une institution de référence en matière d’élaboration de normes et un espace de coopération entre les régulateurs dont les objectifs sont notamment la protection des investisseurs et le développement de marchés transparents, équitables et efficaces. C’est également un espace d’échange d’informations tant au niveau mondial que régional sur les expériences respectives afin de mettre en œuvre une réglementation appropriée.

Les principes et normes de l’OICV constituent d’ailleurs le cadre de référence dans lequel l’AMMC s’est pleinement inscrite depuis sa création. Membre de l’organisation depuis 1996, l’AMMC a signé, en 2007, la convention multilatérale d’échange et de coopération (Multilateral Memorandum of Understanding / MMOU) de l’OICV faisant du Maroc le 44e pays signataire et le 3e pays Africain.

La candidature d’adhésion à l’accord multilatéral a été acceptée après vérification par les différentes commissions de l’OICV de la conformité du système marocain de régulation du marché de capitaux aux standards internationaux relatifs aux valeurs mobilières.

Le Maroc a d’ailleurs eu l’honneur d’accueillir une réunion annuelle du Comité des marchés émergents et en développement (GEMC) il y a quelques années, ainsi que deux éditions des travaux du Comité Régional Afrique – Moyen Orient (AMERC) dont j’assure la Présidence depuis 2020 et qui permet à ce titre à l’AMMC de siéger au sein du Conseil d’administration de l’OICV.

Nous sommes également représentés dans deux comités techniques importants, le comité de régulation des intermédiaires de marché et le comité de gestion d’actifs et sommes aussi membre du groupe de travail sur les fintechs.

2. Dans quelles circonstances le Maroc a-t-il été choisi pour l’organisation de cette 47e réunion annuelle ?

L’attribution de l’organisation de la réunion annuelle de l’OICV se fait suite un processus de vote par les membres. Le Maroc a été désigné parmi quatre candidatures pour accueillir cette 47e réunion, la première à se tenir totalement en présentiel après celle de Sydney en 2019 du fait de la pandémie de Covid-19. Le défi a été relevé en considération de la très forte participation portée par près de 400 personnes et d’une centaine de pays.

3. En marge de la réunion annuelle de l’OICV, l’AMMC a organisé une conférence sous le thème” Prévoir l’imprévisible – un trilemme pour les marchés des capitaux”. Quels sont les principaux objectifs de ce forum ?

En effet, comme le veut la coutume, le pays hôte organise une conférence internationale en marge de la réunion annuelle de l’OICV. L’édition de cette année se tient Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste.

Elle intervient dans un contexte particulier marqué par des crises successives et l’impératif de mobiliser les ressources financières pour accompagner le financement de la relance économique. Comme je l’ai rappelé lors de la conférence, les marchés des capitaux grâce à leur mode de fonctionnement agile et leur capacité d’innovation, peuvent constituer une source importante de financement complémentaire.

Nous avons souhaité débattre cette thématique centrale sous divers angles afin de mettre en lumière les principaux défis auxquels font face les régulateurs. Je citerai par exemple les enjeux du développement durable et toute la problématique du financement de la transition énergétique ; l’émergence des fintechs et des nouvelles technologies qui placent au centre des débats la question des risques et des opportunités qu’elles présentent et la dimension africaine dans toute sa complexité. Autour de cinq panels différents, des experts marocains et internationaux ont apporté leurs lectures et visions sur fond de débats riches et constructifs.

4. L’AMMC est membre du Conseil d’Administration de l’OICV et préside, depuis 2020, le comité régional “Afrique & Moyen Orient”. Quelle est la place de l’Afrique dans l’agenda de l’AMMC et aussi celui de l’OICV ?

L’AMMC a toujours réservé une place particulière à la coopération avec nos homologues du continent africain. Cette coopération prend corps aussi bien à travers des conventions bilatérales qu’à travers des organes de l’OICV dont notamment le comité régional AMERC.

L’intérêt de la coopération régionale est d’adresser des problématiques spécifiques à la région telles que la liquidité des marchés, l’éducation financière, la finance durable et l’application des nouvelles technologies dans le domaine de la finance.

L’OICV est une organisation inclusive qui traite des problématiques globales, tout en apportant toute l’attention nécessaire aux questions régionales. Cette orientation se reflète dans la structure de l’organisation construite autour d’un conseil d’administration regroupant les représentants des marchés en développement, émergents et avancés et de comités régionaux dont fait partie l’AMERC.

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