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La finance participative, un écosystème en perpétuelle évolution

Par Youness Akrim.

Casablanca – Trois ans après l’octroi de l’agrément aux premiers acteurs de la finance participative, le Maroc a mis sur les rails un nouvel écosystème financier à la grande satisfaction d’une clientèle en quête des offres alternatives de financement et des services bancaires rénovés.

Ce nouveau né du paysage bancaire a connu une ascension fulgurante et un fort engouement des clients pour des produits phares comme Mourabaha immobilière et Mourabaha Automobile devenus des modes de financement de prédilection pour une large frange des Marocains.

Les indicateurs d’activités communiqués régulièrement par la Bank Al-Maghrib (BAM) au sujet des performances des 5 banques et 3 fenêtres participatives en activité au Maroc confirment une croissance soutenable et des réalisations commerciales en nette amélioration de ces opérateurs qui n’ont cessé, depuis, de développer leur maillage territorial pour une large couverture du marché national.

D’ailleurs, le réseau des banques participatives a atteint 143 agences, y compris les espaces dédiés des fenêtres participatives, à fin avril 2020 contre 100 fin décembre 2018, alors que les comptes à vue ont dépassé les 96.454, en hausse de 48% par rapport à fin 2019, selon les derniers indicateurs des banques et fenêtres participatives publiés par BAM.

Les encours des financements Mourabaha octroyés par ces banques suivaient également une tendance haussière, reflétant la dynamique insufflée par le financement participatif au secteur bancaire, en offrant aux agents économiques de nouveaux circuits de financement pour faire aboutir leurs projets dans les meilleures conditions.

Pour ce qui est de l’encours total des financements participatifs par Mourabaha, contrat de vente par lequel la banque participative vend un bien mobilier ou immobilier de sa propriété à un client moyennant une commission, il a frôlé la barre des 10 milliards de dirhams (MMDH) au titre des quatre premiers mois de cette année contre 9,1 MMDH à fin 2019, soit une variation annuelle de 67%.

Par catégorie, Mourabaha immobilière et Mourabaha Automobile se sont établis respectivement à 9,02 MMDH (+62%) et 929,9 millions de dirhams (MDH) (+103%) alors que l’encours de Mourabaha équipement s’est élevé à 116,2 MDH (+8%).

Les financements participatifs par Mourabaha hors marges constatées d’avance (marge bénéficiaire globale fixée dans le contrat de vente par Mourabaha) ont totalisé un encours de 7,25 MMDH à fin avril 2020, précise la Banque centrale. L’encours de dépôts, indicateur phare de l’activité du secteur bancaire, affiche aussi des performances en bonne mine, les dépôts à vue ayant atteint 2,66 MMDH (+50%) et les dépôts d’investissements ont grimpé à 562,82 MDH.

“La finance participative au Maroc est un secteur qui demeure juvénile mais à fort taux de croissance. En effet, les données publiées par la Banque centrale font ressortir que le secteur connaît une évolution spectaculaire à deux chiffres”, fait observer Zakaria Meliani, Professeur universitaire à la faculté des sciences juridiques économiques et sociales, Mohammedia.

Face à cette situation confortable et à fort potentiel, et dans un monde où la position géographique et la règle de droit sont devenues un moyen de drainage de fonds et de compétitivité économique, le Maroc peut jouer un rôle de leader financier en la matière, estime l’universitaire.

Et de relever: “Le Maroc peut profiter de l’effervescence accrue de cette industrie financière éthique et de la manne providentielle qu’elle engendre. Avec peu d’adaptations législatives, le pays peut devenir l’acteur africain et arabe majeur dans ce secteur”.

Toutefois, l’universitaire a jugé nécessaire un effort d’innovation pour mettre à niveau l’offre de la finance participative. “Les techniques de financements utilisées dans la finance participative sont empruntées, pour la plupart, au droit des ventes, cette industrie financière est tenue d’innover normativement et financièrement”.

M. Meliani a également appelé à mettre à profit cette industrie naissante et de saisir les opportunités qui en découlent. “La finance participative pourrait attirer des financements pétrodollars de masse et contribuer à dynamiser l’économie locale en général et doper le secteur immobilier en particulier”.

Pour Youssef Baghdadi, président du directoire de Bank Assafa, les réalisations des banques participatives qui sont au bout de leur troisième année d’activité sont satisfaisantes malgré leur démarrage dans un écosystème en cours de construction (Absence de Takaful, absence d’instruments participatifs pour un refinancement compétitif, offre produit très limitée, etc).

Pour une montée en compétence rapide du secteur, le manager a jugé nécessaire la mise en place des instruments de financement compétitifs, notant qu’il faut arriver à construire un marché financier participatif avec un indice boursier participatif permettant de drainer des investisseurs à la recherche de ce modèle.

En 2019, la Banque centrale a continué d’accompagner le développement de l’industrie de la finance participative sur le plan réglementaire en délivrant, notamment, à la Caisse Centrale de Garantie (CCG) un agrément à l’effet d’exercer, à travers une fenêtre dédiée baptisée “Sanad Tamwil” les activités de la garantie participative.

Bank Al-Maghrib a accompagné la CCG dans le processus de soumission et d’examen au Conseil Supérieur des Ouléma de la documentation contractuelle des produits de garantie, de financement et de soutien.

Ainsi, quatre produits de garantie participative de la CCG, portant sur le financement de l’habitat et la très petite, petite et moyenne entreprise (TPME), ont vu le jour pour promouvoir et faciliter l’accès au mode de financement participatif pour les ménages désirant acquérir leurs logements ou les entrepreneurs pour le financement de leurs projets.

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