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La reconversion professionnelle, biaisée ou prisée ?

– Par Ghita AZZOUZI –

A la recherche de l’épanouissement, d’une carrière plus prometteuse, d’une situation financière plus stable ou à la conquête de nouveaux challenges, qui n’a pas envisagé à un moment ou un autre de changer de métier, de suive sa vocation et de vivre sa passion ?

“Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie”, une citation du philosophe Confucius qui motiverait des milliers de personnes à couper les ponts avec leurs carrières professionnelles et à se lancer dans une nouvelle aventure avec l’espoir de donner un autre tournant à leur vie. Toutefois, changer de métier n’est jamais un pas facile à entreprendre ni une expérience simple à vivre.

Auparavant perçu comme un accident de parcours, un saut dans l’inconnu ou même un échec flagrant, le recours à la reconversion professionnelle était très peu prisé voire quasi inexistant. Ce n’est qu’au cours de cette dernière décennie que cette pratique est devenue monnaie courante.

Par ailleurs, la crise sanitaire actuelle a relancé un débat et une réflexion profonds par rapport au recours à la réorientation professionnelle. Certains y voient l’occasion de changer de casquette tandis que d’autres estiment qu’il ne faut en aucun cas quitter son poste étant donné le manque de visibilité par rapport à l’avenir.

Le consultant formateur, coach en développement personnel et ex-Directeur des RH, Rachid Chahid, estime que ces temps de pandémie constituent l’occasion d’avoir une réflexion en profondeur et de se poser les bonnes questions par rapport à sa carrière professionnelle.

M. Chahid, qui est lui même passé par une reconversion professionnelle, confie à la MAP que cette expérience est un grand changement dans la vie d’une personne, notant que la réussite de ce changement est conditionnée par le fait de se faire accompagner par des spécialistes.

Il préconise dans ce sens de savoir aller vers l’essentiel, d’identifier ses priorités, de les définir et de voir si ça colle avec ses valeurs, tout en mettant l’accent sur l’échange avec des experts dans le domaine qui feront des bilans de compétences et identifieront la vocation de chacun.

“La reconversion est importante si l’on a le courage de le faire une fois dans sa vie, mais malheureusement les gens ne le font pas, ils préfèrent rester dans leur zone de confort, accepter leur situation jusqu’à l’arrivée à l’âge de la retraite sans déployer aucun effort de changement”, fait valoir le coach en développement personnel.

De son avis d’ex directeur des ressources humaines, les recruteurs privilégient des profils qui se sont reconvertis une ou deux fois dans leur carrière et perçoivent ceux qui sont investis par un désir de le faire de temps à autre comme étant indécis et incapables de savoir réellement ce qu’ils veulent.

Pour sa part, Adib Chikhi, formateur professionnel, conseiller de carrière et directeur d’un cabinet de conseil en ressources humaines et organisation, considère que la crise sanitaire actuelle, en dépit de ses conséquences économiques, cache de grandes opportunités de business et peut être le bon moment de se former, d’investir et de se convertir du fait que la crise engendre de nouveaux besoins et celui qui saura y répondre marquera certainement le pas.

M. Chikhi décrit la reconversion professionnelle comme étant un exercice qui n’est pas facile à la portée de tous, relevant qu’il est primordial de prendre son temps, de ne pas agir exclusivement sous le coup de l’émotion et que le plus important est d’éviter l’échec.

L’échec d’une reconversion, assure-t-il, repose souvent sur une mauvaise préparation ou un manque de formation, préconisant dans ce cadre un bilan de compétences qui servira à diagnostiquer les vraies motivations de la personne.

“Ce n’est pas parce que la personne est reconnue être un excellent expert dans son domaine qu’elle peut se révéler être un excellent reconverti”, a affirmé le conseiller de carrière dans une déclaration à la MAP.

M. Chikhi a en outre précisé que la réussite de cette transition nécessite certes une bonne préparation mais dépend en grande partie de la psychologie et notamment du mental du reconverti, soulignant qu’”un oiseau qui pense ne pas pouvoir voler, va certainement tomber !”.

L’expert a, par ailleurs, indiqué que les recruteurs favorisent davantage la reconversion linéaire, c’est à dire des profils spécialistes et polyvalents qui gardent le même statut mais changent de poste ou de métier, ajoutant qu’ils ne cherchent pas une personne qui est pleinement animée par la reconversion non linéaire ou apte à la réaliser puisque cela est considéré comme un manque de motivation de sa part.

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