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L’artisan doit être formé et accompagné pour devenir entrepreneur

Casablanca – L’accompagnement de l’artisan marocain vers l’entreprenariat requiert une formation et un encadrement adéquats ainsi qu’un accès facilité au marché, ont relevé les participants à un webinaire organisé récemment par l’Institut de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG).

L’artisan est appelé à intégrer une dimension managériale pour endosser le statut d’entrepreneur et doit être encadré et formé pour devenir entrepreneur, voire un manager, ont-ils souligné lors de cette rencontre virtuelle tenue sous le thème “Et si l’artisan marocain devenait chef d’entreprise ?”.

Intervenant à cette occasion, le directeur général de la Maison de l’artisan, Tarik Sadiq, a noté que le secteur de l’artisanat contribue fortement au rayonnement du Maroc à l’international, ajoutant qu’il s’agit d’un outil important pour véhiculer l’image du Royaume et ses valeurs d’ouverture et de tolérance.

Il a également relevé que ce secteur au Maroc est caractérisé par sa diversité et la multiplicité de ses acteurs, évoquant trois grandes familles d’opérateurs, l’artisan individuel, les coopératives d’artisanes, et les entreprises.

“L’écosystème de l’activité regroupe bien évidemment l’étude de marché, la R&D, la production, distribution, et la commercialisation, en plus des acteurs d’influence et de communication”, a-t-il ajouté.

A cet égard, il a fait savoir que toute cette chaine de valeur contribue à trois grandes lignes, notamment le côté économique, avec plus de 2 millions de personnes opérant dans ce secteur, qui génère approximativement 70 milliards de dirhams de chiffres d’affaires, dont 1% réalisé à l’export, ce qui constitue une véritable niche de création de richesse.

Le secteur contribue aussi au niveau social, a-t-il poursuivi, notant qu’à l’inverse des autres secteurs qui nécessitent de gros investissements, l’artisanat irrigue facilement l’ensemble du territoire national.

Pour sa part, le directeur du bureau Maghreb de l’International Finance corporation (IFC) du Groupe de la Banque mondiale, Xavier Reille, a indiqué que la puissance du secteur en termes de création d’emplois et de possibilités d’exportation sont énormes, affirmant, par ailleurs, que ça constitue également le patrimoine d’un pays et son ADN culturel et social.

M. Reille a, en outre, souligné que pour accompagner l’artisan à devenir entrepreneur, il faut avoir un projet qui a un caractère économique et commercial, puis l’adapter à la forme juridique définie, notamment le statut de l’entrepreneur qui peut être utilisé pour démarrer.

L’accompagnement de l’artisan vers l’entreprenariat doit être également basé sur une incitation de 4 ordres, à savoir les politiques publiques, l’accompagnement et la promotion des filières artisanales, la formation, puis l’accès au marché (commande publique et l’export), a-t-il fait valoir.

S’agissant de la marque Maroc, M. Reille a indiqué qu’il faut avoir une vraie politique artisanale pour transformer cette image de marque en marque, qui sera un levier d’exportation de rayonnement du Maroc à l’international.

“Pas de marque Maroc sans grands champions marocains d’artisanat”, a-t-il estimé, notant qu’il faut faire émerger une vingtaine ou trentaine de champions pour tirer cette filière vers le haut.

Il a également mis en avant l’importance de la recherche et développement (R&D) et de l’investissement dans le design et l’adapter aux besoins du marché.

De son côté, l’experte en développement humain et social, Aziza Laouad, a affirmé que “l’artisanat est quelque chose d’assez ancré dans un territoire donné qui reflète la culture d’une nation”.

Selon une étude benchmark qu’elle a menée sur le profil de l’artisan et l’entrepreneur, Mme Laouad a noté qu’un artisan se caractérise par la maitrise de l’art, et qui a beaucoup d’ambitions, tout comme les jeunes entrepreneurs.

L’artisan, a-t-elle dit, ressent les mêmes besoins de sécurité et de réalisation de soi qu’un entrepreneur, et se soucie de la pérennisation de son activité, sauf que chez l’artisan la stratégie est remplacée par la vision, qui se traduit par des actions réactives plutôt qu’une planification.

Pour elle, l’artisan doit intégrer une dimension managériale pour endosser le statut d’entrepreneur, et doit être encadré et formé, pour le conforter dans un statut d’entrepreneur, voire d’un manager.

Le président fondateur de la start-up “Miraty” Youssef Ghalem a, quant à lui, indiqué que l’artisanat est synonyme de culture, d’histoire, d’art, d’authenticité, relevant qu’il a aussi un côté humain, vu le travail rapproché avec les artisans.

Pour son projet, il a précisé qu’il a démarré sa start-up en 2017, dans une vision de commercialiser et préserver l’artisanat marocain.

M. Ghalem a précisé qu’il n’a jamais été artisan, mais a détecté une opportunité dans ce créneau qu’il a traduite en projet, notant par ailleurs, que “pour pérenniser son business, il faut tout d’abord être passionné, avoir un produit qui répond aux exigences d’un marché bien ciblé, et établir une confiance avec la clientèle pour bâtir une réputation”.

L’Institut CDG est un laboratoire d’idées et un espace de réflexion et de débat autour des problématiques qui animent la sphère économique et sociale nationale.

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