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Le Brexit, une opportunité pour le Maroc (Karim Tazi)

Propos recueillis par Hasnaa ELAKKANI

Casablanca – Le président de la commission Environnement des affaires de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), s’exprime en trois questions sur l’avenir des relations entre le Maroc et le Royaume-Uni après le Brexit.

1. Comment le Maroc peut-il envisager le Brexit comme une opportunité?

Le Brexit constitue une opportunité pour le Maroc dans la mesure où le pays disposera d’une période transitoire afin de continuer le dialogue stratégique entamé avec la Grande-Bretagne et parvenir à conclure des accords servant les intérêts des deux parties (gagnant-gagnant), et clarifiant les conditions d’écoulement des exportations marocaines.

A rappeler dans ce sens que le Maroc et le Royaume-Uni ont signé en octobre 2019 l’accord d’association qui vise à assurer la continuité des relations entre les deux pays à la suite de la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne.

Cet accord bilatéral reprend l’ensemble des avantages que les deux pays s’accordaient mutuellement dans le cadre de l’Accord d’Association Maroc-UE.

Les accords signés entre les deux pays portent essentiellement sur une association entre Royaume du Maroc et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, qui est en fait un accord cadre global restituant dans le contexte des relations bilatérales entre le Maroc et le Royaume Uni, l’ensemble des avantages qu’ils s’accordaient mutuellement dans le cadre de l’Accord d’Association Maroc-UE.

Il s’agit aussi d’un mécanisme de règlement des différends et, d’autre part, accord mutuel sur l’accès au marché britannique de l’ensemble des produits issus, notamment, du Sahara marocain.

2. Les entreprises Marocaines sont-elles prêtes à capter ou à accompagner d’éventuels investissements britanniques au Maroc ?

Du fait du Brexit, les opérateurs britanniques disposent d’une opportunité pour se repositionner en tant que nouvelle force économique et politique indépendante de l’UE.

Les entreprises marocaines sont ainsi disposées à coopérer avec leurs homologues britanniques afin de tirer profit du nouvel accord à travers des projets de co-développement et de co-industrialisation (joint-venture).

Des mémorandums d’entente ont été signés entre les deux Royaumes qui visent notamment à mettre en place un cadre favorable pour la réussite de l’accord Maroc-Royaume Uni.

Ces mémorandums visent notamment d’une part la création d’un groupe de travail chargé d’étudier les moyens de booster les investissements entre les deux pays et d’autre part, de dynamiser les échanges dans plusieurs secteurs d’activité.

3. Comment la CGEM se prépare pour entamer le post-Brexit?

L’accord signé entre le Royaume du Maroc et le Royaume Uni devrait garantir le minimum syndical de l’accord conclu entre le Maroc et l’UE. Dans les faits, l’accord conclu a été construit sur le même modèle que l’accord qui avait été conclu précédemment avec l’UE.

Cet accord, dans sa mouture actuelle, ne rentrera en application qu’après avoir été définitivement adopté par le parlement des deux pays.

Cette période transitoire et les clauses de rendez-vous prévues dans l’accord permettront à la partie marocaine de continuer le dialogue stratégique avec son homologue britannique et renégocier les termes de l’accord afin d’augmenter le volume des exportations marocaines et garantir de meilleures conditions d’accès au secteur agricole notamment.

La CGEM pense que le nouvel accord signé doit être basé sur une complémentarité des économies en garantissant des avantages compétitifs aux entreprises Marocaines par rapport aux autres pays. Il s’agit de développer une relation commerciale profitable aux deux Royaumes.

En outre, les dispositions relatives aux règles d’origine doivent être révisées et assouplies au niveau du nouvel accord afin de permettre une progression des exportations marocaines. On peut citer à titre d’exemple le secteur du textile où la contraignante condition de “double transformation” (tissage et confection) est nécessaire pour bénéficier des conditions tarifaires avantageuses de l’accord de libre-échange Maroc-UE.

Par ailleurs, la CGEM et le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale ont organisé en janvier dernier à Londres un dialogue des affaires Maroc – Royaume Uni qui a vu la participation de 116 entreprises marocaines et 225 entreprises britanniques.

Voir aussi:

Nador: Le trafic portuaire atteint 2,6MT à fin septembre

Zin El Abidine TAIMOURI

Commerce frontalier en Afrique: Nécessité d’une stratégie de “transformation digitale” (DG de PortNet)

Samia BOUFOUS

Débat en commission sur le PLF 2022

Hassnaa EL AKKANI