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Le foncier industriel au service de l’Automobile

Par Youness Akrim

Casablanca – Le lancement du projet d’extension de la Zone d’Accélération Industrielle (ZAI) de Kénitra illustre éloquemment le rôle capital du foncier industriel en matière d’éclosion d’écosystèmes intégrés pourvoyeurs d’emplois et catalyseurs d’intégration locale.

En effet, cette zone remplie à 94% par des opérateurs de renom implantés autour du groupe automobile PSA s’agrandira de 96 hectares additionnels pour accueillir à bras ouverts de nouveaux investisseurs en quête de croissance et de partenariats à forte valeur ajoutée.

Dernier arrivé à cette zone, l’équipementier automobile américain Adient qui compte investir pas moins de 15,5 millions d’euros (M€) pour mettre en place une nouvelle unité de production de coiffes pour approvisionner des Géants de l’automobile comme PSA, VW et Toyota.

Conscient du rôle du foncier industriel en matière d’appui à l’investissement, le ministère de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique avait mis en ligne un portail internet dédié au profit des investisseurs accessible à partir de l’adresse (www.zonesindustrielles.ma).

Cette plateforme digitale, première de son genre au Maroc, a été pensée pour répondre aux besoins de l’investisseur en matière d’accès à l’information, en mettant à sa disposition un panel de données particulièrement étendu sur le foncier industriel.

Elle a, ainsi, pour vocation d’éclairer les opérateurs sur les disponibilités en zones industrielles afin de les aider dans la prise de décision et à augmenter la transparence et la visibilité du foncier industriel, au service de l’acte d’investir.

Sans doute, l’automobile, un des secteurs clés sur lesquels mise le Plan d’accélération Industrielle (PAI), présente une véritable success story qui a bénéficié largement de l’attrait des manufacturiers pour de telles zones, érigeant le Royaume en un hub incontournable de l’industrie automobile.

Selon les derniers chiffres officiels, le secteur a créé près de 150.000 emplois à fin 2019, dépassant de loin l’objectif fixé de 90.000 emplois et contribuant à hauteur de 30% du total des emplois créés dans le cadre du PAI. Avec un objectif d’intégration locale de 65% à terme, le secteur automobile semble avancer à pas sûrs en réalisant 60% à fin 2019.

L’écosystème PSA implanté dans la ZAI de Kenitra qui regroupe un tissu d’équipementiers de classe mondiale, a surperformé également en matière d’emploi, en créant 5.821 postes contre 5.000 prévus initialement, et aussi sur le plan d’intégration locale avec plus de 800 millions d’euros d’achat de pièces usinés au Maroc.

“Le parc industriel qui abrite l’écosystème de PSA – Citroën de la province de Kenitra sera agrandi de 96 hectares supplémentaires pour accompagner la montée en puissance de la production et permettre l’installation de nouveaux équipementiers internationaux et marocains”, souligne Abdelghani Youmni, économiste et spécialiste des politiques publiques, rappelant que cette ZAI compte aujourd’hui plus 49 sociétés pour un investissement de 20 milliards de DH et une création de 36.571 emplois directs.

Pour le Maroc, l’industrie automobile est un nouveau gisement de croissance et une réelle mine d’or pour le développement technologique et la montée en compétences et en ingénierie de production et de supply Chain, analyse-t-il.

Et de faire valoir: “D’une capacité de 90.000 véhicules au début des années 2000, le Maroc pourrait atteindre une production cumulée de 700.000 véhicules par an pour un taux d’intégration avoisinant les 80% à l’horizon”.

Cette mutation n’est pas un concours de circonstances mais un aboutissement lié à la réussite des réformes structurelles de l’économie du pays, à sa politique volontariste de bâtir des infrastructures d’accueil des IDE, aux politiques visionnaires de partenariat public-privé et au concours de la mobilisation du foncier, de dispositifs incitatifs de formation et d’une fiscalité accommodante, ajoute-t-il.

Évoquant une conjoncture propice aux partenariats dans la zone méditerranéenne, l’économiste a anticipé la naissance de villes industrielles et logistiques qui se transformeraient rapidement en métropoles profitant des délocalisations partielles et offrant un avantage comparatif séduisant pour les constructeurs automobiles. “Constructeurs qui se trouvent contraints à délocaliser face à la concurrence mondiale effrénée et à la pression des actionnaires qui priorisent la maximisation des dividendes et la valorisation des cours boursiers”, dit-il.

S’il est vrai que cette externalisation de fragments de production intégrés dans une même chaîne de valeur profite au Maroc, aux industriels et aux actionnaires, M. Youmni a estimé qu’”il est tout autant vrai qu’être proche géographiquement et moins coûteux n’est pas synonyme de viabilité du modèle”.

“Investir dans les émulations créatives pour renforcer les partenariats entre les centres de recherches scientifiques et les sites de production et d’innovation est la seule issue pour occuper une position stratégique dans la chaîne de valeur”, conclut l’économiste.

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