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Le football, un vecteur de développement pour l’Afrique

Le football est un vecteur de développement pour l’Afrique, a indiqué Eric Eugene Murangwa, MBE, ancien footballeur international rwandais, rescapé du génocide.

“Pour nous, citoyens Africains, le sport n’est pas seulement une passion, mais un moteur qui peut rehausser l’image de notre continent et accélérer sa transformation économique”, écrit dans un article M. Murangwa, Fondateur et directeur général de la Fondation Ishami.

“Le football m’a sauvé la vie. Je n’exagère rien. En 1994, au moment du génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda, je jouais pour Rayon Sports, la meilleure équipe de football du Rwanda. Grâce au courage de mes coéquipiers, qui m’ont protégé, j’ai survécu”, a-t-il affirmé.

“Après le génocide, le sport, en particulier le football, est devenu l’une des clés de la reconstruction du pays. Depuis lors, j’ai acquis la conviction que le sport a le pouvoir de transformer la société et de reconstruire les nations. Près de trente ans plus tard, alors que j’assistais à l’inauguration du 73e Congrès de la FIFA à Kigali, au Rwanda, le 16 mars, j’ai ressenti le même espoir, mais cette fois pour l’Afrique entière”, a-t-il souligné.

Un vent de changement

Selon cet ancien footballeur, l’Assemblée générale de la FIFA n’était pas seulement importante pour le Rwanda, mais pour l’ensemble du continent.

Deux jours avant cette Assemblée à Kigali, le Président de la FIFA, Gianni Infantino, avait fait l’éloge de la gouvernance inspirante de deux des dirigeants les plus importants d’Afrique lors d’une cérémonie spéciale au cours de laquelle la Confédération Africaine de Football (CAF) a décerné à Son Excellence Paul Kagame, Président de la République du Rwanda, et à Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Maroc le Prix de l’Excellence pour les réalisations exceptionnelles en reconnaissance de leurs contributions à l’avancement du football africain, a-t-il rappelé.

M. Murangwa estime que la rencontre de la FIFA – dont c’était le premier congrès électif organisé sur le continent africain – a presque doublé le nombre de places disponibles pour les équipes africaines à la Coupe du monde.

“Cette décision reflète le rôle grandissant de l’Afrique dans le football mondial. Autrefois, nous étions des exportateurs de talents bruts. Nos clubs et nos équipes nationales étaient, pour la plupart, pris en charge par des entraîneurs non africains. Mais désormais les choses ont commencé à bouger”, a-t-il relevé.

“Ainsi, le Sénégal vient de remporter la Coupe d’Afrique des Nations avec à sa tête un entraîneur sénégalais. En fait, toutes les équipes nationales africaines présentes lors de la dernière Coupe du monde avaient des coachs africains”, a-t-il ajouté.

Pour lui, “l’écosystème que nous sommes en train de construire autour du sport professionnel pourrait, dans un avenir proche, permettre à nos meilleurs joueurs de faire carrière en Afrique, sans avoir à s’exiler pour atteindre leur plein potentiel”.

Un autre exemple est celui du Maroc, dont le panafricanisme n’est plus à démontrer, a affirmé M. Murangwa.

“Sous la direction d’un sélectionneur marocain, Walid Regragui, le pays est entré dans l’histoire en devenant la première nation africaine à atteindre les demi-finales de la Coupe du monde en 2022. Le pays fait également partie des candidats à l’organisation de la Coupe du monde 2030. Vingt ans après l’Afrique du Sud, l’Afrique pourrait à nouveau accueillir la compétition sur le continent”, a-t-il souligné.

S’inspirer les uns les autres

Par ailleurs, a-t-il fait observer, “le Congrès de la FIFA montre la puissance de la collaboration pour atteindre un objectif commun ou, comme nous l’appelons en Kinyarwanda, “Umuganda”. Ce n’est qu’en unissant nos efforts en tant que continent que nous pourrons faire progresser notre sport”.

“Prenons l’exemple de la Basketball Africa League (BAL), où les champions nationaux africains s’affrontent pour un titre continental. L’année dernière, les infrastructures de pointe du Sénégal ont accueilli une partie de la compétition, et “Visit Rwanda” était l’un des principaux sponsors des matchs de la BAL qui se sont déroulés à Dakar. Le partenariat entre Visit Rwanda et BAL, qui visait le public africain, témoigne de l’engagement du Rwanda en faveur de la libre circulation des Africains sur le continent”, a-t-il ajouté.

Au-delà de cela, a-t-il noté, la BAL prouve que les compétitions panafricaines sont une source de talents, d’opportunités commerciales et d’investissements dans la publicité, la radiodiffusion et la vente de produits dérivés.

 

Changer l’image de l’Afrique

Selon M. Murangwa, l’Afrique est le continent le plus jeune de la planète, avec 60 % de sa population âgée de moins de 25 ans, et elle devrait doubler d’ici 2050. “Nous ne pourrons assurer notre avenir que si nous sommes en mesure de garantir des emplois à nos jeunes. Investir dans le sport nous permettra d’atteindre cet objectif, tout en tirant parti de la formidable réserve de talents inexploités qui existe sur le continent”, a-t-il affirmé.

“Par exemple, le Tour du Rwanda, qui n’était jusqu’en 2008 qu’un événement national populaire, attire est aujourd’hui l’une des compétitions cyclistes les plus populaires au monde, attirant les meilleurs athlètes du monde entier. Cette évolution n’est pas le fruit du hasard : elle est le résultat d’efforts et d’investissements délibérés. Et je suis convaincu que nous ferons la fierté du continent lorsque nous accueillerons, pour la première fois en Afrique, les Championnats du monde de cyclisme en 2025”, a-t-il souligné.

“Alors que l’image de l’Afrique véhiculée par les médias occidentaux reste trop souvent négative, je ne peux qu’espérer que nos partenaires internationaux suivent l’exemple de la FIFA et continuent à supporter notre vision”, a-t-il ajouté.

“Les années que j’ai passées à former de jeunes joueurs au Rwanda et dans toute l’Afrique m’ont fait prendre conscience du formidable potentiel de notre continent. Il ne peut pas être gaspillé. Plus d’investissements et moins de charité : voilà l’Afrique que nous voulons”, conclut l’article.

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