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Le secteur coopératif, boosteur indubitable d’emplois

Vecteurs de développement économique et d’émancipation sociale, les coopératives se veulent, en tout temps, des sources intarissables d’emplois plus particulièrement pour les jeunes et les femmes.

En ces temps de crise où les problèmes sociaux, notamment le chômage des jeunes, s’amassent sans précédent, le système coopératif s’avère ainsi l’une des formes d’organisations économiquement efficientes capables de générer un emploi et un revenu stable pour une large frange de la population.

Le Maroc s’est engagé fortement dans ce créneau à même de résorber le taux des chômeurs et leur paupérisation et stimuler l’emploi. Il a entrepris une multitude d’actions dans plusieurs secteurs entraînant une forte réactivité et un dynamisme louable, notamment dans le milieu rural, en mesure d’organiser les secteurs productifs informels et valoriser les produits du terroir.

“Il est certain que le travail coopératif durant les dernières décennies est plus qu’encourageant où le nombre de coopératives ainsi que leurs adhérents a connu une croissance exponentielle tout en sachant qu’elles ont couvert jusque-là des domaines d’activité multiples et variés”, a souligné, dans une interview accordée à la MAP, Mohammed Belkasseh, professeur de finance à l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion (ENCG) de Settat.

Plus de 17% des coopératives marocaines sont strictement féminines, a rappelé M. Belkasseh, notant que ceci révèle le potentiel énorme du secteur coopératif marocain à drainer l’énergie individuelle des femmes et des hommes en chômage vers des initiatives collectives où l’accès au travail se voit débloqué surtout pour les jeunes qui, le plus souvent, se heurtent aux conditions standardisées de recrutement dans le marché du travail basées sur les objectifs de productivité et sont alors systématiquement exclus à défaut d’expérience.

Il a, aussi, mis en avant l’importance du travail de sensibilisation, d’accompagnement par les organismes de tutelle et leur supervision, voire coordination durant tout le cycle de vie de la coopérative, particulièrement en ces temps de crise. “Cela permettrait de mieux maîtriser ce genre d’initiatives par les pouvoirs publics, de prévenir leurs dysfonctionnements et surtout de mieux les orienter vers les activités soutenant significativement l’absorption du chômage dans le pays”, a-t-il soutenu.

Dans cet esprit, une initiative qui concerne le secteur artisanal a été mise sur les rails récemment prônant la dynamisation des coopératives. Il s’agit de la commercialisation des produits de l’artisanat dans 12 centres commerciaux au niveau du Royaume pour valoriser des projets engagés par les coopératives et harmoniser la qualité de leurs produits mis en vente.

Initiée par le ministère du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale, qui tient fermement à la dynamisation du secteur coopératif, cette action a pour objectifs d’offrir une opportunité aux artisans pour améliorer leurs revenus et de les mieux préparés pour accéder aux marchés, notamment à travers les opportunités offertes par les grandes et moyennes surfaces de distribution.

Dans la même approche, l’Agence pour le développement agricole (ADA) ne cesse d’apporter son soutien au profit des groupements producteurs des produits du terroir qui représentent des centaines de coopératives en veillant, notamment, à la mise en œuvre de conventions de partenariat scellées avec de grandes enseignes de la distribution à travers l’organisation de plusieurs rencontres B to B entre les groupements des produits du terroir et les acheteurs desdites enseignes.

 

Les coopératives, vers un modèle “business”…

L’accompagnement et l’encadrement des coopératives s’avèrent ainsi une nécessité. Le conseil agricole ou artisanal, le renforcement des atouts techniques et des compétences managériales des coopératives, la promotion et la commercialisation des produits du secteur, l’appui à la labellisation, sont, des actions, parmi d’autres, qui permettraient de transformer les coopératives en véritables entreprises et de s’orienter vers le modèle “Business”.

“Les coopératives recèlent une occasion inédite d’initiation à l’esprit des affaires, en premier lieu, ce qui augmenterait les chances de réussite de l’action entrepreneuriale”, a souligné M. Belkasseh, qui est également consultant financier chez Arithmetica Advisory.

Ainsi, le premier levier à actionner serait la sensibilisation à l’investissement qu’elle incarne en tant qu’entreprise collective, a-t-il estimé. “Cette dernière où la transparence, la démocratie et l’équité, surtout en référence au droit de vote équitable abstraction faite des apports, en font une expérience entrepreneuriale inédite où chacun des contributeurs-travailleurs œuvre pour l’intérêt général de la communauté”, a-t-il soutenu.

Deuxièmement, et en vue de leur permettre de tirer le meilleur parti de leur expérience, le professeur a noté que les coopératives auraient besoin d’un vrai écosystème autour d’elles les encadrant financièrement, comptablement, fiscalement et juridiquement. “Ceci leur permettrait d’abord d’assurer un niveau acceptable de leur propre conformité et par la même de gagner la confiance de partenaires potentiels”, a-t-il expliqué.

Et de poursuivre que les coopératives ne doivent pas être exclusivement dédiées à l’agriculture, produits du terroir, production laitière.. des domaines qui représentent à fin juin 2020 près de 64% des coopératives créées rassemblant environ 71% de tout le tissu des adhérents des coopératives au Maroc”.

Le professeur a, à cet effet, précisé que le secteur coopératif pourrait très bien porter sur toutes les activités créatrices d’emploi et de richesse sans exception comme n’importe quel autre business à part entière. “A ce niveau, l’émergence de coopératives dans des domaines comme l’exploitation des mines et carrières, la consommation et le traitement des déchets est particulièrement encourageante”, a-t-il dit.

Ainsi, l’inscription du secteur coopératif dans l’esprit entrepreneurial permettrait de pérenniser les projets des coopératives, de les valoriser davantage, de s’ouvrir sur d’autres marchés, mais aussi de calquer “les success stories” aux niveaux local, régional mais également international.

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