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Le textile marocain: un secteur “résilient”

Rabat – La résilience de l’industrie du textile au Maroc et la capacité de résilience des opérateurs du secteur ont été mises en exergue, mercredi, lors du 3ème Rendez-vous de l’Industrie, organisé par le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie verte et numérique.

Cet événement, qui a connu la participation de divers opérateurs du secteur aussi bien marocains qu’étrangers installés dans le Royaume, a permis de braquer les projecteurs sur les réalisations du textile national, notamment dans le cadre du Plan d’accélération industrielle (PAI) et d’identifier les principaux et futurs enjeux inhérents à son développement.

A cette occasion, le directeur général de l’Industrie au ministère, Ali Seddiki, qui s’exprimait sur le rôle du PAI dans la dynamisation du secteur, a indiqué que le partenariat public-privé se trouve au cœur de la structuration des écosystèmes du secteur.

Ainsi, grâce à la mise en concordance des enjeux et des engagements, c’est un univers de production performant qui s’est mis en marche, a-t-il dit, citant de ce fait six écosystèmes qui ont été mis en œuvre dans le cadre du PAI. Il s’agit du “fast fashion”, “maille”, “l’écosystème distributeur”, “l’écosystème denim”, “l’écosystème textile à usage technique” et “le textile de maison”.

M. Seddiki a salué le fort engagement du secteur privé pour la réalisation d’importants investissements, la création et la préservation des emplois, le renforcement des exportations, ou encore le développement et la valorisation des marques marocaines.

Pour sa part, le Président de l’Association Marocaine des Industries du Textile et de l’Habillement (AMITH), Mohamed Boubouh, a souligné que le secteur textile et habillement est le premier employeur de la main-d’œuvre au Maroc, notant que la crise du covid-19 a démontré l’importance du secteur et son rôle socio-économique.

Avec 1.628 entreprises employant 189.000 personnes, soit 22% des emplois au niveau national, ce secteur permet de générer un chiffre d’affaires de 50,48 milliards de dirhams (MMDH) et de 36,5 MMDH à export, ainsi qu’une valeur ajoutée de 15,88 MMDH.

“En réponse à l’appel Royal de riposte à la crise sanitaire, la mobilisation du secteur a permis au Maroc de pallier aux besoins par la voie de la fabrication locale. Avec l’appui du ministère, les textiliens sont parvenus à fabriquer des masques en un temps record”, a indiqué M. Boubouh.

Citant les enjeux auxquels le secteur fait face, il a relevé que les textiliens marocains doivent renforcer l’amont et innover.

“Les donneurs d’ordre savent très bien, aujourd’hui, que le problème, ce n’est pas produire, mais vendre”, a indiqué le Président de l’AMITH. Alors, pour passer de la sous-traitance au produit fini, la créativité s’impose en critère essentiel.

Un autre enjeu soulevé par le responsable est celui de l’industrie verte. “Avant, c’était un plus, maintenant, c’est une nécessité”, a-t-il-dit, notant que les industriels marocains ont saisi l’importance de l’enjeu, d’autant que la taxe carbone européenne est attendue pour 2023.

De son côté, Taha Ghazi, directeur des industries du textile et cuir au ministère, a fait savoir qu’en termes d’emploi, plus de 116.500 postes ont été créés durant la période allant de 2014 à 2020, dépassant l’objectif initial de 100.000 emplois.

M. Ghazi, qui dressait un bilan du secteur durant les dernières années, a fait remarquer que malgré la pandémie, l’année 2020 a vu la création de 10.684 emplois.

En termes d’export, la croissance a été également au rendez-vous avec un chiffre d’affaires additionnel de 5,5 MMDH entre 2014 et 2019, dépassant aussi l’objectif premier fixé à 5 MMDH au niveau des écosystèmes. Durant l’année de la pandémie, le secteur a réussi à réaliser un très bon chiffre d’affaires d’un volume de 28,6 MMDH, a-t-il relevé.

Côté investissements, le responsable a souligné que cette dynamique insufflée par le PAI textile a permis au ministère d’accompagner 203 projets, d’un montant global de 5,4MMDH. A terme, ces projets, répartis sur 8 régions, permettront de générer 31.130 emplois et un chiffre d’affaires de plus de 12 MMDH, dont 8 MMDH à l’export.

Quant à la répartition de ces investissements par segment, c’est celui de la fast fashion et de l’habillement qui s’est accaparé plus de la moitié (52%), a fait observer M. Ghazi, ajoutant qu’en seconde position, avec 17%, se trouve un écosystème qui émerge, à savoir la filière textile à usage technique.

Et de poursuivre que le reste des investissements se répartit sur les autres écosystèmes, en l’occurrence le denim, la maille, le distributeur et le textile de maison.

Par ailleurs, des témoignages ont été livrés par les directeurs des sociétés Soft Tech, Lamatem et Arwamedic qui ont mis en évidence la réactivité dont a fait montre le secteur, à travers une reconversion rapide ayant permis l’émergence d’une nouvelle filière à savoir le textile technique à usage médical.

En matière de commande publique, comme levier vital en faveur du secteur, des exemples concrets ont été présentés dont celui de la Société Crossing et la société Plastima et qui ont démontré notamment l’importance stratégique du renforcement du “made in Morocco” et la renégociation des Accords de libre-échange (ALE).

A cet égard, l’initiative “un million de cartables” a été citée comme un exemple de production marocain, avec des composants entièrement marocains.

A travers la commande publique, mais aussi privée, le secteur consolide, en effet, son développement. A ce sujet, la Directrice sourcing monde Groupe DeFacto, Elif Cam, s’est exprimée sur l’expérience du groupe turc.

“Nous avons produit près d’un million de pièces depuis le début de cette année. Tous ces articles sont fabriqués au Maroc et nous les présentons dans nos boutiques marocaines comme des articles made in Morocco, et c’est pour nous, à présent, une source de fierté”, a-t-elle indiqué, notant que “les fabricants marocains disposent de la meilleure qualité en expertise et en savoir-faire”.

De même, les atouts du secteur ont été mis en relief, et grâce auxquels plusieurs sociétés étrangères ont choisi d’investir au Maroc, comme la société turque Karnawall et l’entreprise chinoise Omega dont les représentants ont mis en lumière les raisons pour lesquelles ont choisi de s’installer au Maroc.

Aussi, les ressources humaines marocaines séduisent par leur qualité les donneurs d’ordre internationaux. A cet effet, le directeur des opérations de Decathlon Maroc, a loué la “main d’œuvre qualifiée et disponible” et puis les infrastructures du Maroc qui sont “exceptionnelles”.

Avec plus de 23%, le Maroc enregistre la plus forte progression des exportations textile vers l’Union européenne (UE) depuis début 2021.

Le ministère de l’Industrie a mis en ligne, en septembre dernier, une banque de projets offrant des opportunités d’investissement. Dans ce cadre, 80 projets d’investissement de plus de 2,5 MMDH ont été retenus pour le secteur du textile, générant près de 9000 emplois. Quant au potentiel prévisionnel du chiffre d’affaires local, il est de 2,47 MMDH et de 3,17 MMDH à l’export.

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