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Les dossiers chauds de la rentrée économique

Casablanca – Face aux incertitudes grandissantes qui planent sur le commerce mondial, le Maroc est appelé à faire preuve de rigueur mais aussi de créativité pour relever les défis auxquels son économie est confrontée notamment la croissance, l’emploi et le changement climatique.

“La rentrée économique du Maroc demeure caractérisée au niveau structurel par la persistance des mêmes contraintes que par le passé”, estime Mohammed Akaaboune, professeur d’économie à l’Université Mohammed V-Souissi.

“En premier lieu, le chômage notamment des jeunes diplômés reste le problème majeur”, indique M. Akaaboune dans une interview à la MAP, ajoutant que les aléas climatiques qui conditionnent la production agricole est un autre problème très important car le taux de croissance de l’économie est largement tributaire de la croissance des activités primaires.

L’universitaire estime aussi que le problème de la gestion de l’eau est de plus en plus problématique aux côtés d’autres questions notamment la formation et la santé publique qui demeurent les domaines nécessitant des réformes profondes.

Parmi les contraintes majeures, M. Akaaboune cite également le poids des dépenses de compensation qui devraient atteindre 13,6 milliards en 2020, et enfin la question du pouvoir d’achat des couches défavorisées et de la classe moyenne qui mérite une “grande attention”.

Interrogé sur la question des aléas climatiques que M. Akaaboune qualifie de contrainte majeure de l’économie marocaine, il estime que l’influence est claire. “Nous avons une corrélation forte entre production agricole et croissance du PIB. Il n’y a cependant à notre avis pas de solution radicale à court et à moyen terme”, dit-il.

De l’avis de M. Akaaboune, “le Maroc peut réduire l’impact des aléas climatiques de façon progressive à travers une politique de rationalisation de la gestion de l’eau”, ajoutant qu’il est temps de repenser la politique de l’eau en sa globalité en orientant les recherches et les investissements vers le dessalement de l’eau de mer par exemple.

De même, il est temps de penser à généraliser l’assainissement des eaux usées et de les utiliser dans les espaces verts par exemple pour économiser l’eau potable, relève-t-il.

Les fluctuations des cours des matières premières et de l’énergie sur les marchés internationaux est une autre contrainte qui pèse sur l’économie marocaine, fait-il observer, notant que cette question mérite davantage d’attention, surtout que le Maroc est un grand importateur de pétrole.

“On pourrait penser à des mécanismes de couverture du risque de volatilité des cours, mais cela ne peut pas résoudre le problème de la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs surtout en matière de pétrole”, souligne-t-il, notant que de ce fait, le développement des énergies renouvelables demeure le domaine alternatif le plus crédible à moyenne et longue échéances.

Évoquant la note de cadrage du projet de loi de Finances 2020, M. Akaaboune a mis l’accent sur le taux de croissance économique de 3,7% basé sur deux hypothèses relatives à deux principaux déterminants à savoir un cours moyen prévisionnel du gaz butane de 350 dollars la tonne et une production céréalière moyenne de 70 millions de quintaux.

Il a rappelé à cet égard que le cours du gaz butane influence les dépenses de compensation et que le niveau de la production céréalière détermine le niveau de croissance économique, estimant que le fait de prendre en considération des niveaux moyens en matière de prix et de production permet une plus grande flexibilité et constitue une mesure de souplesse afin de prévenir les situations extrêmes.

Pour ce qui est des objectifs quantitatifs fixés dans la note du Chef du gouvernement, l’universitaire estime qu’ils pourraient être réalisés, voire même dépassés, si la conjoncture s’avère favorable en 2020.

S’agissant des financements innovants et la mise en place d’investissements efficaces, cela nécessite un suivi de la part de l’administration, explique-t-il.

Et de faire remarquer que le nouveau cadre de partenariat public-privé en matière de financement innovant et d’investissement efficient est perçu par le gouvernement comme une nouvelle nécessité pour améliorer l’efficience des investissements publics. Le but étant la sélection des projets les plus rentables sur le plan social et économique et l’amélioration des mécanismes de suivi de réalisation et de contrôle a posteriori de ces projets.

Tout ceci est raisonnable, a-t-il dit, et vise une plus grande efficience en matière de financement et d’investissement.

En revanche, deux difficultés peuvent cependant être citées. Il s’agit d’abord de la définition et de l’élaboration de ces projets rentables sur le plan social et économique qui n’est pas chose facile à déterminer et ensuite, la mise en œuvre et la réalisation desdits projets.

Tout ceci suppose la présence de ressources humaines ayant de nouvelles compétences en matière de choix des investissements, a-t-il indiqué.

De plus, un “projet rentable sur le plan économique ne l’est pas nécessairement sur le plan social”, a-t-il signalé.

Et de conclure que les “souhaits” présentés dans le cadre du projet de loi de Finances en matière d’investissement et de financement restent ambitieux et généraux, leur réalisation nécessite en revanche la mise en œuvre de mesures procédurales et de méthodologie claires afin d’augmenter les chances de réussite des projets.

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