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LFR, des mesures pour l’Immobilier : Sont-elles suffisantes ?

Par Karima EL OTMANI

Casablanca, Étant parmi les secteurs porteurs de croissance et d’emploi et créateur de valeur ajoutée pour l’économie nationale, l’Immobilier au Maroc a été profondément chamboulé par la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus (Covid-19). D’où la raison de la mobilisation de la Loi de finances rectificatif (LFR) en faveur du secteur.

De nouvelles dispositions ont été introduites à la LFR 2020 visant, à la fois, les acquéreurs et les promoteurs, pour accompagner le secteur de l’immobilier et atténuer les impacts de la propagation du Coronavirus. Ces mesures permettent au secteur de rattraper le retard accusé depuis le déclenchement de la crise sanitaire, de générer une dynamique positive de production, et de booster la relance.

La suspension de l’application du référentiel des prix de l’immobilier, l’exonération totale et la réduction des droits d’enregistrement, l’extension du délai de construction pour les promoteurs immobiliers. Toutes ces mesures réformatrices s’ajoutent à d’autres dispositions fiscales transversales prévues par la loi de finances rectificative 2020 dont celle de la déductibilité des dons au fonds de gestion de la pandémie du Covid-19.

L’objectif est de promouvoir de nouveau le secteur, le redresser et l’orienter vers de nouvelles opportunités. Sauf que, le secteur a besoin d’une refonte plus raffinée, profonde et structurée sur le long-terme. Une réflexion novatrice, planificatrice et surtout anticipative s’impose plus que jamais !

“Le secteur connaissait des difficultés bien avant la pandémie du Covid-19 qui a porté des dommages supplémentaires et considérables au secteur et à toute l’économie nationale. La crise a provoqué un arrêt brutal de toute l’activité dans tout son écosystème, allant de la production à la commercialisation”, a indiqué le président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), Taoufik Kamil, dans une interview à la MAP.

Les charges des structures entrepreneuriales (charges fixes, salaires, factures, traites…) de tout le secteur du bâtiment ont cependant dues être honorées même pendant cet arrêt brutal et l’assèchement des rentrées financières des entreprises, a-t-il ajouté.

Selon lui, la FNPI a réalisé plusieurs analyses et études en y associant un nombre important de propositions concrètes à mettre en place afin de tenter de relancer l’activité. Il s’agit notamment d’encourager les acquéreurs, dont la majorité a un pouvoir d’achat assez réduit, à réaliser leurs acquisitions immobilières, et de réduire les prix des biens à vendre.

Il faut également agir, a-t-il poursuivi, sur la réduction du coût du foncier par la mise en place d’une politique d’urbanisation judicieuse et éclairée sur le long terme, sur la baisse des taux des crédits bancaires, et des délais des procédures administratives qui sont devenues chronophages et lourdes.

L’ensemble de ces mesures ne coûtent strictement rien au budget de l’Etat, permettent une réelle relance de l’activité dans son ensemble et apportent une réponse adaptée à la demande exprimée en logements, a t-il dit, notant que la mise en place urgente d’alternative aux logements sociaux à 250.000 DH HT qui prend fin incessamment est nécessaire, de même qu’une réponse adaptée à la classe moyenne en logements est indispensable.

M. Kamil a fait observer que les mesures apportées par la LFR sont certes encourageantes mais limitées dans le temps. A elles seules, elles ne pourront certainement pas relancer l’activité dans son ensemble. Elles doivent s’accompagner de l’ensemble des mesures citées auparavant, a-t-il insisté.

“Il y a lieu de s’adapter à tout moment aux développements en cours et d’ajuster les orientations et les choix effectués. D’où un effort constant et sans relâche et une intense réflexion toujours novatrice et planificatrice et surtout anticipative. Le recours à des solutions dictées par l’urgence de conditions, pourtant, bien prévisibles, ne sont pas pérennes”, a-t-il estimé.

De son côté, le Fondateur de “www.reponsimmo.com”, Amine Mernissi, a affirmé qu’après la période de confinement consécutive à la crise Covid-19, le secteur de l’immobilier est actuellement en phase de “récupération”, notant que le rythme des transactions peine à retrouver son niveau d’avant crise.

La mise à l’arrêt forcée du secteur a eu des conséquences négatives sur tout l’écosystème de l’immobilier. Cela étant dit, il est permis d’espérer des changements positifs. D’abord, en raison des mesures adoptées en faveur du secteur dans la LFR. Ensuite, au niveau de la nouvelle demande exprimée suite à cette expérience de confinement par les acquéreurs, a-t-il souligné, précisant que 66% des détenteurs d’un appartement ont déclaré vouloir changer d’habitat en raison de l’inadéquation de leur logement à une situation de confinement. Par conséquent, la reprise sera sans doute longue et difficile, mais le marché finira par se redresser.

“À mon sens, il faudrait une vraie politique de relance qui ciblerait les primo-acquéreurs. C’est une population jeune, qui a entre 25 et 35 ans et qui vient de démarrer dans la vie active. C’est un véritable réservoir en terme de potentiel d’acquisition. Elle a besoin cependant d’un cadre fiscal incitatif et d’un financement attractif. Un prêt à taux zéro ou 1% maximum”, a plaidé ce spécialiste du secteur de l’Immobilier.

Ensuite, il y a le marché locatif qui n’est pas assez développé. “Nous avons un marché immobilier qui avance sur une jambe. Car quasiment tourné seulement vers l’achat. Il est indispensable de redynamiser le marché locatif. Ce qui, en passant, donnera de nouvelles opportunités au marché acquéreur”, a relevé M. Mernissi.

Le gouvernement, a-t-il conclu, a fait un effort appréciable dans un contexte de crise touchant divers secteurs de l’économie nationale, et surtout celui de l’Immobilier. Si d’aucun considère ces mesures comme insuffisantes pour redresser le secteur, il n’en demeure pas moins que l’effort doit se poursuivre au niveau de la loi de finances 2021.

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