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L’incertitude tétanise le secteur de la restauration

Bouchra NAJI.

Casablanca – A l’instar des autres secteurs, les restaurants et les cafés de Casablanca peinent à retrouver une activité normale, au bon gré de la situation épidémique loin d’être rassurante, imposant des restrictions draconiennes pour limiter la propagation du  nouveau coronavirus (Covid-19).

Les propriétaires, les gérants et les ouvriers n’arrivent plus à dissimuler leur désarroi face au climat d’incertitude qui semble s’installer sur le long terme. La plupart d’entre eux rencontre toutes les difficultés du monde à joindre les deux bouts et leurs espoirs d’un plan de relance se sont évaporés depuis la reprise de l’activité, en juillet dernier, au terme de près de trois mois drastiques de confinement.

Du haut de ses 46 ans, Hamid, serveur dans un café du quartier de Maarif, se rappelle des “beaux jours” où les clients affluaient en grand nombre vers leur table préférée pour y déguster un thé à la menthe ou un bon café, avant de plonger dans une grille de mots croisés.

“Avant la pandémie, nous avions l’habitude de recevoir des dizaines de clients par jour, la machine à café ne s’arrêtant jamais”, confie-t-il, soulignant que les uns prenaient place à la terrasse pour prendre le petit déjeuner, alors que d’autres échangeaient entre eux autour d’une boisson chaude ou un jus bien frais.

Comme tous ses pairs dans la profession, Hamid ne comptait pas sur son salaire dérisoire (1500 DH la quinzaine) pour entretenir sa famille. En temps normal, il pouvait dégager jusqu’à 300 DH de pourboires, de quoi subvenir aux besoins de ses trois enfants et se payer de petites folies.

Depuis le mois d’avril, la vie a basculé vers “un cauchemar”, puisque tous les établissements ont été fermés conformément aux directives du gouvernement qui a imposé plusieurs mesures restrictives, en vue de faire face à la propagation du coronavirus. “Soudainement, j’ai été privé de ma seule source de revenu et je me suis retrouvé en situation de chômage”.

Après des mois de fermeture, “nous avons repris le travail mais avec un staff réduit au minimum, car l’activité n’a pas repris pour de bon et le gérant se plaint tout le temps des recettes qui sont à leur plus bas niveau”, précise ce serveur, révélant que plusieurs de ses collègues n’étaient pas déclarés à la CNSS.

Actuellement, les restrictions imposées à ce secteur sont liées notamment aux horaires d’ouverture et de fermeture et au taux d’accueil, ce qui amène les gérants à réduire le nombre des employés, puisque les recettes ne suivent pas.

Contacté par la MAP, le président de l’Association nationale des patrons de cafés et de restaurants du Maroc, Nourredine Elharrak a lancé un appel de détresse à l’adresse des départements de tutelle en vue de mettre en place un “sérieux” plan de relance.

“La majorité des établissements n’arrive pas à couvrir leurs charges habituelles, particulièrement à cause des dettes cumulées et des impôts”, se plaint-il, appelant le gouvernement à lancer un sérieux débat à ce sujet pour essayer de résoudre les problèmes auxquels le secteur fait face.

Au niveau des petites villes, il y a des cafés/restaurants dont les recettes quotidiennes ne dépassent pas les 1000 DH, affirme M. Elharrak, plaidant pour un rééchelonnement des dettes en faveur des propriétaires pour qu’ils puissent affronter cette conjoncture aussi délicate qu’incertaine et contribuer au maintien des postes d’emploi.

Dans ce contexte, M. Elharrak appelle à une réflexion approfondie, avec l’implication des acteurs concernés, pour sauver le secteur et préserver les emplois.

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