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Maroc/BAD : Interview avec le responsable-pays pour le Maroc, Achraf Tarsim

Propos recueillis par Malika Mojahid.

Liés par un partenariat privilégié qui date de 1970, le Maroc et la Banque africaine de développement (BAD) sont déterminés à renforcer davantage cette coopération dans les différents secteurs, afin d’accompagner les efforts de développement du Royaume, notamment en matière des infrastructures, des énergies renouvelables et de la promotion de l’investissement.

Pour revenir sur ce partenariat, le représentant résident de la Banque au Maroc, Achraf Tarsim, a accordé un entretien à la MAP, en marge des travaux de la 58èmes Assemblées Annuelles de la BAD, qui se tiennent à Charm El Cheikh. En voici la teneur:

1. Un partenariat exemplaire s’est tissé entre le Maroc et la BAD. Quelle est votre appréciation de cette coopération qui date de 1970 ?

Ce partenariat dépasse la simple relation financière. Le Maroc figure parmi les pays fondateurs de la Banque africaine de développement. Il est aussi le premier partenaire de l’Institution.

Depuis un demi-siècle, plus de 12 milliards d’euros ont été investis dans des secteurs stratégiques (santé, eau, développement humain, agriculture, énergies renouvelables, transports, secteur financier) et les résultats sont au rendez-vous.

Sur la dernière décennie, 8,5 millions de personnes ont bénéficié de meilleurs services de santé, 3,5 millions ont profité d’un accès amélioré à l’eau potable et à l’assainissement, sept millions ont été raccordées au réseau électrique et 16 millions ont bénéficié d’un meilleur accès aux infrastructures de transport.

Notre relation avec le Maroc s’étend aussi aux autres pays africains. En effet par le partage d’expériences réussies, tenant compte du contexte africain, nous montrons aux autres pays que la voix de l’émergence peut être une réalité.

2. Quelle est l’approche de développement de la Banque au Maroc ?

La Banque soutient le cap défini par le nouveau modèle de développement du Royaume. Cette vision ambitieuse de SM le Roi Mohammed VI va permettre de consolider les bases d’une croissance verte, durable et inclusive, au bénéfice de toutes les Marocaines et les Marocains.

La Banque interviendra sur des thématiques de première importance comme l’eau, l’agriculture, l’inclusion sociale, les infrastructures ou encore l’efficacité énergétique, pour élargir le portefeuille d’opérations.

L’objectif est d’approfondir l’excellent partenariat qui lie le Maroc à la Banque. Cela se concrétisera par le lancement de projets et programmes à fort potentiel d’impact sur les territoires et les populations.

3. Comment la Banque africaine de développement peut aider le secteur privé marocain à investir davantage dans l’énergie verte ?

La Banque a soutenu les efforts du gouvernement à améliorer le climat des affaires et à promouvoir le secteur privé. L’inclusion financière, l’entreprenariat, l’accélération de la dynamique d’industrialisation, représentent des domaines de partenariat avec les acteurs publics comme privés.

En termes d’accompagnement d’opérateurs privés, la Banque a notamment participé à des projets d’investissement comme dans le secteur industriel, à travers, par exemple, la production de ciment ou les fertilisants ou en intégrant la dimension climatique dans les outils logistiques.

Notre institution a apporté un appui indirect à plusieurs PME (petites et moyennes entreprises) à fort potentiel de croissance via des prises de participation dans des fonds d’investissement.

Afin de soutenir les investissements du secteur privé dans l’action climatique et la croissance verte au Maroc, la BAD est engagée à travers le soutien financier aux opérateurs publics et privés, l’appui aux réformes politiques et réglementaires qui favorisent l’investissement durable, l’assistance technique aux institutions financières locales et aux développeurs de projets pour renforcer leur capacité à mettre en œuvre des projets climatiques, et le renforcement des partenariats avec d’autres partenaires au développement ainsi qu’avec le secteur privé et les organisations de la société civile.

4. Quels sont les projets en cours ou à venir au Maroc ?

Sur les cinq dernières années, la Banque a approuvé le financement de 33 projets (4 dans le secteur privé, 29 relevant du secteur public), pour près de 3,6 milliards de dollars américains. Avec deux mots d’ordre : l’inclusion économique et sociale et la résilience climatique, en recherchant le maximum d’impact.

La Banque est intervenue dans deux domaines prioritaires : l’industrialisation “verte” décarbonée par les petites et moyennes entreprises et le secteur exportateur, et l’amélioration des conditions de vie par l’emploi pour les jeunes et les femmes, et dans les zones rurales. La promotion d’une croissance verte étant le thème transversal.

Dans les années qui viennent, la Banque soutiendra le capital humain pour une croissance plus forte et inclusive ainsi que la gestion des ressources en eau et en énergie pour renforcer la résilience de l’économie marocaine aux chocs exogènes.

Des projets structurants et innovants, sont en cours de mise en œuvre au niveau des secteurs du transport et de la logistique, des énergies renouvelables, des chaines de valeurs agricoles et rurales, de l’entreprenariat et la formation professionnelle, de la santé et de l’eau.

5. Selon vous, quels sont les opportunités et les défis de l’économie marocaine ?

Stable politiquement, le Maroc bénéficie de nombreuses forces, à commencer par sa position géographique et sa capacité en tant que plateforme pour le commerce entre l’Europe et l’Afrique sub-saharienne, consolidée par des infrastructures logistiques de classe mondiale, notamment avec le premier port africain et méditerranéen, Tanger Med.

Pour les entreprises, le Maroc est également un des pays du continent les plus attractifs, ses chaines de chaînes de valeur étant intégrées au plan mondial.

Le développement des énergies renouvelables au Royaume offre un gisement important d’opportunités pour les investisseurs faisant du Maroc à moyen et long terme un hub énergétique stratégique.

Parmi les défis majeurs à relever, il est important de renforcer la résilience du pays au changement climatique, notamment dans un contexte de stress hydrique.

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