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Relance: quelle place pour l’économie verte ?

Par Hasnaa ELAKKANI

Casablanca – Le confinement a eu sans doute des effets bénéfiques sur la nature confirmant ainsi l’interdépendance existant entre activité économique et dégradation de l’environnement. Ce constat est très important puisqu’il interpelle aujourd’hui, décideurs et citoyens, sur l’importance de réconcilier économie et écologie.

L’arrêt des activités économiques notamment les plus polluantes durant le confinement a montré une fois de plus l’importance pour le Maroc d’opérer une transition réussie vers une économie verte garantissant une croissance soutenue et un développement durable.

L’économie verte, définie comme toute activité économique qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources, est appelée aujourd’hui à jouer un rôle de levier de la relance économique pour faire face à cette crise sanitaire sans précédent, à laquelle, il faut apporter des solutions durables.

La pandémie de covid-19 et les mesures de confinement ont laissé sans doute des dégâts colossaux. Venir en aide aux entreprises en détresse, préserver les emplois et redémarrer l’appareil productif à l’arrêt depuis trois mois sont des priorités indiscutables. Encore faut-il les réconcilier avec la variable écologique.

Sur cette question, Abdeslam Seddiki, professeur universitaire et ancien ministre de l’Emploi et des Affaires sociales, estime que “l’économie verte doit occuper une place de premier choix dans le futur plan de relance pour de multiples raisons à la fois internes et externes”.

Le Maroc, qui a pris des engagements en la matière, “ne doit pas rater cette opportunité bénéfique à la fois sur le plan économique (création de richesse durable) et sur le plan social (création des emplois verts en quantité suffisante)”, a souligné M. Seddiki dans une interview à la MAP.

Concrètement, a-t-il poursuivi, il faut que la loi de finances rectificative (LFR) “donne le tempo”. Il ne s’agit pas de chambouler l’ordre existant, a-t-il précisé, surtout dans une LFR qui a une vie limitée. Mais deux à trois mesures fortes doivent absolument être retenues pour donner la preuve que l’après covid-19 ne sera plus comme avant.

Et d’ajouter que certaines mesures ne demandent pas un effort financier particulier : il faut juste faire appliquer la loi et la réglementation en vigueur, comme par exemple l’interdiction de la production et de l’usage du plastique.

Pour M. Seddiki, il s’agit de “lier la relance à l’économie verte pour ne pas reproduire les erreurs du passé et frayer la voie d’un nouveau modèle de développement que tout le monde attend de ses vœux”.

Il a par ailleurs, souligné que les entreprises doivent s’adapter aux exigences de l’économie verte en optant pour des procédés de travail moins polluants, moins consommateurs d’inputs et de ressources.

“Je pense qu’il est également temps d’introduire dans la prochaine réforme fiscale la fiscalité écologique pour appliquer le principe de +pollueur-payeur+”, a-t-il dit, ajoutant que “l’Etat doit être ferme et ne pas céder aux pressions des lobbies avides du profit au détriment de la santé des citoyens.”

“L’économie verte a justement comme finalité de concilier les hommes entre eux et de concilier les hommes avec la nature”, a-t-il insisté.

L’économie verte, qui peut paraître un luxe aux yeux de certains, est aujourd’hui une opportunité que tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, doivent saisir afin de booster la croissance tout en respectant l’environnement et en luttant contre la pauvreté.

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