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ZLECAf : Quels défis à relever ?

Casablanca,– La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), lancée le 1er janvier 2021, constitue une véritable opportunité pour booster la croissance, réduire la pauvreté et faciliter l’intégration du continent africain dans les chaînes logistiques mondiales. Mais comment garantir le succès de cette zone ?

Les principaux défis à relever pour réussir la ZLECAF sont, entre autres, l’amélioration de la qualité des infrastructures de transport en Afrique et la résolution du problème de déficience des réseaux de distribution et de transport, explique le Vice-Président de l’Université Mohammed V de Rabat, chargé des Affaires académiques et estudiantines, Omar Hniche, dans un entretien accordé à la MAP.

Il s’agit aussi du développement de la complémentarité entre les économies africaines qui constitue jusqu’à présent un frein au développement du commerce intra-africain, de l’amélioration de la connectivité digitale et l’adoption de la population africaine de nouveaux modes de communication et d’utilisation de l’information et ce, pour une meilleure transformation économique et sociale à laquelle aspire le continent africain, ajoute-t-il.

Parallèlement, M. Hniche, également directeur du Centre interdisciplinaire de recherche en performance et compétitivité (CIRPEC) – Université Mohammed V de Rabat, souligne l’importance de résoudre les problématiques et les contraintes liées aux tarifs douaniers et aux barrières non-tarifaires, d’améliorer le climat des affaires, de lutter contre la corruption, ainsi que d’investir dans les ressources humaines et de développer les compétences et l’innovation.

Il est aussi question de résoudre les problèmes politiques intra-africains, de mettre en place un réel modèle de développement économique spécifique à l’Afrique en tenant compte des disparités entre pays africains et en cherchant à éviter de déstabiliser les économies africaines les moins avancées, outre un mécanisme de règlement des conflits concernant d’éventuels abus du système.

Par ailleurs, l’universitaire fait remarquer que certains pays et certaines régions en Afrique ont des accords préférentiels et pour eux ce sont des acquis qu’il faut essayer de préserver et de consolider. La ZLECAf doit normalement inclure les marchés intégrés régionaux.

Il s’agit du marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), la communauté d’Afrique de l’Est (CAE), la communauté de développement d’Afrique australe (SADC), la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union du Maghreb arabe (l’UMA) et la communauté des Etats sahélo-sahariens. L’existence de groupements économiques régionaux en Afrique devrait faciliter la mise en place la ZLECAf.

Enfin, il est clair que plusieurs pays africains rencontrent des difficultés économiques et financières et que le différentiel de richesse en facteurs de production est flagrant en Afrique.

Pour éviter que la ZLECAf accentue le creusement d’inégalités territoriales entre pays africains -ce qui pourrait être une source de tensions et de crises- il faudrait instaurer des mécanismes de soutien aux pays africains les plus pauvres: Un soutien au financement des infrastructures (chemins de fer, routes, infrastructures aéroportuaires, énergétiques, etc) et au décloisonnement régional et contribution au renforcement de leurs capacités de financement. Il faut que les pays les plus pauvres bénéficient de mesures de discrimination positive.

Quel impact sur l’économie nationale ?

Pour le Maroc, déjà son retour à l’Union Africaine (UA), le 30 janvier 2017, a été l’expression d’une confiance manifestée par la quasi-totalité des pays africains et d’un enthousiasme général en vue d’insuffler une nouvelle dynamique pour un continent développé, prospère et imposant au niveau mondial.

La signature par le Maroc de l’accord de libre-échange le 21 mars 2018 à Kigali, fut l’occasion de consolider la stratégie du Royaume visant son engagement total au processus d’intégration dans le continent.

Il faut signaler toutefois que les exportations du Maroc vers les pays africains ne représentent que 3,2% du total de ses exportations vers le reste du monde et que ses importations du continent africain ne représentent que 2,5% du total de ses importations.

La ZLECAF, avec la levée progressive des barrières tarifaires sur les produits et services, représentera pour le Maroc, en amont, un espace d’approvisionnement à des prix compétitifs et en aval, un lieu de commercialisation de ses produits industriels ou agricoles. Elle lui permettra aussi de construire des écosystèmes complémentaires à son industrie à travers des joint-ventures ou des industries complémentaires permettant d’améliorer l’intégration avec les économies africaines.

Cette zone, représentant actuellement un PIB total de 2.500 milliards de dollars, devrait normalement accentuer la présence des entreprises marocaines dans certains secteurs économiques en Afrique (les engrais, les produits pharmaceutiques, le secteur bancaire, l’immobilier, etc).

Elle devrait aussi favoriser le projet du gazoduc devant relier le Maroc et le Nigéria ainsi que la route Tanger-Lagos.

Le tissu économique marocain est appelé à tirer profit de cette ZLECAF par la création d’alliances entre entreprises et le soutien aux transferts de technologie. Il est appelé à favoriser les initiatives pilotes d’entreprises privées afin de dégager des business models dans des secteurs économiques innovants en Afrique.

Il faudrait viser plus d’intégration industrielle dans des métiers tels que l’automobile et l’aéronautique par exemple en favorisant une intégration avec le continent africain sur certaines matières premières.

Quid de la question de l’intégration régionale ? Particulièrement après la reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Saraha et l’annonce d’investissements américains dans les provinces du Sud

Il est clair que la reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara aura des conséquences stratégiques majeures et créera les conditions favorables pour la confirmation de l’enracinement africain du Maroc.

Cette reconnaissance permettra de poursuivre l’action menée par notre pays pour faire des provinces du Sud un moteur de développement du continent africain. Elle intervient parallèlement à la décision de plusieurs pays, dont certains sont des investisseurs sur le continent africain, d’ouvrir des consulats à Dakhla et à Laayoune.

L’ouverture d’un consulat américain à Dakhla, à vocation principalement économique, permettra de favoriser les projets d’investissements dans la région. Elle incitera les investisseurs américains à venir s’implanter au Sahara marocain qui s’érige, aujourd’hui, en tant que porte d’entrée économique naturelle vers le marché africain, à profiter du positionnement géostratégique de la région et à consolider cette dimension panafricaine qui relie l’avenir du Maroc à celui de l’Afrique.

Tout cela vient conforter les orientations économiques annoncées par le Souverain lors de son discours à l’occasion du 45e anniversaire de la Marche verte, notamment celle du port Dakhla Atlantique et de son importance géostratégique comme interface maritime d’intégration économique et industrielle de la Région et facteur de rayonnement continental et international.

Le port, en plus de ses objectifs spécifiques liés au secteur de la pêche, devrait permettre le développement des infrastructures de connectivité nécessaires (pont maritime, route, etc.) et aussi faciliter le développement d’activités industrielles halieutiques et de logistique.

De même, il favorisera la mise en place d’autres industries de proximité et d’autres infrastructures (dessalement de l’eau de mer, exploitation des énergies renouvelables d’origine éolienne ou hydrolienne, etc.).

Cette dynamique économique (ouverture d’un Consulat américain à vocation économique, méga-projets de développement lancés par notre pays et climat favorable à l’investissement) devrait transformer le Sahara marocain en une véritable base économique orientée vers le continent africain.

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