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Relance: Quel rôle pour l’épargne privée ?

L’épargne privée, composée des épargnes des ménages et des entreprises, est appelée à contribuer significativement à la relance économique après la crise sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19). Mais quel rôle cette catégorie d’épargne pourrait-elle jouer?

Pour Mohammed Belkasseh, Consultant Financier chez Arithmetica Advisory, la contribution de l’épargne privée à la relance de l’économie nationale part du contexte de l’enclenchement par le Royaume d’un important programme d’investissement en vue de soutenir sa croissance.

Cela confère à l’épargne publique le poids d’un vrai levier de financement complémentaire nécessaire à la dynamique socio-économique post-coronavirus escomptée, a-t-il souligné, ajoutant que cette épargne viendra, entre autres, pallier la limitation de la capacité de financement de l’Etat due notamment à la baisse des recettes fiscales à cause de la crise sanitaire.

Et de soutenir: “En vue de permettre à l’épargne privée de jouer pleinement son rôle, il serait question de relever au moins trois freins handicapant sa mobilisation. Cela part du constat d’un faible volume de financement par le marché des capitaux comparativement au financement bancaire classique et à l’autofinancement”.

Il s’agit du taux de bancarisation qui demeure faible par rapport aux attentes, du réseau de distribution des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), lequel reste limité pour drainer le maximum d’épargne possible, ainsi que du manque d’incitations fiscales suffisamment encourageantes pour les épargnants, a précisé M. Belkasseh.

Par ailleurs, il est attendu que l’épargne privée serve à alimenter le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, désormais acteur majeur du financement de l’initiative nationale pour la création de la richesse et de l’emploi, où une attention particulière a été portée aux structures de taille moyenne.

Les entreprises publiques et privées sont ainsi appelées à se faire financer auprès du marché en vue d’élargir l’offre obligataire, a préconisé l’expert.

“De plus, compte tenu du potentiel énorme de financement qu’ils recèlent, il serait opportun d’une part d’inclure dans les OPCVM des solutions de produits financiers participatifs. Ceci permettrait en même temps d’accompagner la dynamique de ce type de finance au Maroc et de surmonter toute sorte de freins culturels propre à l’épargnant. D’une autre part, en s’imprégnant du contexte de relance mondiale, il est urgent de mobiliser des secteurs phares comme le pharmaceutique et le digital”, a-t-il poursuivi.

Quels sont les meilleurs instruments pour promouvoir et mobiliser l’épargne privée ?

La mobilisation de l’épargne privée demeurerait fondamentalement possible via la promotion des offres des OPCVM dans le cadre notamment des plans d’épargne retraite, enfants, logement, etc, a estimé M. Belkasseh.

Le pari de l’accès massif du grand public à ce genre de produits serait aussi conditionné par une éducation financière à inclure impérativement dans le schéma directeur national de l’enseignement en général et celui supérieur en particulier, a-t-il fait valoir.

Il s’agit de déployer le maximum d’efforts accompagnateurs mais encore sensibilisateurs aux innombrables atouts qu’offre l’industrie de la gestion d’actif à l’épargnant lambda, a expliqué le consultant financier.

Cet épargnant pourrait alors mieux percevoir que la gestion des risques dans ce type de placement est maîtrisée dans le cadre d’un climat de transparence totale affichant l’ensemble des caractéristiques des OPVCM commercialisés, leurs stratégies d’investissement ainsi que l’ensemble des modalités de souscription/rachat publiées régulièrement dans les notes d’information.

Aussi, grâce à une forme d’institutionnalisation du métier de gestionnaire de fonds, la comparaison entre l’ensemble des offres est-elle rendue facile y compris pour les commissions pratiquées, a indiqué M. Belkasseh, ajoutant que l’investisseur pourrait ainsi cibler lui-même le type de placement qui lui convient selon le volume de cash engagé, la durée et son aversion au risque.

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