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Résultats des banques: Le point avec Kamal Zine

Casablanca – Le consultant en banque et assurance à Paris, Kamal Zine, analyse, dans une interview accordée à la MAP, les résultats des banques cotées en Bourse de Casablanca au titre de l’année écoulée et revient sur la hausse de leurs provisions ainsi que sur le niveau de distribution prévu des dividendes.

1. Les six banques cotées en Bourse de Casablanca ont publié leurs indicateurs au titre de l’exercice écoulé. Quelle lecture faites-vous des résultats de cette année exceptionnelle marquée par la double crise sanitaire et économique ?

Les banques marocaines ont connu une légère hausse de leurs produits nets bancaires. Pour la majorité des banques, cette évolution s’est située entre 1% et 2,6% (hors effet périmètre).

Elle s’explique essentiellement par la bonne tenue de la marge nette d’intérêt, grâce à l’amélioration de la collecte, et la bonne performance de l’activité de marché, stimulée par la baisse du taux directeur de 75 points de base. Néanmoins, les résultats nets ont connu une forte baisse à cause de la détérioration du coût du risque et l’impact de l’effort de solidarité.

2. Face à cette crise inédite, les banques ont fortement augmenté leurs provisions. Quel sera, d’après vous, l’impact de cette hausse sur le secteur bancaire marocain ? Et quel sera l’impact de la structure de défaisance des créances en souffrances en cours de création ?

Les banques marocaines ont connu une hausse de leurs provisions. En effet, dans un contexte de crise, plusieurs secteurs productifs ont assisté à un repli de leurs activités.

Le chômage a également augmenté et a touché près de 432.000 personnes selon le Haut Commissariat au Plan (HCP). Par conséquent, la capacité de remboursement des ménages et des entreprises, surtout les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), a été affectée.

Ceci explique la hausse des créances en souffrance de 7,6% à près de 8,3% durant l’année 2020. La hausse du coût du risque constitue l’un des principaux facteurs du repli significatif des résultats des banques au Maroc.

Concernant la structure de défaisance, le Wali de Bank Al Maghrib a indiqué lors de son dernier point de presse que ce chantier avançait, mais qu’il y avait des points d’ordre juridique, fiscal et institutionnel à traiter.

Si ce projet venait à voir le jour, il permettrait de réduire la pression sur les bilans des banques et dynamiser l’octroi de crédit. Néanmoins, il serait utile de tirer les leçons des expériences des “bad banks” à travers le monde afin d’atteindre les objectifs escomptés de ce chantier.

3. Les banques ont annoncé un retour à une distribution des dividendes. Comment jugez-vous la pertinence du niveau de distribution prévu ?

Bank al Maghrib avait appelé les banques à suspendre la distribution des dividendes. Bien sûr, il s’agissait d’une recommandation. Pour la banque centrale, dans un contexte d’incertitude, la priorité est d’assurer la solidité des fonds propres et de garantir la capacité des banques à financer le tissu économique.

Les banques veulent, outre les enjeux de stabilité et de réglementation, rémunérer les actionnaires et attirer les investisseurs qui pourraient se tourner vers d’autres secteurs.

Face à cette situation, une sorte de “compromis” a été trouvée puisque les banques ont privilégié les dividendes convertibles en actions comme mode de distribution des dividendes.

4. Au-delà des résultats financiers, la pandémie du covid-19 a accéléré le changement des usages bancaires (canaux numériques, etc). Comment voyez-vous l’évolution des banques marocaines dans ce sens ?

Les banques marocaines ont mis la transformation digitale au cœur de leurs stratégies lancées ces dernières années. La multiplication des offres en ligne, la valorisation de l’expérience client, l’investissement dans des solutions technologiques d’analyse et d’octroi de crédit, de paiement, de digitalisation et d’optimisation des processus ont permis à une partie des clients de prendre le train numérique dans leur relation avec leur banque.

De surcroit, l’usage de la data et du digital répond à un besoin d’amélioration et d’excellence opérationnelles. La rationalisation des coûts étant en effet un pilier d’amélioration des résultats des banques.

5. Quelles perspectives pour les banques marocaines en 2021, notamment avec l’incertitude qui plane toujours ?

Les banques font face à un contexte socio-économique difficile. Mais leur rôle est majeur dans la relance de l’offre et la demande des entreprises et des ménages. Elles sont appelées à faire preuve davantage d’agilité, de pragmatisme et d’audace afin de contribuer à une relance inclusive et pérenne.

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