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Tourisme médical: Et si c’était l’industrie salvatrice ?

Par Hicham Louraoui.

Casablanca – En ce temps de crise sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19), le tourisme médical au Maroc a regagné tout son sens à même de se considérer comme une niche prometteuse pour relancer ce secteur toujours sinistré.

Cette niche, qui génère plus de 80 milliards de dollars par an à travers le monde et connaît une évolution remarquable avec un potentiel de croissance annuelle de 30%, fleurit au Maroc depuis plusieurs années.

D’ailleurs, c’est ce qu’a affirmé, à la MAP, Imad Barrakad, le Président du directoire de la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT). “On dénombre actuellement au Maroc plusieurs cliniques spécialisées réparties entre Casablanca, Rabat, Agadir, Marrakech et Tanger. Leur bonne réputation, mise en valeur sur les réseaux sociaux, leur permet de gagner en notoriété et de séduire une clientèle essentiellement étrangère”, a-t-il noté.

M. Barrakad, qui cite une étude élaborée par la SMIT pour servir de feuille de route visant à déterminer les options stratégiques du développement du tourisme médical au Maroc, a indiqué que le diagnostic national a permis de constater une forte émergence de cette industrie durant cette dernière décennie.

Des patients-touristes en provenance d’Europe ou d’Afrique se déplacent d’ores et déjà vers le Royaume pour subir des interventions médicales diverses, notamment la chirurgie esthétique et les traitements dentaires et ce, dans des cliniques équipées de technologie de pointe et dotées de staff médical qualifié, a-t-il fait savoir.

Et de préciser que ces cliniques sont concentrées essentiellement sur l’axe Rabat-Casablanca et proposent des services complémentaires (transfert aéroport, logement, package touristique…).

S’agissant des raisons qui poussent ces patients touristes à se tourner vers le Maroc, le Président du directoire de la SMIT a mis en avant, en autre autres, l’emplacement premium du Royaume, à quelques heures des grandes villes européennes, du Moyen-Orient et de l’Afrique, outre la structure des coûts pour ce type de services médicaux très concurrentielle par rapport aux pays d’origine.

Il s’agit également de la notoriété des médecins marocains sur certaines disciplines, la large palette de produits touristiques à explorer et le climat favorable pour compléter son séjour médical et jouir d’une période de convalescence au soleil.

Par ailleurs, M. Barrakad a souligné que le tourisme médical peut faire partie de l’équation de relance à condition d’engager immédiatement un certain nombre de chantiers, en parallèle, qui favoriseraient le développement.

Il a, à cet égard, cité quatre de ces chantiers à savoir, l’accréditation des structures sanitaires au Maroc, la création de “Medical Tourism Facilitator” (des agents très importants dans la promotion et la croissance du tourisme médical et, pour la plupart des patients, c’est le premier contact), la promotion des investissements dédiés au tourisme médical et la mise en place d’une stratégie commune entre les différentes parties prenantes public et privé.

La destination “Maroc” stratégiquement placée pour séduire davantage de touristes-médicaux

Doté d’une position stratégique à la porte de l’Europe et de l’Afrique subsaharienne, le Maroc dispose d’atouts incontournables pour promouvoir encore plus le tourisme médical à même d’en faire un fer de lance pour le secteur touristique en général.

L’ambition de voir le Royaume profiter pleinement de cette niche ne cesse de grandir, particulièrement avec une perspective de croissance du marché mondiale de 20%.

C’est dans ce sens que Camelia Dinia, Consultante en Stratégie de transformation digitale, a mis en avant, dans une déclaration à la MAP, la place stratégique du Maroc qui est considéré comme un “hub” dans de nombreux domaines (finance, tourisme, industrie automobile, etc.).

“Nous avons déjà un certain privilège que ça soit au niveau des infrastructures, de la réputation du Maroc à l’échelle internationale, mais également par rapport à la position stratégique du pays lui-même”, a dit Mme Dinia, co-auteure avec Jihad Jorio, Consultante spécialisée en Stratégie et Management, d’un policy paper sur une étude intitulée “Relance du tourisme médical au Maroc: Une industrie négligée mais rentable”.

Et de soutenir: “Aujourd’hui, avec cette approche tourisme médical, le but est non seulement de relancer le tourisme, mais aussi de repenser complètement le système et la politique sanitaire au Maroc. Nous savons que cette politique sanitaire a besoin d’être revue et l’aborder actuellement sous la forme de tourisme médical, inciterait les différentes parties prenantes à revoir ce système là”.

En outre, Mme Dinia a fait savoir que cette étude, publiée par l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS), préconise de créer “un office de tourisme médical” qui va être complètement dédié à ce type de tourisme.

Cet office, a-t-elle précisé, aurait pour mission d’élaborer un plan marketing, d’assurer les partenariats et les alliances avec les confrères africains afin de faciliter le transit et l’acheminement des patients qui ont besoin de chirurgies lourdes, de mettre en place la réglementation et le suivi nécessaires pour cadrer l’ensemble des projets du tourisme médical.

Mme Dinia a également insisté sur la nécessité d’avoir une partie digitalisée de cet office, laquelle constituera une vitrine digitale qui s’ouvrira au monde pour permettre aux personnes à l’étranger d’avoir une accessibilité bien plus simplifiée, rapide et être rassurées avant de venir au Maroc.

D’après l’étude, le tourisme médical participe à la croissance de l’économie locale et ce, en générant des revenus directs en devises, en développant l’emploi et en dynamisant l’entrepreneuriat. Il est également considéré comme vecteur d’externalités positives, puisqu’il contribue à l’essor des secteurs associés (pharmaceutique, équipements sanitaires, tourisme local, etc).

Selon l’Index de tourisme médical (MTI), outil de mesure d’attractivité de destinations de tourisme médical, le Maroc est classé 31ème sur un total de 46 destinations.

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