À LA UNE Bourse

“GameStop”, ou comment faire plier Wall Street

Par Nadia ROUIJEL

Un mouvement inédit sur Reddit – un site web communautaire américain- fait plier Wall Street. Un groupe de boursicoteurs fait grimper les actions des magasins de jeux vidéo Gamestop et défie les fonds spéculatifs qui accumulent ainsi des milliards de dollars de pertes.

D’après quelques analystes politiques, “Il ne s’agit pas là d’un épiphénomène, mais bien d’une nouvelle forme de révolte contre la finance spéculative dérégulée”.

“Cette forme de ‘Occupy Wall Street 2.0’ est, par ailleurs, accentuée par un accès facilité à l’investissement pour les amateurs”, lit-on dans un article sur Forbes.

L’histoire commence quand aux États-Unis, la bourse s’est ouverte aux petits investisseurs suite à la crise due à la Covid-19. Plusieurs particuliers se sont laissés tenter, jusqu’à ce que l’un d’eux ait voulu miser sur l’action de GameStop, alors que quelques jours avant un groupe de “Hedge Funds” (des fonds spéculatifs) pariait sur une baisse des actions de cette même enseigne.

Le groupe GameStop est considéré par de nombreux amateurs de jeux vidéo comme historique. Cette enseigne est en crise depuis que les achats en ligne avaient repris le flambeau et suite à sa situation, son action est la plus communément ciblée par la vente à découvert sur Wall Street, chose qui révolte certains spéculateurs justiciers.

Se retrouvant notamment sur un forum du site Reddit, ce groupe de boursicoteurs s’était lancé le défi de faire tomber ces fonds spéculatifs, qui jusqu’à présent faisaient la pluie et le beau temps des cours boursiers.

Les boursicoteurs veulent ainsi battre ces cours à leur propre jeu, tout en se faisant de l’argent rapidement, mais pour eux c’est surtout une affaire politique.

“C’est une colère, une révolte nihiliste contre les institutions du pays”, commente la journaliste de NPR Mary Childs dans un article publié dans “Le Monde”.

Ne s’arrêtant pas là, les utilisateurs de WallStreetBets, un forum de Reddit sur la finance et la bourse, encouragent ces derniers jours à investir dans les actions d’autres firmes concernées par la vente d’actions à découvert. “Il n’est plus question d’argent. Nous faisons partie de l’histoire maintenant. Le bon côté de l’histoire.”, lit-on sur une publication parue la semaine dernière.

Pour sa part, la Démocrate Alexandria Ocasio-Cortez avait fourni une analyse sur le sujet en affirmant : “C’est quelque chose de voir les gens de Wall Street, ayant longtemps traité notre économie comme un casino, se plaindre qu’un forum de discussion sur Internet traite également le marché comme un casino”.

Face à cette croissance fulgurante, les “Hedge Funds” se devaient de couvrir leurs pertes, en vendant des actions qui étaient en hausse et en rachetant ceux de GameStop pour limiter la casse, provoquant ce qu’on appelle communément une “liquidation forcée”, ce qui a considérablement contribué à faire grimper l’action davantage.

Cette affaire a suscité des débats virulents parmi les rangs politiques et économiques. Ainsi, la secrétaire au Trésor Janet Yellen, membre de l’administration de Biden, s’était entretenue avec les gendarmes des marchés financiers lors d’une réunion virtuelle pour voir “si les pratiques de trading sont compatibles avec la protection des investisseurs et des marchés équitables et efficaces”, indique un communiqué du Trésor.

Après cet engouement, l’action de GameStop a connu une forte baisse, due à plusieurs facteurs, notamment la volatilité extrême du marché ou les limites imposées sur les transactions par quelques plateformes de courtage.

Cet épisode de GameStop est loin d’être fini, car cela n’a fait que placer Wall Street dans la ligne de mire de Biden et braquer les projecteurs sur les dessous de certaines pratiques boursières qui frôlent l’inégalité.

Enfin, cette affaire invite surtout à s’interroger encore une fois sur le pouvoir des réseaux sociaux à soulever des foules et à encourager des mouvements qui, dans l’absence d’une régularisation, représente un grand risque pour plusieurs institutions établies.

Voir aussi:

Le taux directeur de BAM, qu’est-ce que c’est?

Soukaina OUMERZOUG

BERD: 1,6 Mrds € investi dans le secteur privé

Hassnaa EL AKKANI

PMI présente le bilan de commercialisation de IQOS

Zin El Abidine TAIMOURI