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Adopter les critères ESG:un investissement ou un coût ?

Rabat – Dans un contexte de plus en plus complexe, les entreprises sont appelées à adopter les normes ESG (Environnementaux, Sociaux et de bonne Gouvernance) qui permettent de contribuer à l’atténuation des problématiques liées au changement climatique et à la protection des droits de l’Homme tout en garantissant la durabilité de l’activité.

Intervenant lors d’un débat tenu vendredi à Rabat qui s’inscrit dans le cadre d’une série de conférences-débats sous le thème “Les grandes entreprises marocaines face aux normes ESG”, organisées en marge de la publication de la 21ème édition des 500, le membre de la commission des ESG de la société française des analystes financiers et président de Blue Cap Finance, Abdelaziz Enasri a défini les normes ESG, en revenant sur le choix des les adopter en tant qu’investissement ainsi que l’impact sur les fournisseurs.

Comment définir les normes ESG ?

L’approche ESG est une approche qualitative qui vient compléter l’approche quantitative habituellement utilisée pour opérer les grands choix selon le couple rentabilité-risque (qu’est ce que je risque combien je gagne).

Les normes ESG inscrivent la création de valeur dans la durée et fait profiter les parties prenantes:

– Inscrit la rentabilité des actionnaires sur le moyen et le long terme : le retour sur investissement est de moyen et long terme;

– Contribue à l’amélioration de l’environnement des parties permanentes (responsabilité sociale de l’entreprise);

– Réduit les impacts des risques extrêmes et stabilise sa rentabilité (on gagne moins, mais d’une manière sûre sur le long terme).

Quelle est la différence entre la RSE et les normes ESG ?

Il est très important de différencier la responsabilité sociale des entreprises (RSE) avec les normes ESG :

– La RSE est définie comme étant l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales;

– Une entreprise qui pratique la RSE va donc chercher à avoir un impact positif sur la collectivité tout en étant économiquement viable. Il n’y a pas d’obligation.

Normes E.S.G: approche volontaire ou obligation ?

Les normes ESG incluent l’obligation de suivi et de reporting de certains critères. Le cadre réglementaire et juridique s’est renforcé avec les enjeux ESG :

– La loi Sarbanes-Oxley Act, ou plus simplement SOX impose de nouvelles règles pour améliorer la gouvernance des entreprises cotées en bourse aux États-Unis;

– Ordonnance Européenne n°2017-1180 le 19 juillet 2017 permet d’harmoniser les pratiques en matière de reporting extra-financier des différents pays de l’Union Européenne :

• Obligation pour les entreprises de plus de 500 personnes de communiquer les informations sociales et environnementales et définir quels sont les risques les plus significatifs qui en découlent;

• Obligation pour les entreprises d’expliquer quelles diligences mises en place pour répondre aux principaux risques sur des thématiques non financières et présenter les résultats des diligences avec des indicateurs clés de performance.

Ce nouveau dispositif européen prône une approche par la “maturité”, qui signifie :

– Le reporting doit en priorité traiter les enjeux sur lesquels l’entreprise a le plus d’impact;

– Les seuils à partir desquels les entreprises doivent fournir des informations extra-financières;

– Les seuils à partir desquels ces informations produites doivent être vérifiées par un organisme tiers indépendants sont légèrement modifiées.

Cette directive a imposé les normes ESG comme principal outil de reporting.

Adopter l’ESG: un investissement ou un coût pour l’entreprise ?

L’ESG est un investissement, pas un coût. On investit pour un revenu ou un profit futur. Sacrifier un avantage aujourd’hui pour un gain meilleur futur;

Investir dans la durabilité n’est pas seulement une demande publique mais un investissement propre à chaque entreprise, en fonction de ses valeurs fondamentales et de son modèle économique :

– Optimiser la consommation d’énergie, mieux gérer les rejets de déchets et l’utilisation qui peuvent avoir un impact sur le résultat net;

– Corriger dans le modèle économique de l’entreprise en gérant et anticipant les risques qui peuvent créer une instabilité dans la chaine d’approvisionnement et/ou la chaine de production;

– Adapter la gouvernance et identifier les parties prenantes les plus importantes et les impliquer dans le processus d’intégration de l’ESG;

– Recenser les initiatives de développement durable qui auront l’impact le plus significatif sur la création de valeurs de l’entreprise;

– Utiliser les normes ESG comme mécanisme pour libérer les capacités créatives des salariés, proposer des modèles commerciaux et des produits qui ont un plus grand impact social.

Normes E.S.G: Quelles obligations pour les fournisseurs ?

D’un point de vue E.S.G, la chaine d’approvisionnement représente le plus grand potentiel risque ESG pour la plupart des entreprises. Cependant si ce risque est bien géré, il impactera positivement la performance de l’entreprise.

Si les entreprises changent leur façon d’acheter, elles peuvent fondamentalement impacter l’environnement en obligeant leurs fournisseurs à avoir les mêmes convictions à l’égard de l’environnement, du social et une gouvernance convenable.

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