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Cinq questions au directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jihad Azour

Propos recueillis par Omar ACHY

La veille de sa visite au Maroc, le directeur du département Moyen-Orient et Asie Centrale du Fonds monétaire international (FMI), Jihad Azour, a accordé une interview à la MAP à Washington, dans laquelle il évoque le partenariat entre l’institution financière internationale et le Royaume, les préparatifs pour la tenue en octobre prochain à Marrakech des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, ainsi que les répercussions des tensions géopolitiques sur la croissance mondiale et les échanges commerciaux.

1- Dans quel cadre s’inscrit votre visite au Maroc et quels en sont les objectifs ?

– C’est une visite importante pour nous parce qu’elle s’inscrit dans le cadre des préparations des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale, qui auront lieu au Maroc, ainsi que dans le cadre de la réunion et du Sommet financier arabe, organisé par le Fonds monétaire arabe et le Fonds arabe de développement économique et social, qui réunit les ministres et gouverneurs des banques centrales. C’est dans ce cadre qu’aura lieu une conférence sur le financement du climat, organisée en partenariat avec le Royaume, la Banque mondiale et le Fonds monétaire arabe, pour discuter des priorités concernant le climat et le financement des infrastructures et des réformes climatiques. L’objectif est aussi de se réunir avec les autorités marocaines surtout après l’accord au titre de la ligne de crédit modulable (LCM) approuvé par le Conseil d’administration du FMI, et qui constitue, encore une fois, un pas en avant dans la coopération entre le Maroc et le FMI.
J’aurais aussi l’occasion lors de cette visite de rencontrer des étudiants pour discuter des difficultés et des priorités auxquelles fait face le monde et la région et aussi avec un groupe de chercheurs et de think tanks pour discuter des priorités pour la région et l’Afrique ainsi que les priorités à prendre en considération lors des réunions annuelles.

2- Comment évaluez-vous l’état du partenariat entre le FMI et Maroc et quel regard portez-vous sur les fondamentaux de l’économie marocaine?

– On a une relation qui est très forte, une relation qui va très loin. Ça fait plus de 10 ans qu’on accompagne le Maroc dans ses réformes. Plusieurs programmes ont été mis en place, le dernier desquels confirme l’avancée que le Maroc a réussi à accomplir lors de la dernière décennie en termes de réformes et qui montre que ces réformes payent malgré les défis et les chocs. On s’attend à une amélioration de la croissance cette année. Et on s’attend l’année prochaine à une croissance assez forte. Le taux de chômage commence à baisser progressivement, les équilibres externes s’améliorent. Bien entendu, l’inflation reste importante comme dans tous les pays du monde, ce qui est la priorité pour cette année, mais les actions que la banque centrale a mis en place en matière de politique monétaire aident graduellement à faire baisser l’inflation.

3- Qu’en est-il de l’accord au titre de la ligne de crédit modulable ?

– C’est une sorte de caution qui peut bénéficier en cas de crise. Cette ligne de crédit donne confiance aux marchés et permet au Royaume d’avoir accès aux liquidités s’il en a besoin sans être obligé de payer des taux d’intérêt importants. Par le passé, ça a servi à promouvoir plusieurs réformes. Le Maroc en a bénéficié par le passé une fois lors de la crise du COVID, ce qui a permis de renforcer ses liquidités et de redonner confiance aux marchés. Et quelques mois après, le Maroc a fait une émission qui a eu un grand succès sur les marchés et il a payé à l’avance le FMI. C’est plus un partenariat qui donne une assurance, une confiance aux marchés, qui permet de renforcer le cadre macro-économique et d’avancer sur un certain nombre de réformes qui sont inscrites dans le programme du Maroc. C’est un partenariat très intéressant. Il y a juste quelques pays dans le monde qui en ont bénéficié. Ce sont des économies qui ont déjà une solidité et un historique dans les réformes. Donc, faire partie de ce groupe, c’est aussi une marque de confiance dans l’économie marocaine.

4- Comment se présentent les préparatifs aux Assemblées annuelles prévues en octobre à Marrakech ?

– Il y aura plusieurs réunions avec les autorités marocaines, qui ont fait un effort très important à la fois pour la préparation, pour la logistique et pour le contenu des Assemblées annuelles. Il y a plusieurs projets qui seront entrepris conjointement et plusieurs initiatives seront lancées. Il y aura aussi de nombreux événements. Plusieurs responsables du FMI, dont la directrice générale et d’autres membres imminents, ainsi que des économistes internationaux vont être conviés à plusieurs conférences et évènements qui vont avoir lieu lors des prochains mois pour préparer ces réunions annuelles.

5- L’économie mondiale évolue aujourd’hui dans un contexte de perturbations et d’incertitudes. Le rendez-vous de Marrakech sera-t-il l’occasion pour se focaliser sur ces enjeux et l’impact des tensions géopolitiques notamment sur les pays pauvres et émergents ?

– Les tensions ont augmenté au cours des dernières années. Avec l’impact des crises multiples, ces tensions ont été très fortes sur les pays en voie de développement et les pays du sud. Il est donc important lors de ces réunions d’entamer la discussion sur les moyens de lutter contre cette fragmentation. Le Maroc est l’endroit idéal pour ça. C’est un carrefour des civilisations, un pays d’ouverture et de tolérance. C’est un pont entre plusieurs continents, entre l’Afrique et l’Europe, entre l’économie traditionnelle, l’agriculture et l’économie de pointe, avec tout ce que le Maroc a réussi en termes de technologie et d’industrialisation. C’est un peu un modèle qui a toujours la possibilité de s’améliorer mais qui reste important pour nous. Nous menons des efforts contre la fragmentation tout en mettant en évidence les besoins d’un continent important comme l’Afrique, le sud global et ses difficultés. Ce sont des questions très importantes qu’on discute avec le Royaume, qui est très conscient et soucieux de ces questions pour qu’elles soient débattues et que des solutions soient apportées. On va travailler au cours des prochains mois pour préparer la communauté monétaire et économique internationale pour ça.

Voir aussi:

Hausse de 8,1% de l’IPC en octobre (HCP)

Zin El Abidine TAIMOURI

ADM/Barid Al-Maghrib: Commémoration du 65ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Maroc et la Serbie

Youness AKRIM

Maroc/Malawi: la coopération agricole au menu d’entretiens

Salma EL BADAOUI