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Covid-19: Le paiement contactless en vedette !

Par Hicham LOURAOUI.

Casablanca – Le paiement sans contact, activité en plein essor au Maroc, poursuit son ascension amorcée après le déclenchement de la crise sanitaire actuelle liée à la pandémie du nouveau coronavirus à même de devenir une tendance qui s’installe dans la durée.

Coronavirus oblige, plusieurs consommateurs marocains ont opté pour ce mode de paiement comme l’une des mesures de protection et ce, pour éviter de toucher les claviers des guichets automatiques bancaires (GAB) et de s’échanger des billets et des pièces de monnaie.

D’ailleurs, ce fort engouement est clairement illustré par les chiffres du Centre monétique interbancaire (CMI) qui font état d’une hausse spectaculaire du taux des transactions contactless de 4,3% en janvier dernier à 17,9% en septembre 2020.

“Il s’agit d’un saut qualificatif très important”, a commenté Ismaïl Bellali, Directeur général adjoint du CMI. Contacté par la MAP, M. Bellali a affirmé que “dès l’apparition du covid-19 et des mesures de précaution contre cette pandémie, les commerçants et les porteurs des cartes contactless ont pris conscience de l’importance d’opter pour ce mode de paiement”.

Et de rappeler que le paiement sans contact a été introduit par Visa et Mastercard depuis quelques années, mais il a été assez long et difficile de l’initier au Maroc. “Malgré la mise en place des TPE (terminaux de paiement électronique) qui acceptent les cartes sans contact et l’émission de cartes contactless, l’utilisation n’a pas suivi, parce que rien ne poussait les porteurs de ces cartes à utiliser ce mode de paiement, ni les commerçants à le préférer aux autres moyens”.

En outre, M. Bellali a souligné que l’usage du paiement contactless est loin d’être une tendance passagère, notant qu’une fois les utilisateurs découvrent la facilité, l’efficacité, la rapidité et la sécurité de ce mode de paiement, ils continuent d’adopter le même reflex.

“Nous allons suivre le trend observé dans d’autres pays, notamment dans l’Occident, où le paiement sans contact dépasse 50% des transactions”, a-t-il dit, indiquant que le CMI a accompagné ce changement dans les habitudes de paiement en relevant le plafond des paiements contactless sans saisie du code sur ses TPE, de 200 DH à 400 DH.

Le Centre a également rassuré, dans plusieurs communications, les commerçants et les porteurs de carte contactless que ce mode de paiement est sécurisé et fait partie des mesures barrières conseillées lors des achats pour éviter tout risque de contamination.

De son côté, Amal Alaoui, directrice générale adjointe de NAPS, filiale de groupe M2M spécialisée dans les services de paiement électronique, a estimé que le paiement sans contact est une tendance de fond qui est en train de s’installer et qui prendra encore plus d’ampleur étant donné, d’une part, le processus de renouvellement progressif du parc national des cartes de paiement qui se fait naturellement en remplaçant les cartes en circulation, quand leur validité expire, par des cartes contactless.

Et d’autre part, parce que le paiement sans contact continuera de séduire de nouveaux secteurs et en particulier les écosystèmes où la digitalisation des paiements est intrinsèquement liée à des applications d’identité numérique, de contrôle d’accès, de mobilité intelligente ou de dématérialisation de services de façon générale, a-t-elle soutenu.

Mme Alaoui a également fait observer que l’essor du paiement sans contact au Maroc se manifeste aujourd’hui très fortement dans les secteurs de la distribution et de la restauration rapide, ainsi que dans certains commerces comme les boulangeries et les boucheries. “L’adoption confirmée du paiement sans contact pour ces usages quotidiens favorisera certainement une acceptation plus large de cette technologie dans d’autres secteurs”.

Elle a, dans ce sens, indiqué que depuis le démarrage de ses activités, NAPS a développé un réseau d’acceptation sur la base de terminaux multi-applicatifs qui intègrent toutes les technologies de paiement, y compris le paiement contactless.

“Notre réseau compte aujourd’hui 2.300 commerçants avec un parc 100% contactless connectant près de 4.000 TPE qui acceptent les paiement avec et sans contact. Sur l’activité Emission également, nos cartes de paiement émises aussi bien dans notre réseau d’agences, sur nos canaux digitaux et dans le cadre de nos programmes B2B sont des cartes sans contact”, s’est félicitée Mme Alaoui.

Quid de la sécurité et des risques de piratage ?

La technologie contactless au Maroc reste sécurisée. Un constat confirmé par les différents organismes concernés par ce mode de paiement.

D’ailleurs, et comme l’explique Nasr-Eddine Belghiti, directeur général et fondateur de IPRC, une entreprise spécialisée dans la télégestion de GAB, les organismes bancaires ont mis en place des règles spécifiques pour limiter les risques inhérents aux paiements sans contact et ce, en complément des dispositifs de sécurité prévus pour les cartes de paiement classiques,

Il s’agit notamment d’un plafonnement des montants des paiement par transaction (en général entre 200 et 400 dirhams) et d’une limitation du nombre de transactions sans contact et sans saisie du code confidentiel, a indiqué M. Belghiti.

Les mêmes règles s’appliquent aux paiements sans contact avec un smartphone doté d’une application de paiement sans contact qui devient de ce fait, une version dématérialisée de la carte bancaire sans contact, a-t-il fait remarquer.

De plus, le DG de IPRC a souligné que les règles de monitoring des paiements contactless sont similaires à celles adoptées pour la supervision des cartes bancaires classiques, précisant que les algorithmes de détection de la suspicion de fraude et les dispositifs de levée de doute sont les mêmes. Les organismes bancaires définissent les critères de remontée des alertes pour chaque type de carte.

En cas de perte ou de vol de la carte de paiement sans contact (ou du smartphone doté de l’application de paiement contactless), les mêmes mécanismes de désactivation ou de blocage de la carte de paiement classique sont également valables, soit auprès de la banque émettrice de la carte ou bien opérés par le porteur sur le site internet de la banque.

Parallèlement, M. Belghiti a noté que la mise en place par les banques des solutions automatisées pour le profilage comportementale des porteurs leur permet une détection instantanée d’une bonne partie des tentatives de fraude.

“Cependant, selon notre expérience, l’intervention continue de l’humain et son apport d’expertise sont indispensables pour l’efficience de cette chaîne de valeur. En effet, nous constatons que plus de 70% des cas de fraude sont perpétrés entre 22h et 6h du matin et pendant les jours fériés, donc en dehors des horaires de présence du personnel des banques”, a-t-il fait savoir.

De ce fait, a soutenu M. Belghiti, une majorité des organismes bancaires de la place a opté pour une prestation de monitoring de la fraude monétique en 24/7 pour tous les types de cartes.

Et de conclure: “A ce titre, nous signalons que la place bancaire marocaine a subi des attaques de fraudes systémiques qui auraient pu causer des préjudices financiers considérables si elles n’avaient pas été détectées et endiguées par la vigilance de ce monitoring continu”.

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