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Économie argentée : Un filon d’or pour les investisseurs

 

– Par TAIMOURI Zin El Abidine –

Casablanca – Le discours capitaliste a longtemps estimé que les séniors représentaient un fardeau pour l’économie, arguant que le coût de financement des retraites ralentirait la croissance. Alors que plusieurs courants s’arrachent sur la question de nos aînés, conjuguer vieillesse et richesse est bel et bien possible !

L’économie argentée, communément appelée “silver économie” ou encore “économie des séniors”, semble déconstruire l’idéologie dominante et apporter un début de réponse à la fonction des cheveux gris au sein de l’économie.

Ce nouveau concept, apparu dès les années 2000, place les anciens au cœur de la société de consommation, pour désigner l’ensemble des marchés destinés aux personnes de plus de 60 ans qui représenteront 16% de la population mondiale d’ici 2050 contre 9% en 2019.

Porté par l’ambition de réunir toutes les dépenses de consommation des séniors, cette filière englobe une multitude d’activités économiques liées à la production, à la consommation et au commerce de biens et de services ciblant les personnes âgées.

Le marché du grand âge se fonde sur le constat démographique lié au vieillissement de la population. Les progrès de la science favorisent la longévité qui, économiquement parlant, impacte l’ensemble des secteurs économiques.

Cette gérontocroissance qui bouleverse les horizons économiques et soulève de nouveaux enjeux suppose donc une adaptation innovationnelle, organisationnelle et technologique pour le développement de nouveaux segments dédiés au bien-vieillir.

Alors que l’espérance de vie s’allonge à travers le monde, la silver économie examine ainsi les moyens de faire concourir nos aînés à la croissance tout en leur permettant de vivre plus confortablement. Car, si les “baby-boomeurs” sont bien moins productifs que leurs cadets, ils consomment tout autant que le reste des agents économiques, voire … bien plus.

Cette nouvelle donne démographique qui engage des mutations socio-économiques profondes intéresse de plus en plus les économistes et les investisseurs. A défaut de la considérer comme source de dépenses, ils y voient une niche prospère.

En chiffres, la Commission européenne a évalué dans un rapport datant de 2018 les dépenses privées des personnes âgées à près de 5.700 milliards d’euros en 2025 contre 3.700 milliards d’euros en 2015. Sa part dans le PIB européen s’établirait à 32% en 2025 contre 29% en 2015, et générerait 38% de l’emploi total.

Toutefois, le Maroc n’est pas épargné par ce phénomène mondial de transition démographique. Comme énoncé, le vieillissement de la population peut à la fois représenter une opportunité de croissance comme un risque de déséquilibre macroéconomique lorsqu’il n’est pas contrôlé.

Les perspectives du Centre d’études et de recherches démographiques (CERED) font état d’une progression des personnes âgées de plus de 60 ans qui passerait de 9,4% en 2014 à 23,2% à l’horizon 2050. En chiffre d’affaires, l’économie du bien-vieillir dépasserait les 640 MMDH en 2050 contre près de 53 MMDH en 2014, selon la Direction des études et des prévisions financières (DEPF).

C’est dire que la société du vieillissement, conception à la fois multidisciplinaire et multisectorielle, intervient comme une promesse d’un supplément de croissance et d’emplois, qui constituerait, à défaut de son développement, un véritable manque à gagner pour l’économie nationale.

Dans une conjoncture de refonte du système national de protection sociale et de construction d’un paradigme économique post-Covid, la silver économie mérite bien d’être explorée et exploitée comme un nouveau levier de développement d’autant plus qu’elle recèle un potentiel de progression annuelle de près de 7% en moyenne jusqu’en 2050.

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