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Le bricolage a encore de beaux jours devant lui

Hasnaa ELAKKANI

Casablanca  – Les enseignes de bricolage au Maroc se sont multipliées ces dernières années au bonheur des consommateurs, professionnels mais aussi particuliers, exigeant des produits de qualité et un espace de vente moderne et agréable.

Les magasins spécialisés et les grandes surfaces de bricolage (GSB) ont ainsi réussi à se positionner sur ce segment jadis dominé par les grandes drogueries et les quincailleries de quartier, en raison notamment d’une urbanisation importante, d’un potentiel de consommation des ménages en forte progression et l’émergence d’un grand nombre de centres commerciaux à travers toutes les régions du Royaume.

Le développement remarquable de ce secteur repose, également, sur la forte dynamique du secteur du bâtiment et travaux publics (BTP) que connaît le Royaume, ainsi que sur un changement des habitudes des consommateurs, qui sont de plus en plus nombreux à bricoler chez eux. Une tendance accélérée par les confinements successifs imposés depuis le déclenchement de la crise sanitaire.

Mustapha Bennani, consultant et expert en Marketing, explique ce foisonnement d’enseignes et de magasins de bricolage, notamment, par le large éventail de produits et une gamme plus complète que ceux des magasins de proximité (drogueries / quincailleries) et des prix plus compétitifs.

Ces espaces sont aussi dotés d’un personnel qualifié qui apporte des conseils judicieux à la clientèle, et se distinguent par “le sentiment donné par le fait de faire son choix soi-même sans contrainte aucune, ce qui confère une meilleure assurance au client”, fait-il savoir dans une interview à la MAP.

Les GSB attirent de plus en plus de particuliers

Les magasins de bricolage étaient habituellement fréquentés par des artisans et des professionnels, mais ces dernières années ces espaces connaissent une affluence de la part de particuliers hommes et femmes. Une tendance qui s’explique, selon M. Bennani, par plusieurs points.

D’abord, le particulier ne trouve pas toujours ce qu’il recherche chez le quincaillier ou à la droguerie du coin, fait-il remarquer, ajoutant que tout le monde ou presque s’est improvisé bricoleur et la notion de “faire une bonne affaire” s’est généralisée chez le particulier, qui commence lui-même à aller chercher son produit (seul ou accompagné d’un professionnel) quitte à le faire installer par un artisan par la suite.

Pour M. Bennani, les grandes surfaces brassent du monde : on y va pour faire un tour, pour flâner et voir et non plus essentiellement pour acheter quelque chose ou pour un besoin bien particulier et vu les prix pratiqués et les promotions, le comportement d’”achat accessoire” devient “achat compulsif” (on achète non par besoin mais parce qu’on pense avoir trouvé une occasion qu’il ne faut pas rater).

Et d’expliquer que le large choix proposé provoque ce comportement d’achat compulsif ou irréfléchi, faisant observer que “les heures et jours de grand trafic et d’affluence sont les week-end et jours fériés pour les particuliers et flâneurs”.

Pour les professionnels et les artisans, ces grandes surfaces leurs permettent de mieux rentabiliser leurs marges sur produits, car étant justement professionnels, ils arrivent à négocier et donc bénéficier de réductions supplémentaires liées à l’exercice de leur activité, relève-t-il.

Il y a aussi, et ce n’est pas à négliger, le service après-vente et la garantie fabricant ou fournisseur qui sont un point essentiel et que les particuliers ne trouvent pas chez le magasin du coin, souligne l’expert.

Tout ceci et bien d’autres points encore font que le particulier a de plus en plus tendance à aller vers les grandes surfaces et de plus en plus souvent.

De belles perspectives..

Le potentiel de ce marché est certain car le Maroc est un pays où la construction et l’aménagement de logements à usage d’habitat ou professionnel reste un secteur assez dynamique malgré la ou les crises que le secteur de l’immobilier semble traverser, souligne M. Bennani.

“Que ce soit du particulier à la grande structure spécialisée (privée, semi-étatique ou autre), l’évolution ne peut qu’être positive dans ce domaine, car le besoin se fait ressentir tant dans l’existant (rénovation, entretien) que les projets en cours et ceux à venir”, poursuit-il, ajoutant que la corrélation est bien établie pour ce marché de biens de consommation, qui s’établissent aujourd’hui nécessaires à la modernité de la vie.

Évoquant l’impact de cette évolution sur l’économie nationale, l’expert indique que “bien entendu, l’impact en termes de création d’emplois et de richesses ne peut qu’être positif dans la mesure où les jeunes diplômés (d’instituts et établissements techniques et/ou spécialisés) trouveront un débouché ainsi que les personnes (qui n’ont pas nécessairement un bagage ou cursus universitaire) en recherche d’emploi pourront trouver de quoi subsister à leurs besoins”.

Et donc, le potentiel de développement de ce marché étant un fait, cela permettra de satisfaire les besoins existants et/ou provoqués, et de par ce fait (corrélation oblige) la satisfaction des besoins se répercutera positivement sur le trend économique national, souligne-t-il.

Quel impact sur les drogueries de quartier ?

Interrogé sur la menace qui pourrait peser sur les drogueries/quincailleries, M. Bennani dit que la réponse “serait oui et non dans la mesure où ce serait les petites entités qui en auraient le plus à en souffrir et non les grandes drogueries de la place, de par un cash flow plus important et de par des marges bénéficiaires plus importantes ce qui permet des remises conséquentes.

Et d’ajouter que ces grandes entités peuvent se permettre de choisir la marque qui offre la meilleure marge bénéficiaire (parfois au détriment de la qualité), ce qui, pour un achat ponctuel, arrange tout autant le client que le vendeur.

L’expert estime que “ce qui atténue aussi un tant soit peu ce risque de menace c’est que bien souvent le client particulier et/ou l’artisan préfèreront se rendre chez la droguerie d’à côté pour des raisons de proximité autant que pour des raisons financières (paiement différé). “Sans oublier le fait qu’on se voit mal aller dans une grande surface de bricolage (qui peut se trouver parfois éloignée) juste pour acheter une ampoule et trois vis”, ajoute-t-il.

Le côté relationnel joue aussi beaucoup à ce niveau, car dans plusieurs villes et quartiers on va chez “son” quincailler comme on va chez “son” épicier ou boulanger ou boucher, et dans certains quartiers, ces commerces sont organisés en guilde où tout le monde se connaît, ce qui fait que justement cet aspect relationnel prend le pas sur tout le reste, et où il est tout à fait normal et naturel d’aller à la droguerie, précise M. Bennani.

L’émergence de grandes enseignes de bricolage vient donc répondre à une dynamique nouvelle et un changement des habitudes dictées par des faits à la fois structurels comme l’urbanisation grandissante et l’amélioration du pouvoir d’achat et conjoncturels tels que la crise du Covid-19.

Si ce type de commerce attire de plus en plus de clients au détriment des magasins traditionnels de quincaillerie, il se trouve lui aussi confronté à la concurrence accrue du commerce en ligne…. Une concurrence qui ne peut qu’être bénéfique pour le consommateur qui, au final, optera pour le canal qui répond au mieux à ses attentes.

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