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Les 8 leviers de la Stratégie nationale d’inclusion financière

Rabat – La Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF) repose sur 8 leviers stratégiques découlant de ses grandes orientations, selon un rapport de Bank Al-Maghrib (BAM) et le ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration.

Chaque levier est porté par un groupe spécifique, à l’exception de l’éducation financière, considérée comme un axe transversal traité par l’ensemble des groupes de travail.

Levier 1 : Paiement Mobile

Le Mobile Payment a été dans plusieurs pays un vecteur important, voire central, d’inclusion financière. Il a permis d’atteindre des niveaux très élevés de pénétration du compte et a été positionné pour une part significative des populations comme le principal vecteur de “financiarisation”.

Le succès de ce modèle s’explique par l’attractivité de la proposition de valeur pour les usagers, en particulier pour les ménages les moins aisés, offrant une forte capillarité, la simplicité des services et de leur utilisation, la compétitivité du prix et des conditions moins restrictives d’accès que pour les comptes.

Au Maroc, consciente des opportunités offertes par la digitalisation pour la promotion de l’inclusion financière et de la forte pénétration de la téléphonie mobile aussi bien en milieu urbain que rural, BAM s’est engagée depuis plusieurs années dans une stratégie de développement du Mobile Payment.

En effet, une première étape avait été franchie en 2014 après avoir introduit les Etablissements de Paiement en tant que nouvelle catégorie d’acteurs du secteur financier au niveau de la loi bancaire. Ces institutions sont capables, en complément des Etablissements de Crédit, d’ouvrir des comptes de paiement, de collecter des dépôts et d’offrir des services de paiement à leur clientèle favorisant ainsi l’innovation et la création d’un marché concurrentiel.

Depuis, le secteur financier s’est mobilisé sous l’impulsion de BAM et a poursuivi les travaux de mise en place d’une solution nationale de Paiement Mobile Interopérable largement diffusée et à bas coût. En effet, un comité stratégique regroupant, outre BAM et l’ANRT, les principales banques de la place, les trois opérateurs télécoms, le MEFRA et le Ministère de l’Industrie, a été mis en place pour piloter ce projet.

Ce comité a été chargé de définir les principales règles de place nécessaires au bon fonctionnement des transactions inter-opérées, de mener la syndication et d’affiner le modèle économique pour un lancement effectif de la solution courant 2018. Parallèllement, BAM a octroyé les agréments aux Etablissements de Paiement dont les dossiers ont été examinés et évalués conformément aux exigences légales et réglementaires.

Afin de promouvoir l’utilisation des paiements électroniques et de promouvoir l’acceptation du paiement mobile par les commerçants (commerces, épiceries, etc.) et son adoption par la population, le gouvernement a adopté dans le cadre de la Loi des Finances 2020, des incitations fiscales portant sur un abattement de 25% du chiffre d’affaires réalisé via Paiement Mobile pour les commerçants sous régime du résultat net simplifié et régime forfaitaire.

Levier 2 : Microfinance

La microfinance occupe une place particulière au sein du système financier marocain et constitue un levier incontournable de par le rôle qu’elle joue dans la lutte contre la pauvreté et la promotion de l’insertion des populations.

En effet, ce levier contribue à l’inclusion financière et économique des populations à faible revenu en favorisant la création des activités génératrices de revenu et ainsi des emplois.

Les pouvoirs publics ont constamment accompagné le développement du secteur du micro-crédit, compte tenu de sa convergence avec les politiques gouvernementales, visant la lutte contre l’exclusion sociale et la pauvreté.

Dans ce cadre, l’action des pouvoirs publics s’est focalisée sur quatre principaux axes à savoir: L’élargissement du périmètre des associations de micro-Crédit via la réforme de son cadre juridique, l’adoption d’importantes incitations fiscales au profit de ses acteurs, le développement et la diversification des ressources financières mobilisées en faveur du secteur et le renforcement du cadre de sa supervision.

Ces initiatives se sont traduites par le développement du marché du micro-crédit. En effet, l’activité des 13 associations exerçant le micro-crédit a été marquée à fin 2019 par la hausse de l’encours des crédits octroyés et du nombre de clients qui ont dépassé 7,4 MMDH et 923.497 respectivement avec un montant moyen de crédits de 8.000 DH et un taux des créances en souffrance de 4%.

Levier 3 : Assurance Inclusive

Au cours de la dernière décennie, l’activité sur le marché de l’assurance classique a connu une forte croissance en raison de l’extension des couvertures et de la diversification de l’offre en produits et services notamment dans le cadre des synergies créées avec le secteur bancaire. En revanche, une frange importante de la population demeure exclue de ses offres pour des raisons de conviction religieuse, vulnérabilité financière ou d’inadaptation de l’offre.

C’est ainsi que la tutelle et les différents intervenants du secteur se sont mobilisés pour promouvoir le développement de l’assurance inclusive en l’associant à d’autres services (mobile banking, micro crédit…) pour en faire un relais important pour la croissance de l’activité des secteurs économiques et le renforcement de la résilience des ménages, particulièrement les plus fragiles.

Une telle résilience pourra se traduire à l’horizon par une amélioration des conditions de vie des populations cibles. A cet effet, une étude a été réalisée par le cabinet de conseil international “Desjardins Développement” pour analyser l’état des lieux de l’assurance inclusive au Maroc.

Les conclusions de ce diagnostic ont servi de base pour la conception d’une feuille de route consacrée à l’essor de cette nouvelle industrie financière au Maroc. Cette feuille de route énumère un ensemble de mesures portant à la fois sur l’offre et la demande pour renforcer la couverture et la pénétration assurantielle.

Il s’agit notamment d’adapter l’offre du secteur, de revoir la réglementation pour introduire le concept de la micro-assurance et de stimuler la demande à travers une sensibilisation accrue des populations cibles aux risques et aléas de la vie quotidienne.

Partant de cette feuille de route, la SNIF a défini les principaux chantiers de l’assurance inclusive et les a décliné en une feuille de route détaillée avec une définition claire des priorités et des acteurs à associer pour une mise en œuvre réussie.

Levier 4 : Offres bancaires

Ces dernières années, de nombreux efforts ont été mis en œuvre par les Banques afin d’accroître leur base de clientèle, et notamment la clientèle à revenus modestes.

Conscients de la marge de progression qui demeure importante pour le secteur bancaire, les acteurs associés aux travaux de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière ont défini les principaux axes d’intervention afin d’améliorer le niveau de bancarisation “classique” des individus et des entreprises sous-desservis en rendant ces segments plus attractifs pour les Banques mais aussi en développant des gisements de bancarisation encore peu exploités.

Ces axes sont définis après l’identification et l’analyse des freins à l’accès aux services bancaires pour les populations cibles notamment les ruraux et la TPE:

– Pour renforcer l’accessibilité desdits services en milieu rural, les membres du groupe de travail “offres bancaires” ont souligné les prérequis de l’ouverture de modèles de points d’accès adaptés aux communes rurales, jusque-là non-couvertes, en fonction de leur densité.

– Pour répondre aux besoins de la population rurale en termes de services financiers, une étude terrain a été identifiée en tant que pré-requis du développement d’offres adaptées, permettant de renseigner BAM et les Banques sur les habitudes et les critères de choix des services financiers et des moyens de paiement ainsi que les facteurs qui pourront favoriser l’inclusion de ce segment.

– Pour mieux servir la TPE, l’accent est mis principalement sur les mécanismes de garantie et d’accompagnement les plus appropriés, compte tenu de l’étape du cycle de vie de cette catégorie d’entreprise.

– Un plan d’éducation financière ciblé est prévu pour accompagner le déploiement des offres des Banques et des mesures d’accompagnement dans l’objectif de renforcer les compétences financières des ruraux et de la TPE et les préparer à une utilisation responsable des services financiers formels.

Levier 5 : Outils d’aide au financement des TPE et des start-up

Ces dernières années, plusieurs mécanismes ont été développés pour faciliter l’accès au financement pour les individus et les entreprises.

Afin d’explorer les marges de progression qui subsistent, les travaux de la SNIF se sont focalisés sur différentes dimensions, principalement, le développement des Credit Bureaux à travers la revue du cadre légal et réglementaire, le renforcement des mécanismes de garantie via les sûretés mobilières, le développement de nouveaux modes de financements des startups.

Par ailleurs, il convient de noter qu’afin de renforcer l’offre de financement ciblant les startups et entreprises innovantes, le gouvernement a retenu dans le cadre de la stratégie de la Caisse Centrale de Garantie (CCG), la mise en place d’un dispositif de financement de l’amorçage et de l’innovation.

Levier 6 : Dématérialisation des paiements

La dématérialisation des paiements vise à assurer la sécurisation des transactions pour les ménages et les entreprises, l’intégration progressive des populations dans les circuits formels et la traçabilité des opérations. Au-delà, la dématérialisation est également un facteur fort d’inclusion financière au vu de son rôle potentiel dans le renforcement de l’usage de services financiers “formels”.

A cet effet, la SNIF privilégie deux domaines de dématérialisation pour stimuler l’inclusion financière:

– Les flux Etat – Usager qui regroupent l’ensemble des flux des entités publiques ou de certains organismes vers les ménages et entreprises (aides sociales, prestations sociales, remboursements de soin, etc.) ainsi que les versements des ménages et entreprises vers ces acteurs (paiements d’impôts et de taxe, versements de cotisations, etc.).

– Les flux “privés” incluent principalement les paiements divers des individus et des entreprises (paiements aux commerçants, paiements aux grands facturiers, etc.) et le versement des salaires (environ 11 millions de salariés).

S’agissant du levier 7 ” Education Financière”, levier transverse de la stratégie, il est traité en tant qu’un des axes des autres leviers.

 

Levier 8: Pilotage de la stratégie

Le pilotage de la stratégie accorde un intérêt particulier au suivi et évaluation pour garantir le déploiement de la feuille de route dans les délais et informer les décideurs politiques des points d’attention et des ajustements à adopter en temps opportun.

Outre les tableaux de bord de suivi des leviers, ce dispositif repose sur l’évaluation des différentes dimensions de l’inclusion financière pour suivre l’impact des mesures de la stratégie sur l’accès, l’usage et la qualité d’une part mais aussi sur des instruments de mesure d’impact pour évaluer la concrétisation des ambitions de la stratégie.

C’est dans ce cadre que le groupe de travail “Data & Mesure” a arrêté ses besoins en termes de data après avoir recensé les indicateurs clés pour la mesure des dimensions de l’inclusion financière. En outre, l’accent a été mis sur les freins à lever pour la collecte des données requises ainsi que la mesure des indicateurs conformément aux standards internationaux.

Voir aussi:

Coupure d’électricité au Grand Stade de Fès: l’ONEE rejette toute responsabilité, le stade n’étant pas raccordé à son réseau électrique de distribution (mise au point)

Bassma RAYADI

ONEE: plus de 9 MMDH d’investissements en 2021

Safaa BENNOUR

Protocole d’accord entre CFCA et l’Agence sud-africaine Wesgro

Maria MOUATADID