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Ramadan, repenser autrement la surconsommation

Safaa BENNOUR

Casablanca – Mois de modération et de solidarité, Ramadan peut, paradoxalement, être synonyme de frénésie entraînant dans son sillage des pertes alimentaires excessives. Ce gaspillage engendre un manque à gagner énorme pour l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur de la production alimentaire.

Or, freiner ces comportements de surconsommation ou adopter des réflexes de solidarité riment parfaitement avec les valeurs de ce mois béni. En effet, la bataille contre le gaspillage alimentaire s’impose de plus en plus avec acuité pour relever les défis non seulement de la sécurité alimentaire mais aussi de ceux du climat.

D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), plus de 13% de la production alimentaire mondiale est perdue entre les étapes de production et de vente en gros de la chaîne d’approvisionnement. En outre, 17 % supplémentaires sont gaspillés aux stades de la vente au détail, de la restauration et du consommateur.

Ces pertes surviennent alors que plus de 800 millions de personnes sont sous-alimentées et que près de 3,1 milliards n’ont pas les moyens de se nourrir sainement.

De plus, les pertes et gaspillages alimentaires contribuent à 8 à 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon l’organisation onusienne.

Évidemment, ce fléau est l’origine également d’une hausse des dépenses pour le consommateur, notamment en ces temps où les prix des denrées et produits alimentaires atteignent des pics inédits, mais qui ne semblent pas le dissuader pour renoncer à la surconsommation et céder la place à des pratiques plus rationnelles.

Au Maroc, ce sont pas moins de 84% des foyers qui jettent de la nourriture préparée n’ayant pas été consommée.

Des chiffres dévoilés auparavant par le Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) montrent que près de 45,1% des familles marocaines jettent l’équivalent de 6 à 51 dollars par mois soit 60 à 500 dirhams.

Face à cette recrudescence des comportements favorisant les pertes alimentaires, les opérations de sensibilisation et d’éducation deviennent plus que jamais une urgence dictée par les enjeux multidimensionnels, économiques, sociaux et environnementaux associés au gaspillage des aliments.

Aussi, d’autres actions plus concrètes et des concepts anti-gaspillage alimentaire commencent aussi à émerger à l’instar de plateformes innovantes et de startups agissantes qui mettent en relation, en temps réel, l’offre des grandes ou moyennes distribution ou encore des commerces de proximité, avec la demande des consommateurs.

De l’innovation pour lutter contre le gaspillage alimentaire

Zakaria Ouahi, CEO de Savey.ma, une solution digitale et logistique anti-gaspillage alimentaire, explique à la MAP son concept innovant qui a pour vocation de contribuer à sauver la planète (déchets alimentaires, incinération, gaz à effet de serre…), outre un intérêt pour l’action caritative en matière de distribution de repas.

Cette plateforme permet de relier les différents acteurs (industriels, producteurs, importateurs, grandes distributions…) en temps réel et en géolocalisation, dont leurs produits alimentaires invendus, en sur-production ou en sur-stockage propre à la consommation, en créant des alertes de disponibilité via la solution, fait savoir M. Ouahi.

Les bénéficiaires sont des B2B (pâtisseries, boulangeries, cafés, restaurants..), toute entité qui utilise la matière première d’une façon quotidienne et massive. En B2C: client grand public, avec plus de 30000 références sur la plateforme, souligne-t-il.

“Pendant ce mois sacré, nous essayons de créer une grande diversification en panier contenant plusieurs articles, ainsi de jouer sur le produit à date limite de consommation (DLC) courte en proposant des deals intéressants en matière de prix, qualité et traçabilité”, fait-il valoir.

Dans la partie associative, M. Ouahi précise que Savey est un approvisionneur à travers de la matière première fournie pour la transformation (la cuisson) tout en respectant, insiste-t-il, la chaine de froid, la conservation des produits, etc.

De loin, l’action caritative demeure l’une des meilleures solutions à même de contribuer à réduire les pertes alimentaires. Si les actions solidaires montent crescendo durant ramadan, mois de partage, à travers la distribution de ftours gratuits. Ceci n’exclut pas certains cafés et restaurants qui s’y mobilisent à leur tour.

Portés par une volonté de solidarité, ceux-ci, grâce à leur bonne gestion des stocks, s’attachent à organiser des ftours collectifs gratuits aux personnes nécessiteuses et aux passants. Une autre manière de contribuer aux efforts de lutte contre le gaspillage alimentaire.

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