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Tourisme:Quelles voies de sortie de crise pour les TPME ?

Par Salma EL BADAOUI.

Casablanca- Au lendemain de la réouverture des frontières, les entreprises touristiques, en particulier les TPME fortement impactées par la crise, sont appelées à répondre aux nouvelles tendances post covid-19 afin de réussir la reprise de l’activité. Quelles seraient donc les meilleurs moyens qui permettraient à ces structures de rayonner à l’ère de la nouvelle normalité ?

S’il est clair que l’ensemble des décisions prises jusqu’à présent pour la relance du tourisme national vont profiter d’une façon ou d’une autre aux entreprises touristiques, les TPME aspirent, elles, à mettre en adéquation un accompagnement spécifique à même de leur permettre de garder le cap tout en surmontant leurs difficultés.

En effet, plusieurs études montrent que la crise sanitaire a provoqué la montée en puissance de la demande des marchés touristiques en termes de qualité, de santé, d’hygiène et de sécurité. Il s’agit donc de renforcer une culture de qualité avec des niveaux de réussite et de reconnaissance de façon à soutenir les TPME touristiques qui intègrent cette démarche et accompagner les autres à la développer.

Dans ce sens, un ensemble de mesures ont été prises pour appuyer ce segment névralgique de l’économie marocaine, notamment à travers des opérations pilotes déjà amorcées ou encore via des programmes et des projets implémentés de façon concertée avec les professionnels et les investisseurs en tourisme.

Approché par la MAP, Hassan Aboutayeb, consultant en tourisme et développement durable, a insisté sur le rôle des investisseurs en tourisme qui doivent faire preuve de créativité et d’innovation pour faire face aux nouveaux défis.

“Dans cette perspective, il faut miser sur l’exemplarité et faire le choix de la méritocratie, mettre en avant des +champions+ pour redonner confiance dans le secteur”, a indiqué M. Aboutayeb, notant que des mesures d’appui à la reconversion peuvent aussi être implémentées pour donner envie aux gens de se reconvertir dans le tourisme.

D’autres mesures pourraient être prises pour appuyer le secteur, a-t-il ajouté, relevant qu’au niveau financier, les sources de financement existent mais, dans la pratique, elles restent peu accessibles, notamment aux TPE touristiques. Les financements hybrides ou alternatifs comme le crowdfunding restent encore sous exploités malgré une législation favorable depuis une année, a estimé l’expert.

Par ailleurs, a-t-il soutenu, on peut aussi imaginer un accès facilité aux marchés publics pour les TPME du secteur, ou même envisager un seul portail pour réaliser les différentes opérations liées à l’entreprise touristique.

Evoquant les voies de sortie de la crise pour ces entreprises, l’expert a mis en avant les exigences des marchés touristiques en matière de qualité et d’hygiène, ainsi que l’accélération de la transition écologique et la demande pour un tourisme responsable et durable, un tourisme plus diffus dans les territoires et la digitalisation de certaines prestations.

L’autre tendance qui se dégage est l’approche expérientielle qui est de plus en plus demandée dans cette nouvelle normalité, a soulevé M. Aboutayeb, expliquant que la clientèle recherche parallèlement le côté durable, à vivre des émotions, le contact avec la population locale, à donner du sens à son voyage.

D’après lui, les TMPE touristiques sont appelées, entre autres, à innover en proposant des produits touristiques compétitifs au niveau national et international. Le numérique aura aussi une place de choix, mais il est nécessaire qu’il soit en cohérence avec les principes de durabilité, a-t-il dit.

La mise en place d’observatoires régionaux est nécessaire afin d’offrir aux TPME touristiques une veille informationnelle, un suivi des tendances, des tableaux de bord et des bases de données, a-t-il ajouté.

Concernant l’impact de la décision de la réouverture des frontières, l’expert a indiqué que les acteurs du tourisme ont été ravis de cette décision, mais aussi leurs partenaires internationaux, et la preuve en est que juste après l’annonce de la réouverture du ciel, les compagnies tels que EasyJet, TUI, Transavia, Ryanair et d’autres ont exprimé leur volonté de relancer rapidement les vols vers le Maroc. En parallèle, un grand travail de fond a été réalisé en amont par l’ONMT pour permettre cette reprise rapide, a-t-il noté.

La réouverture des frontières a été fortement saluée de la part des acteurs marocains du tourisme, mais aussi de leurs partenaires internationaux pour qui la destination Maroc est une valeur sûre. La destination Maroc a fait ainsi montre d’une marque bien installée sur l’échiquier touristique international malgré le désarroi lié à la fermeture des frontières.

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