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L’Afrique appelée à engager des réformes structurelles

Par : Omar Er-rouch

L’Afrique, qui fait face à des chocs endogènes et exogènes, est appelée plus que jamais à diversifier son économie et à engager des réformes économiques structurelles afin de renforcer sa résilience, a souligné mercredi à Marrakech, M. Kevin Chika Urama, économiste en chef et vice-président par intérim du Complexe gouvernance économique et gestion des connaissances à la Banque Africaine de Développement (BAD).

“Le défi est d’accompagner l’Afrique dans sa relance pour réaliser une croissance annuelle de plus de 7% pendant plus de trois ou quatre décennies, afin que nous puissions créer une transformation structurelle à même de contribuer à favoriser la croissance, la création de richesses, la création d’emplois et la transition vers des économies à revenu intermédiaire ou élevé en raison de chocs répétés, qui souvent ne sont pas causés par ces pays”, a expliqué M. Urama à M24, la chaîne télévisée de l’information en continu de la MAP.

Le responsable de la BAD qui prenait part aux travaux de la Réunion du Groupe africain des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales des 54 Etats africains membres de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International “Caucus africain” (5 et 6 juillet à Marrakech), a tenu à préciser qu’après avoir subi une contraction induite par la pandémie de 1,6 % en 2020, le Produit Intérieur Brut en Afrique s’est fortement redressé en 2021 pour croître d’environ 6,9 %, estimant que “cela signifie que la croissance de 7% du PIB est tout à fait possible sur le Continent”.

Pour y parvenir, ajoute l’expert, le Continent doit diversifier son économie. “À cet égard, nos pays doivent engager des réformes structurelles”, a-t-il préconisé.

Dans ce sens, il a cité le Maroc en le qualifiant d’un “très bon exemple” de la façon dont les réformes structurelles favorisent la croissance sur le Continent, notamment à travers l’intégration du secteur des services dans sa contribution au PIB, le développement du secteur agricole et la valorisation des ressources naturelles, afin que “nous puissions réduire la dépendance à l’égard du commerce des matières premières”.

Revenant sur le thème de la réunion du “Caucus Africain 2022” “Vers une Afrique résiliente”, M. Urama, a expliqué que de nombreuses économies africaines “sont très résilientes, mais la résilience elle-même, n’est pas une finalité en soi puisqu’une économie peut être petite et résiliente. La finalité serait de savoir comment croître les économies de manière résiliente”.

Dans ce sens, il a relevé que la BAD accompagne la croissance des économies africaines sans sacrifier leur capacité de résilience en termes de préparation aux prochains chocs. “L’idée est d’être prêt à absorber ces chocs au fur et à mesure qu’ils se présentent”, a-t-il dit.

Les activités de la BAD concernant la gestion des connaissances, le développement des capacités, l’assistance technique, le dialogue sur les politiques… sont toutes axées sur le renforcement de la résilience économique du Continent, a fait savoir l’économiste, rappelant que la BAD a mis en place le Mécanisme Africain de Stabilité Financière pour faire face aux chocs endogènes et exogènes.

“Grâce à ce mécanisme de stabilité financière, nous œuvrons avec les parties prenantes et les partenaires africains pour fournir des fonds aux pays du Continent en cas d’un choc majeur, sans toujours attendre une intervention internationale. Nous avons besoin d’un système tampon qui permet à l’Afrique d’absorber les chocs”, a-t-il enchainé.

Dans ce cadre, il a rappelé que la Banque a, depuis sa création, œuvre à la promotion du développement du Continent à tous les niveaux, à travers plusieurs programmes et mécanismes.

Ainsi, le Knowledge Management Strategy (KMS) “Stratégie de gestion des connaissances”, vise à faire de la BAD la première institution du savoir en Afrique dans les domaines de son mandat et à développer des solutions innovantes pour relever les défis complexes auxquels l’Afrique est confrontée, a-t-il expliqué.

La BAD a également mis en place une stratégie appelée “Stratégie de Renforcement des Capacités”, qui vise à renforcer la capacité des pays africains à promouvoir et à réaliser une croissance économique durable et inclusive, et à accélérer la transformation structurelle qui contribue au développement et au progrès social des Etats africains, a ajouté M. Urama.

Parallèlement aux mécanismes de réponse rapide, tel que le mécanisme de réponse rapide au Covid, la Banque a créé la stratégie “High 5” destinée à soutenir la réalisation des ODD par les pays africains et scindée en 5 axes majeurs à savoir : “Eclairer et fournir de l’énergie à l’Afrique”, “Nourrir l’Afrique”, “Industrialiser l’Afrique”, “Intégrer l’Afrique” et “Améliorer la qualité de vie des populations en Afrique”.

Et de poursuivre que la BAD a également développé de nombreux programmes, tels que l’Académie de Gestion des Finances Publiques, qui aide à fournir une formation structurée aux fonctionnaires publics dans ce domaine et à créer une plateforme pour promouvoir l’apprentissage entre pairs.

“Il existe d’immenses domaines où le Maroc est très performant et peut partager son expertise avec les autres pays du Continent”, a-t-il souligné en guise de conclusion.

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