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Entretien avec le Vice président de la BAD

Dans un entretien à M24, la chaine télévisée de l’information en continu de la MAP, en marge de la réunion du groupe africain des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales des 54 Etats africains membres de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International “Caucus africain 2022”, M. Kevin Chika Urama, économiste en chef et vice-président par intérim du Complexe Gouvernance Economique et Gestion des Connaissances à la Banque Africaine de Développement (BAD), revient sur la dynamique de la croissance économique de l’Afrique, sa résilience face aux chocs endogènes et exogènes, ainsi que sur le rôle de la BAD dans le renforcement de cette résilience.

1 – La croissance en Afrique est considérée comme la plus rapide dans le monde. Dans quelle mesure est-ce vrai ? Et quel est le potentiel existant pour parvenir à la transformation structurelle souhaitée à l’échelle du Continent ?

Après avoir subi une contraction induite par la pandémie de la Covid-19 de 1,6% en 2020, le produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique s’est fortement redressé en 2021 pour croître d’environ 6,9 %. Cela signifie que la croissance de 7% du PIB est tout à fait possible sur le Continent.

Le défi est d’accompagner l’Afrique dans sa relance pour réaliser une croissance annuelle de plus de 7% pendant plus de trois ou quatre décennies afin que nous puissions créer une transformation structurelle qui contribuera à favoriser la croissance, la création de richesses, la création d’emplois et la transition vers des économies à revenu intermédiaire ou élevé en raison de chocs répétés, qui souvent ne sont pas causés par ces pays.

Pour y parvenir, le Continent doit diversifier son économie. À cet égard, nos pays doivent engager des réformes structurelles.

A l’instar d’autres pays africains, le Maroc est un très bon exemple de la façon dont les réformes structurelles favorisent la croissance sur le Continent, notamment à travers l’intégration des services dans leurs contributions au PIB, le développement du secteur agricole et la valorisation des ressources naturelles afin que nous puissions réduire la dépendance à l’égard du commerce des matières premières.

2 – Comment la BAD contribue à la réalisation de cette croissance soutenue ?

Depuis sa création, la BAD œuvre à la promotion du développement sur le Continent à tous les niveaux. La Banque a mis en place la Knowledge Management Strategy (KMS), “Stratégie de Gestion des Connaissances”, qui vise à faire de la BAD la première institution du savoir en Afrique dans les domaines de son mandat et à développer des solutions innovantes pour relever les défis complexes auxquels l’Afrique est confrontée.

Ensuite, nous avons également une stratégie baptisée “Stratégie de Renforcement des capacités”, qui vise à renforcer la capacité des pays africains à promouvoir et à réaliser une croissance économique durable et inclusive, et à accélérer la transformation structurelle.

Parallèlement aux mécanismes de réponse rapide, tel que le mécanisme de réponse rapide au Covid, nous avons la stratégie “High 5” destinée à soutenir la réalisation des ODD par les pays africains et qui est scindée en 5 axes majeurs à savoir : “Eclairer et fournir de l’énergie à l’Afrique”, “Nourrir l’Afrique”, “Industrialiser l’Afrique”, “Intégrer l’Afrique” et “Améliorer la qualité de vie des populations en Afrique”.

La BAD a également développé de nombreux programmes, tels que l’Académie de Gestion des Finances Publiques, qui aide à fournir une formation structurée aux fonctionnaires publics dans ce domaine, et à créer une plateforme pour promouvoir l’apprentissage entre pairs. Il existe d’immenses domaines où le Maroc est très performant et peut partager son expertise avec les autres pays du Continent.

3 – La résilience est le thème de la Réunion du “Caucus Africain”, tenue les 5 et 6 juillet à Marrakech. Quelle analyse faites-vous sur la résilience économique du Continent ? et Quelle intervention de la BAD dans ce sens ?

De nombreuses économies africaines sont très résilientes, mais la résilience elle-même n’est pas la finalité en soi, puisqu’une économie peut être petite et résiliente. La finalité serait donc, de savoir comment croître les économies de manière résiliente.

“Nous accompagnons la croissance des économies africaines sans sacrifier leur capacité de résilience en termes de préparation aux prochains chocs. L’idée est d’être prêt à absorber ces chocs au fur et à mesure qu’ils se présentent”.

Les activités de la BAD concernant la gestion des connaissances, le développement des capacités, l’assistance technique, le dialogue sur les politiques… sont toutes axées sur le renforcement de cette résilience au niveau du Continent.

L’un des mécanismes que nous avons créés pour faire face à ces chocs est le Mécanisme Africain de Stabilité Financière.

Grâce à ce mécanisme de stabilité financière, nous œuvrons avec des parties prenantes et des partenaires africains pour fournir des fonds aux pays du Continent en cas d’un choc majeur, sans toujours attendre une intervention internationale. Nous avons besoin d’un système tampon qui permet à l’Afrique d’absorber ces chocs.

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