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Mina Shaqi, tombée dans les filets de la littérature!

Par: Samia Boufous

Casablanca- Du haut de ses soixante-deux ans, Mina Shaqi, cette écrivaine et poétesse originaire de Casablanca est vent debout contre les inégalités homme-femme, une cause pour laquelle elle s’engage depuis des lustres.

Également experte en communication, Mina se définit elle-même à travers une trilogie magique : “une tête froide, un cœur chaud et des mains propres”, comme l’attestent bon nombre de ses proches.

Discrète de nature, cette mère de trois enfants n’a pas forcément eu un parcours facile. En fait, ce n’est qu’après avoir travaillé en tant qu’enseignante au primaire, qu’elle a pu avoir son baccalauréat en tant que candidate libre.

“Après deux ans d’études universitaires, j’ai passé le concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure. Autrement-dit, j’avais plusieurs rôles à assumer, en l’occurrence, la vie conjugale, la vie professionnelle et les études. Viendront ensuite ma passion pour l’écriture et mon investissement dans le travail associatif”, a- t-elle confié à la MAP.

Sourire aux lèvres et visage chaleureux, elle raconte comment l’écriture est devenue pour elle plus qu’une passion, une vocation. A l’instant même où elle a appris à écrire, elle commençait déjà à griffonner de petites histoires illustrées qui faisaient le bonheur de son entourage.

“J’écris depuis mon jeune âge. Étant de nature taciturne, je me livrais souvent à l’écriture pour me confier. Mais si je dois préciser les circonstances dans lesquelles j’ai vraiment pensé me consacrer à l’écriture, je dirai que c’était lorsque j’ai commencé à travailler comme journaliste pour un quotidien national, où j’écrivais une chronique littéraire +Murmures des Marguerites+ qui sera par la suite le titre de mon tout premier recueil de poésie”.

L’écriture a pris alors le dessus sur toutes les autres activités. Elle n’était plus une simple passion, mais un devoir, une responsabilité même, a-t-elle dit, lors d’un entretien accordé à la MAP, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la femme.

Sur l’omniprésence de la femme dans ses œuvres, l’auteure explique qu’écrire est avant tout un engagement, dans le sens où il s’agit de transmettre un message, celui de la représentation de la femme marocaine, quelle que soit sa situation sociale”.

“J’essaie tant bien que mal de lutter pour les droits de la femme marocaine à travers mes écrits. Maria et Mariam, les deux héroïnes de mes romans respectifs +Maria à la recherche de la voie perdue+ et +Une femme Cinq hommes+ se révoltent et revendiquent leurs droits. Ce sont des femmes combatives qui ont une soif de liberté sans égal.

Dans ces romans, comme pour les autres, Mina Shaqi dit ”écrire avec le cœur”. “Quand on écrit avec ses émotions, on peut transmettre au lecteur toute la passion qui nous anime et le faire adhérer à ce monde imaginaire qu’on crée et qui reflète quelque part la réalité'”, confie-t-elle, le regard pétillant, l’allure moderne, volontaire.

Revenant sur la femme, Mina a affirmé être convaincue plus que jamais, que le développement de toute société est inéluctablement lié à la libération de la femme et à la création des conditions qui lui permettent de jouir de ses droits économiques, politiques, sociaux et culturels. “C’est pourquoi j’ai toujours milité au sein des associations et des mouvements pour les droits des femmes”.

“Ceci dit, je pense que cela doit être un combat quotidien car, en dépit des progrès réalisés par la femme marocaine grâce à ses efforts et ses ambitions, force est de constater encore une présence assez modeste dans les postes de prise de décision que ce soit dans les institutions représentatives ou dans les partis politiques”, souligne-t-elle.

Interrogée sur la parité homme-femme dans ce milieu littéraire, Mme Shaqi n’a pas manqué de préciser que le rapport de la femme à la littérature au Maroc demeure récent. “Grace à son accès au savoir, la femme marocaine, longtemps acculée au mutisme, commence à s’exprimer dans un champ littéraire plutôt investi par l’homme”.

En effet, les années 80 ont connu une vraie révolution contre le silence imposé pour s’affirmer et depuis, écrire est devenu un acte de délivrance et de libération, a-t-elle affirmé, tout en assurant avec fierté que le cercle de femmes écrivaines s’élargit de jour en jour et ce, dans tous les genres littéraires: romans, poésies, nouvelles…”

Réussir sa vie professionnelle tout en étant épanouie dans sa vie personnelle, est-ce possible?

A cette question, Mme Shaqi n’a pas hésité la moindre seconde avant de répondre. “Pallier vie privée et vie professionnelle est un sacré challenge ! D’un côté, le travail peut t’empêcher de vivre pleinement la vie familiale, de l’autre les contraintes de la famille constituent une entrave à son épanouissement professionnel, sachant qu’en général c’est la femme qui s’occupe davantage de toutes les tâches liées au foyer.

Et de renchérir: “Souvent, voulant être sur tous les fronts et ne pouvant s’organiser, la femme se sent coupable. Je pense qu’à un moment il faudrait cesser de vouloir être parfaite ! ”

Pour elle, la célébration de la journée mondiale de la femme est une occasion de faire le bilan sur la situation de la femme, fêter ses victoires, mettre en relief ses acquis et faire entendre ses revendications afin d'”améliorer davantage ses conditions de vie et c’est dans ce sens qu’elle s’adresse à toutes les femmes marocaines, en déclamant: “Ne cédez jamais. Les droits s’arrachent et ne se donnent pas !”

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