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Sortie du Maroc de la liste grise du GAFI: Interview avec Nabil Badr, adjoint à la responsable de supervision bancaire de BAM

Propos recueillis par Manal ZIANI.

Suite à la sortie du Maroc du processus de surveillance renforcée, connu sous “liste grise”, décidée à l’unanimité par le Groupe d’Action Financière (GAFI), Nabil Badr, adjoint à la responsable de supervision bancaire de Bank Al-Maghrib (BAM), explique, dans une interview à la MAP, les implications sur les plans économique et financier de cette sortie, les mesures mises en place pour sa réussite, ainsi que les actions nécessaires pour maintenir les acquis et renforcer le dispositif national de lutte contre le blanchiment d’argent conformément à l’évolution des normes internationales.

– Tant attendue, qu’implique la décision de sortie du Maroc de la “liste grise” du GAFI sur les plans économique et financier ? Quelles sont les perspectives attendues grâce à cette décision ?

Cette décision atteste que le Maroc a respecté ses engagements pris vis-à-vis du GAFI et a mis en œuvre le plan d’actions pour se conformer aux normes internationales de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme qui sont arrêtées par cet organisme.

La sortie du Maroc de la liste grise du GAFI aura des impacts positifs sur l’économie et le système financier marocain, à travers notamment:

– La consolidation de la réputation de notre pays;

– Une plus grande attractivité des investisseurs étrangers ;

– Une plus grande éligibilité aux opérations de financement de bailleurs de fonds étrangers ;

– La consolidation des relations de correspondants Banking entre les banques marocaines et les banques étrangères ;

– L’allégement des formalités et délais de traitement des transactions financières et commerciales avec l’étranger.

– Les conclusions contenues dans le rapport des experts du groupe soulignent notamment la réussite du Maroc à améliorer la supervision basée sur le risque, ainsi que la surveillance efficace de la conformité des institutions financières et des entreprises et professions non financières désignées (EPNFD) aux obligations relatives aux Sanctions financières ciblées (SFC). Comment a-t-on pu réussir cela ?

La mise en œuvre du plan d’actions du Maroc pour se conformer aux normes du GAFI est le fruit d’une mobilisation et d’une coordination à l’échelle nationale assurées dans le cadre d’une Commission interministérielle présidée par le Chef du gouvernement.

Des plans d’actions sectoriels ont été déployés pour que les différentes parties prenantes concernées, départements ministériels et autorités, mettent en œuvre les actions relevant de leurs attributions.

Dans ce cadre, l’un des chantiers prioritaires a donné lieu à l’institution d’une Commission nationale chargée de l’application des SFC émanant des Résolutions du Conseil de Sécurité des Nations-Unies relatives au terrorisme, à la prolifération des armes et à leur financement. Sa composition comprend des représentants de l’ensemble des autorités et administrations concernées.

Un autre chantier important a porté sur la mise en place d’une supervision basée sur les risques par les autorités de contrôle du secteur des EPNFD. Ce chantier a été mené avec un accompagnement rapproché de l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF), de la Commission nationale chargée de l’application des sanctions prévues par les Résolutions du Conseil de Sécurité des Nations-Unies (CNASNU) et des autorités de contrôle du secteur financier.

Pour leur part, les autorités de contrôle du secteur financier avaient déjà adopté depuis plusieurs années une approche basée sur les risques dans leur processus de contrôle. Celle-ci a davantage été renforcée pour couvrir le respect par les institutions financières des obligations relatives à l’application des SFC.

– L’amélioration et la diversité des déclarations de soupçon a également été mise en avant dans le rapport des experts, une tâche qui n’est pas facile à mettre en place au regard notamment de la nature du comportement des agents marocains qui ont souvent pris l’habitude de manipuler le cash et de recevoir l’argent en espèces sans trop s’attendre à des questions sur l’origine des fonds. Comment les autorités de supervision et de contrôle (BAM, ACAPS, AMMC…) ont pu surmonter ce défi ? Par quelles mesures ?

L’amélioration et la diversité des déclarations de soupçon sont le résultat d’actions de formation et de sensibilisation organisées au profit des assujettis relevant du secteur financier, ainsi que l’échange d’expériences entre les acteurs de l’écosystème.

Ces progrès reflètent également la sophistication des outils de monitoring des opérations et de surveillance des risques et un renforcement de la veille sur l’évolution des techniques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.

– Le Maroc réitère son engagement à poursuivre le renforcement du dispositif national de lutte contre le blanchiment d’argent conformément à l’évolution des normes internationales. Quels sont les points restant à améliorer ?

La lutte contre la criminalité financière constitue une priorité nationale et une garantie pour l’intégrité du système financier. La préservation de ces acquis requiert :

– Une mise en conformité permanente par rapport aux normes internationales qui sont en constante évolution dans un contexte marqué par la sophistication des techniques et moyens utilisés par les criminels ;

– Le maintien de la mobilisation et de la coordination au niveau national entre les secteurs public et privé pour accompagner ces développements.

Voir aussi:

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