• Accueil
  • À LA UNE
  • Transferts des MRE: 3 questions à l’universitaire Younes Chebihi
À LA UNE

Transferts des MRE: 3 questions à l’universitaire Younes Chebihi

Casablanca – L’enseignant à l’Université de Bordeaux et membre du Laboratoire français de recherche en économie et finance internationale (LAREFI), Younes Chebihi, livre, dans un entretien à la MAP, sa lecture de la résilience des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) en 2020 et au T1-2021.

– Que représentent les transferts de fonds effectués par les MRE au niveau des comptes extérieurs du Royaume et comment la résilience de ces flux a contribué à amortir le choc de la crise du Covid-19 ?

Les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) représentent une recette importante pour les comptes extérieurs du pays. Pour donner un ordre de grandeur, ces flux dépassent les recettes des investissements directs étrangers (IDE) et ont représenté, en 2020, 26% du volume des exportations et 21% des réserves.

D’ailleurs, nous figurons parmi les pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) recevant le plus de recettes de cette nature, occupant la deuxième place après l’Égypte.

Le niveau des recettes des MRE est resté résilient durant l’année dernière malgré la crise sanitaire. Cela a contribué, aux côtés du recours à la ligne de précaution et de liquidité (LPL) du Fonds monétaire international (FMI) et à l’emprunt extérieur, à amortir le choc sur la balance des paiements du Royaume, ce qui a contenu les besoins de financement extérieur du pays.

Par conséquent, le niveau des réserves est resté au-dessus de son niveau à fin 2019.

– Les transferts de fonds effectués par les MRE ont augmenté de 41,8% au premier trimestre 2021, selon l’Office des changes. Quelle est votre lecture de cette performance et comment expliquez-vous leur résilience face à la crise ?

Malgré la persistance de la crise sanitaire et les restrictions qui lui incombent, les recettes MRE ont vu leur résilience confirmée durant le premier trimestre de l’année en cours, enregistrant un taux de croissance record par rapport à la même période l’année dernière (+41,8%).

Trois hypothèses pourraient expliquer cette performance. Premièrement, le caractère permanent et fréquent de ces transferts en raison de la proximité familiale qui existe entre les expéditeurs et les bénéficiaires de ces fonds. En effet, selon une étude de Bank Al-Maghrib (BAM) et de la Banque Mondiale (BM), 83% des bénéficiaires interrogés sont des membres de la famille proche des expéditeurs.

Deuxièmement, la fermeture des commerces et des lieux de loisirs dans les pays émetteurs a pu engendrer une baisse de la part du revenu réservée à la consommation au profit de la part envoyée aux proches dans le pays d’origine.

Enfin, l’arrêt de la circulation des personnes, causé par la fermeture des frontières extérieures, a probablement contribué au recul des canaux de transferts informels au profit des canaux formels. C’est une hypothèse défendue par la banque mondiale dans son rapport intitulé: “Migration and Development Brief 34”.

– Comment voyez-vous l’évolution de ces transferts à l’avenir ?

Bien qu’il soit peu probable que la croissance des transferts MRE se maintienne au même niveau que le premier trimestre, ces derniers resteront résilients et continueront leur évolution pour enregistrer une augmentation annuelle de 7,1% en 2021 et 7,6% en 2022, selon les projections du FMI.

Par ailleurs, il est important d’améliorer la capacité du Royaume à attirer ces fonds en les intégrant dans le circuit financier.

Cela passe par l’inclusion financière et la généralisation des instruments permettant la baisse des coûts, à l’image du “Mobile Banking”.

Il existe des initiatives de la sorte qui voient le jour dans notre pays et qui contribueront sans doute à améliorer les services financiers offerts à la diaspora marocaine, ce qui devrait booster les transferts des MRE dans les années à venir.

Voir aussi:

Le dirham recule de 1,75% face au dollar

Hicham Louraoui

Hausse du chiffre d’affaires du secteur des assurances en 2017

admin-hakim

Abu Dhabi: MASEN au Sommet sur l’énergie du futur

admin-hakim